Dépistage du cancer colorectal : 10 idées reçues passées au crible
Chaque année en France, plus de 43 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués. Pourtant, cette maladie peut être évitée ou prise en charge plus efficacement si elle est détectée à temps. Le test de dépistage, simple et gratuit, reste trop peu utilisé. Le Dr Isabelle Rosa, Présidente de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) et cheffe du service d’hépato-gastro-entérologie du CHI de Créteil, répond aux idées reçues les plus courantes.
1. Le cancer colorectal ne concerne que les personnes âgées
❌ Faux.
S’il est vrai que le risque augmente avec l’âge, ce cancer n’est pas réservé aux seniors. « On observe de plus en plus de diagnostics chez des personnes de moins de 50 ans, parfois sans facteur de risque connu », souligne le Dr Rosa. Ce phénomène inquiète les spécialistes. Il montre que le dépistage et la vigilance ne doivent pas se limiter à une tranche d’âge.
2. Le dépistage est réservé aux personnes ayant des antécédents ou des symptômes
❌ Faux.
Le test de dépistage s’adresse à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans, même si elles sont en parfaite santé. « Ce test est destiné à détecter précocement des anomalies avant même l’apparition de symptômes », précise la gastro-entérologue. Les personnes présentant un risque élevé (antécédents familiaux, maladies inflammatoires…) bénéficient d’un suivi personnalisé, souvent plus précoce.
3. Le test de dépistage est compliqué à faire
❌ Faux.
Rien de plus simple : le test se réalise à domicile en quelques minutes, sans douleur. Il consiste à prélever un petit échantillon de selles à l’aide d’un dispositif fourni dans le kit, puis à l’envoyer par la poste. « Le test est bien expliqué, et tout est prévu pour que ce soit hygiénique et facile à faire », rassure le Dr Rosa. Pourtant, la gêne liée au sujet ou la peur du résultat freinent encore de nombreuses personnes.
4. Si le test est positif, cela signifie qu’on a un cancer
❌ Faux.
Un résultat positif ne signifie pas qu’un cancer est présent. Il indique simplement qu’il y a du sang invisible à l’œil nu dans les selles. « Ce sang peut avoir des causes bénignes, comme des hémorroïdes. Dans l’immense majorité des cas, ce n’est pas un cancer. » Ce résultat justifie néanmoins une coloscopie pour comprendre l’origine du saignement.
5. La coloscopie est un examen douloureux et lourd
❌ Faux.
L’idée que la coloscopie est pénible est très répandue, mais fausse. « L’examen est pratiqué sous anesthésie générale, il est donc indolore », explique le Dr Rosa. Il dure entre 20 et 30 minutes. Surtout, il permet de visualiser la paroi du côlon en détail et, si nécessaire, de retirer immédiatement des polypes susceptibles d’évoluer vers un cancer. C’est à la fois un examen diagnostique et un geste thérapeutique.
6. Le dépistage permet d’éviter d’avoir un cancer colorectal
✅ Vrai.
Le cancer colorectal ne survient pas brutalement. Il se développe souvent lentement, à partir de petits polypes bénins. « Grâce au dépistage, on peut détecter ces polypes précancéreux et les retirer avant qu’ils ne deviennent dangereux », explique le Dr Rosa. Ce geste simple peut ainsi empêcher l’apparition du cancer. Il ne s’agit donc pas seulement de détecter une maladie déjà présente, mais bien de l’éviter.
7. Le dépistage est entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie.
✅ Vrai.
Le test est totalement gratuit, que ce soit pour les personnes qui reçoivent le kit à leur domicile ou pour celles qui le retirent en pharmacie. « Il n’y a aucun frais, et cela ne nécessite même pas de rendez-vous chez le médecin. » Ce dispositif accessible vise à encourager un maximum de personnes à participer au dépistage.
8. Le cancer colorectal ne provoque pas de symptômes au début
✅ Vrai.
C’est l’un de ses pièges : le cancer colorectal peut évoluer de manière silencieuse pendant plusieurs années. « Beaucoup de patients ne ressentent rien jusqu’à un stade avancé de la maladie », souligne le Dr Rosa. Les symptômes (sang dans les selles, douleurs abdominales, troubles du transit…) apparaissent souvent tardivement, ce qui rend le dépistage d’autant plus essentiel pour agir à temps.
9. Le dépistage sauve des vies
✅ Vrai.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Détecté tôt, ce cancer peut être guéri dans plus de 90 % des cas. Selon les estimations, le dépistage permettrait d’éviter environ 6 500 décès chaque année en France. « C’est un outil puissant de prévention, et l’un des seuls capables de réellement faire reculer la mortalité par cancer », insiste la spécialiste.
10. Le taux de participation au dépistage reste trop bas en France.
✅ Vrai.
En France, moins de 35 % des personnes concernées participent au programme de dépistage. « C’est insuffisant pour avoir un réel impact en santé publique », déplore le Dr Rosa. Le manque d’information, les idées reçues ou encore la gêne autour du test sont autant d’obstacles qu’il faut combattre. « Il faut normaliser ce geste, en parler simplement, comme on parle du dépistage du cancer du sein ou du col de l’utérus. »
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