A l’heure où la vaccination est de mise pour obtenir le précieux pass vaccinal, les femmes enceintes restent sous-vaccinées alors même qu’elles présentent des risques accrus de développer une forme grave de la Covid-19. Une étude sur la vaccination des femmes enceintes en France, menée par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE a souhaité décrypter les raisons de ce phénomène. Zoom sur les conclusions de ce travail.
Les femmes enceintes : encore trop peu vaccinées contre la Covid-19
La vaccination contre la Covid-19 est recommandée pour toutes les femmes, particulièrement les femmes enceintes ou souhaitant tomber enceintes. Elle réduit en effet le risque de formes graves de la maladie tout en aidant à protéger la mère et l’enfant pendant la grossesse. Depuis le mois d’avril dernier, l’accès aux vaccins à ARNm est d’ailleurs prioritaire pour les femmes enceintes, à partir du deuxième trimestre de grossesse.
À savoir ! Depuis le 21 juillet 2021, le Conseil d’orientation stratégique de la stratégie vaccinale propose que la vaccination des femmes enceintes soit possible dès le premier trimestre de la grossesse pour celles qui le voudraient.
Jusqu’à présent, les études menées sur le sujet n’ont pas montré d’impact négatif des vaccins à ARNm sur le bon déroulement de la grossesse. A contrario, des femmes enceintes non vaccinées ont présenté des formes sévères de Covid-19 dont certaines ont entraîné des séjours en soins critiques, avec intubations trachéales et décès de la mère pendant la grossesse. La grossesse semble pourtant constituer un frein à la vaccination vu qu’au 6 janvier 2022, 29,8 % de femmes enceintes n’avaient reçu aucune dose de vaccin contre la Covid-19 et que près de 40% des femmes enceintes n’avaient pas reçu deux doses de vaccin.
À savoir ! Une femme enceinte non vaccinée présente 22 fois plus de risques d’accoucher prématurément, 18 fois plus de risques de se retrouver en réanimation, 2,8 fois plus de risques d’avoir un enfant mort in utero et 5 fois plus de risques de voir son enfant admis en réanimation.
Dans ce contexte, et fort de ses précédents travaux sur la vaccination contre la Covid-19, le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE, a mené une étude sur la vaccination des femmes enceintes en France. L’objectif consistait à décrypter les facteurs influençant la sous-vaccination de cette catégorie de population.
Des facteurs influençant la sous-vaccination des femmes enceintes
Il ressort de cette étude qu’au 6 janvier 2022, certains facteurs influençaient le taux de non-vaccination des femmes enceintes :
- L’âge : avec 41,3 % des femmes enceintes les plus jeunes (15-24 ans) non vaccinées.
- Le trimestre de grossesse : avec 41,7 % de non vaccination chez les femmes dans leur dernier trimestre de grossesse, contre 21% chez les femmes dans le 1er trimestre et 26,8% chez les femmes dans le 2nd trimestre de grossesse.
- La commune d’habitation : avec 34,3 % des femmes enceintes résidant dans des communes défavorisées non vaccinées, contre 21,9 % de non-vaccination dans les communes les plus favorisées.
- La région d’habitation : avec des disparités interrégionales importantes. Les régions d’outre-mer, Provence Alpes Côte-d’Azur et la Corse enregistrant la plus forte proportion de femmes enceintes non vaccinées.
Face à ces résultats, l’Assurance Maladie et l’État exhortent plus que jamais les futures mères à se faire vacciner dans leur intérêt et celui de leur enfant.
De la nécessité de sensibiliser sur l’importance de la vaccination
Si des actions avaient déjà été mises en place pour inciter les futures mères à se faire vacciner, elles sont aujourd’hui renforcées pour protéger la santé des femmes et de leurs bébés. Information et sensibilisation : tels sont les maîtres-mots de cette nouvelle campagne menée auprès du public et des professionnels de santé.
C’est ainsi que pour les femmes enceintes disposant d’un compte Ameli, l’Assurance Maladie prévoit de leur faire parvenir dès le 4e mois de grossesse une notification les incitant à la vaccination et dès le 6e mois, un e-mail de rappel sur l’importance de la vaccination pendant la grossesse. Quant aux femmes enceintes ne disposant pas de compte Ameli, elles ne seront pas oubliées puisqu’elles recevront des courriers entre leur 4e et 7e mois de grossesse.
L’Assurance Maladie compte déployer d’autres initiatives s’intégrant dans un plan d’action plus global piloté par l’Etat :
- Publications d’actualités sur le site Ameli relatives à l’importance de la vaccination pour les femmes enceintes avec un relais sur les réseaux sociaux
- Envoi de messages aux professionnels de santé libéraux en charge du suivi de ces grossesses (gynécologues, sages-femmes, médecins et pharmaciens).
- Poursuite de l’action des CPAM avec les ARS pour faciliter la vaccination à domicile des femmes enceintes.
Enfin, le ministère des Solidarités et de la santé met à disposition des personnes désireuses d’en savoir plus sur la vaccination des femmes enceintes une série de courtes interviews du Professeur Alain Fischer. Ces vidéos sont disponibles sur sa chaîne YouTube.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Sous-vaccination des femmes enceintes contre le Covid-19 : les autorités sanitaires renforcent la sensibilisation de ce public et des professionnels de santé. ansm.sante.fr. Consulté le 20 février 2022.
– Les femmes enceintes non vaccinées présentent des risques de développer une forme grave du Covid-19 ameli.fr. Consulté le 20 février 2022.