Epidémie de Covid-19 : Masques recyclés ou en tissu : quelle efficacité ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 15 avril 2020

Depuis plusieurs semaines, les stocks de masques de protection fondent aussi vite que l’épidémie de Covid-19 se propage au sein de notre pays. Qu’il s’agisse de masques chirurgicaux ou FFP2, ils doivent en effet être jetés après quelques heures d’utilisation. Alors que le gouvernement cherche à relancer des productions massives, les scientifiques explorent d’autres pistes. Un consortium de médecins et d’industriels s’est en effet monté pour étudier la question du recyclage des masques usagés dans l’objectif d’éviter une éventuelle pénurie. Quant aux particuliers, certains se lancent dans la fabrication artisanale de leurs propres masques en tissu.

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Des masques de protection en stocks limités

Les masques chirurgicaux et les masques FFP2 sont des masques à usage unique qui doivent être jetés après seulement quelques heures d’utilisation.

À savoir ! Le masque chirurgical vise à éviter la projection de sécrétions des voies aériennes par celui qui le porte. Quant au masque FFP2, il protège celui qui le porte contre les risques d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie aérienne.

Alors que l’épidémie ne cesse de progresser et que le gouvernement cherche à relancer au plus vite des productions nationales de masques de protection, les scientifiques explorent d’autres pistes. Un consortium de médecins et d’industriels s’est en effet monté pour étudier la question du recyclage sans risque des masques usagés. L’objectif affiché est double :

  • Eviter une éventuelle pénurie en milieu hospitalier.
  • Permettre à chaque citoyen de porter un masque chirurgical afin de se protéger et de protéger son entourage.

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Plusieurs traitements de masques usagés au banc d’essai

Recycler un masque de protection implique de mettre sur pied un traitement efficace capable d’en éliminer la charge virale après une première utilisation tout en maintenant son niveau de performance.

Différentes équipes de scientifiques ont donc envisagé plusieurs types de traitements des masques usagés :

  • le traitement par irradiation (rayons gamma et bêta).
  • le traitement thermique (avec étude de différents paramètres comme la chaleur sèche, la chaleur humide, chaleur humide sous pression).
  • le traitement chimique (à l’oxyde d’éthylène).

Entre collecte de masques usagés, essais d’irradiation, analyse des conséquences d’une irradiation des masques, test des performances après traitement et test de l’efficacité de désinfection sur les bactéries, il s’agit d’un travail d’évaluation laborieux mis en œuvre pour chaque piste envisagée. L’impact du lavage sur les performances des masques a également été étudié par les scientifiques.

Les premiers résultats rapportés par le consortium font état d’une efficacité variable selon le type de masque :

  • Pour les masques chirurgicaux : performances conservées après un lavage jusqu’à 95°C. Très bons résultats observés avec les rayons gamma.
  • Pour les masques FFP2 : conservation des performances après traitement à l’oxyde d’éthylène. Par de conservation des performances après traitement aux rayons gamma.
  • Destruction très efficace par la chaleur sèche à 70 °C d’une charge virale calibrée déposée sur des masques chirurgicaux et FFP2.

Prochaine étape pour les chercheurs ? Définir pour les deux types de masque la meilleure méthode de traitement et procéder à des études croisées afin de s’assurer que les masques décontaminés préservent leur qualité. Tout l’enjeu sera de transposer la méthode choisie à grande échelle pour le grand public, les professions exposées voire les professionnels de santé en cas de forte pénurie.

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Masques en tissu : quel intérêt ?

Mais face à la pénurie actuelle de masques FFP2 et chirurgicaux, certains se lancent dans la confection de leurs propres masques en tissu à l’aide de fil à coudre et d’élastiques.

À savoir ! L’Association française de normalisation (Afnor) a publié un guide de fabrication de son propre masque. Ce mode d’emploi s’adresse aux professionnels et aux amateurs. Il comprend la liste des matériaux à utiliser ainsi que des schémas et des patrons.

Si de tels masques en tissu ne permettent pas de se protéger efficacement d’une contamination virale, les porter crée néanmoins une barrière permettant de limiter les projections de gouttelettes. Ce qui aide ainsi à freiner la propagation du virus. D’après le docteur Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France, « Quel que soit le type du masque, c’est toujours beaucoup mieux que de ne pas avoir de masque. Le masque est vraiment l’outil barrière de protection le plus efficace disponible dans la vie quotidienne ».

D’ailleurs, le gouvernement a annoncé la production par une cinquantaine d’entreprises françaises de nouveaux masques dits « alternatifs ». Homologués, ils sont destinés aux professionnels exposés au public (policiers, hôtesses de caisses…) et filtrent au moins 70% des particules de 3 micromètres.

Dans tous les cas, porter un masque implique une grande précaution d’utilisation pour éviter tout risque de contamination :

  • Porter le masque sur une peau nue, sans cheveux ni barbe.
  • Le positionner de sorte qu’il recouvre le nez et la bouche.
  • Se laver les mains avant et après toute manipulation du masque.
  • Ne jamais toucher la face avant du masque.
  • Manipuler le masque uniquement au moyen des élastiques.

Lire aussiPas tous égaux face au Covid-19 !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Masques de protection : la piste prometteuse du recyclage. LE JOURNAL DU CNRS. Consulté le 13 avril 2020.
– Coronavirus : des pistes pour recycler les masques de protection. FUTURA SANTÉ. Consulté le 13 avril 2020.
– Coronavirus : l’article à lire avant de fabriquer et porter un masque en tissu. FRANCE TV INFO. Consulté le 13 avril 2020.

  • LIGIER says:

    Dans le service COVID de ma clinique, les blouses « dites jetables » et les charlottes sont recyclées en machine à 60°. Cela suffirait pour tuer le virus. Par contre, une centaine de masques FFP2 sont jetés à la poubelle tous les jours.
    Un chercheur du CNRS, Olivier Terrier, aurait montré « que la chaleur sèche à 70°C détruit très efficacement une charge virale calibrée (de SARS-CoV-2) déposée sur des masques chirurgicaux et FFP2 ».  Ils seraient même réutilisables 20 fois.
    Pourquoi en serait-il différemment des masques passés dans un four ou un autoclave à 75° (comme dans un sauna) pendant 30 minutes comme je le  fais chez moi dans le four de ma cuisinière ? Je peux confirmer que les masques ne sont pas altérés.
    Ceci pourrait solutionner la pénurie dont on nous rebat les oreilles. Pourquoi n’en parle-t-on pas ?
    Jean chirurgien

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à ce sujet. Cet article traite des méthodes actuellement testées par le consortium d’experts scientifiques pour recycler les masques usagés. Car tout l’enjeu du recyclage des masques de protection consiste à mettre sur pied un traitement efficace et validé scientifiquement, capable d’en éliminer la charge virale après une première utilisation en veillant à maintenir un niveau de performance optimal. Les méthodes alternatives de nettoyage des masques ne sont donc pas l’objet de cet article qui privilégie la présentation de méthodes scientifiques. Par ailleurs, outre le risque potentiel d’accidents domestiques, ces méthodes n’ont actuellement pas démontré leur totale efficacité : passer le masque au four, même à 60°C pendant trente minutes, s’avère insuffisant pour éliminer tous les germes, une action mécanique et un rinçage étant également nécessaires pour un nettoyage correct.
      Nous vous souhaitons une belle journée.
      L’équipe Santé sur le Net

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