Cuire ses aliments avec un Airfryer : quels risques pour la santé ?

Par |Publié le : 31 décembre 2025|Dernière mise à jour : 30 décembre 2025|4 min de lecture|

D’ici la fin 2025, ce sont 40% des ménages français qui détiendront un Airfryer ou friteuse à air chaud. Malgré ses nombreux atouts, ce mode de cuisson en vogue interroge. Une étude récente pointe notamment du doigt la formation d’acrylamide, une substance potentiellement toxique. Faisons le point.

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Pourquoi un tel engouement pour le Airfryer ?

Les atouts de ce petit électroménager dont le coût varie entre 100 et 400 euros sont nombreux. Il encombre faiblement l’espace, idéal pour les personnes ayant de petits espaces cuisines, et il assure la friture des aliments avec une consommation énergétique 30% inférieure aux friteuses traditionnelles.

Ce qui séduit aussi largement les acquéreurs de airfryer, c’est le recours à une petite quantité d’huile de friture voire une absence d’huile lorsque les aliments à frire sont préhuilés.

Ces friteuses sans huile réduisent de plus de 75 % l’apport en graisses par rapport aux friteuses conventionnelles. Un argument santé de taille pour ceux qui souhaitent se régaler avec des aliments frits sans consommer une quantité importante de matières grasses saturées, associées notamment à un risque plus grand de survenue de maladies métaboliques et cardiovasculaires.

À savoir !Quand les aliments sont frits, leur densité nutritionnelle change au cours de la cuisson. L’eau qu’ils contiennent est peu à peu remplacée par les matières grasses de la friture et une partie de leurs vitamines est détruite sous l’effet de la chaleur. Autres inconvénients dans les aliments frits : l’apparition de molécules potentiellement nocives pour la santé comme l’oxydation des lipides,  l’acrylamide et  les produits de la réaction de Maillard.

En effet, contrairement aux friteuses traditionnelles, qui nécessitent une grande quantité d’huile pour obtenir un aliment croustillant, les airfryers fonctionnent par convection d’air chaud (vitesse pouvant aller jusqu’à 70 km/h), offrant ainsi une réduction importante des matières grasses (1 à 2 c. à soupe d’huile suffisent pour les pommes de terre fraiches). Dans cette petite chambre de cuisson pouvant avoir un volume de 3 litres à 10 litres selon les modèles, c’est un ventilateur ultra performant qui pousse de l’air chaud à très grande vitesse. La plage de fonctionnement du airfryer est de 30 à 250°C. Pour cuire des frites fraiches épaisses par exemple, il est recommandé une température de 180°C. Pour des frites surgelées du même calibre, on passera à 200°C.

Tous ces arguments pratiques et « healthy » ont fait tout naturellement bondir les ventes sur le territoire français : fin septembre 2025 la croissance de vente était de 25% comparée à fin septembre 2024 et finalement, ce sont 4 ménages français sur 10 qui détiendront d’ici fin 2025 un Airfryer dans leurs cuisines !

Formation d’acrylamide, une substance néfaste pour la santé

A l’université Gazi, à Ankara, dans le département nutrition et diététique, deux chercheurs ont mis en évidence la formation importante d’acrylamide lors de la cuisson des aliments riches en amidon, comme les pommes de terre, dans ce type d’appareil.

À savoir !L’acrylamide est un composé chimique qui se forme lorsque les aliments riches en amidon sont soumis à des températures élevées (au-dessus de 120 °C), en particulier lors de la cuisson à sec ou de la friture. Ce composé est suspecté d’être cancérogène et de favoriser la survenue de maladies cardiovasculaires, ce qui en fait un sujet de préoccupation pour la santé publique.

Cette étude a mis en évidence que les frites préparées dans une friteuse sans huile contenaient une quantité moyenne d’acrylamide de 12 µg/kg, contre 9 µg/kg pour les frites cuites dans une friteuse traditionnelle.

Cette augmentation de la formation d’acrylamide avec le mode airfryer peut s’expliquer par le mode de cuisson, le temps de cuisson ou les températures de cuisson.

D’autres études doivent être réalisées pour comprendre les mécanismes physiques et chimiques entrainant une formation en plus grande quantité d’acrylamide dans le airfryer comparativement à un mode de friture classique en bain d’huile.

Les auteurs soulignent notamment que la température dans l’airfryer dépasse celle de la friture en bain d’huile, ce paramètre pourrait expliquer l’activation accrue de la réaction chimique à l’origine de la formation de l’acrylamide.

Comment réduire la part d’acrylamide dans ses fritures ?

Pour aller plus loin, les chercheurs se sont aussi interrogés sur l’effet du prétraitement des pommes de terre. Autrement dit, quel seraient les impacts s’ils procédaient, avant cuisson, à l’airfryer, à un simple lavage des pommes de terre ou à un trempage dans de l’eau ?

Les résultats observés permettent d’affirmer que le trempage des pommes de terre avant cuisson, pendant 15 à 30 minutes, apparaît comme une mesure simple et efficace pour réduire la formation d’acrylamide, quel que soit le mode de cuisson.

Au-delà de ce trempage de pomme de terre, plusieurs recommandations permettent de réduire la part d’acrylamide dans les produits frits :

  • La température idéale pour éviter une forte production d’acrylamide se situe entre 140 °C et 160 °C. Les cuissons plus douces et plus longues seront à favoriser ;
  • Si l’aliment est très doré ou très bruni, cela est synonyme d’acrylamide en plus grande quantité. Un conseil : retirer les aliments dès qu’ils sont dorés ;
  • L’acrylamide est formé à partir de l’amidon. Choisir donc des pommes de terre à faible teneur en amidon (pommes de terre nouvelles, certaines variétés bios comme les rattes et les grelots).

Retenons que d’une part, la présence d’acrylamide peut discriminer les friteuses sans huile et d’autre part, l’excès de graisses saturées peut être une raison de mettre de côté la friteuse traditionnelle.

Pour réduire son exposition à l’acrylamide et aux matières grasses, l’idéal est de varier ses modes de cuisson (eau, vapeur, cuisson douce au four). Et surtout de contrôler, en fréquence et en quantité, sa consommation d’aliments frits. Manger des fritures doit rester évidemment un plaisir occasionnel pour les papilles !

Sources
– Acrylamide formation in air-fried versus deep and oven-fried potatoes. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 1er décembre 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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