Détecter le pied bot dès la naissance : que peut-on faire aujourd’hui ?
Malformation fréquente du pied à la naissance, le pied bot peut aujourd’hui être repéré avant même la venue au monde. Bonne nouvelle : pris en charge à temps, il n’empêche en rien une vie normale.

En France, plus d’un pied bot sur deux est diagnostiqué avant la naissance grâce aux échographies. « On a déjà des alertes dès la deuxième échographie, au deuxième trimestre de grossesse », explique le Dr Alice Fassier, chirurgienne orthopédique aux Hospices Civils de Lyon (HCL). Toutefois, la détection n’est pas systématique : « Ce n’est pas évident d’arriver à voir les pieds, et tout dépend aussi de la position du fœtus. »
Lorsque le pied bot est suspecté en prénatal, les futurs parents peuvent bénéficier d’une consultation avec un chirurgien orthopédiste pour anticiper les étapes du traitement. « On prend le temps de leur expliquer ce qui les attend après la naissance, de répondre à leurs questions. »
Malposition ou malformation ?
Le pied bot, ou plus précisément « pied bot varus équin », est une malformation congénitale (présente dès la naissance). Elle concerne un à deux enfants sur 1 500 naissances. Le dépistage est confirmé dès la naissance par un professionnel formé : chirurgien ou kinésithérapeute. « On teste la réductibilité du pied : s’il est souple et revient facilement en position, c’est une malposition bénigne. S’il est rigide, c’est une vraie malformation. »
Un score clinique permet d’évaluer la raideur du pied : plus le score est élevé, plus la malformation est sévère.
Une prise en charge sans urgence… mais bien encadrée
Le traitement commence dans les premières semaines de vie, mais « il n’y a pas d’urgence absolue : on peut attendre deux à trois semaines après la naissance sans impact sur le pronostic. » Deux grandes méthodes coexistent en France.
La plus utilisée est la méthode de Ponseti : « Elle consiste à réaliser des plâtres en série dès les premières semaines, puis à allonger le tendon d’Achille, suivi de nouvelles immobilisations et du port d’attelles jusqu’à l’âge de 5 ans. » Portées en journée au début, les attelles ne sont ensuite utilisées que la nuit et à la sieste.
L’autre technique, dite méthode fonctionnelle (ou « French method »), repose sur des séances de kiné quotidiennes pendant plusieurs mois, suivies souvent d’une chirurgie plus lourde à l’âge d’un an. « Cette méthode reste efficace si elle est pratiquée par une équipe formée. L’essentiel est de faire confiance à l’équipe en charge. »
Et après ?
Même si quelques séquelles restent visibles — un mollet plus fin, un pied légèrement plus petit —, les enfants traités mènent une vie tout à fait normale. « Ils marchent à l’âge habituel, peuvent faire tous les sports, y compris à un bon niveau. Ce ne sera peut-être pas le saut en hauteur, mais cela ne pose aucun souci pour le football ou la danse. »
Le pied bot peut parfois avoir une origine héréditaire. « Si un parent ou un frère en a eu un, le risque augmente, mais cela reste relativement rare. » Dans la majorité des cas, on parle de forme idiopathique : « On ne connaît pas encore l’origine exacte. »
Une prise en charge accessible à tous
En France, tous les enfants atteints de pied bot ont accès à un traitement efficace. Même dans les cas de diagnostic tardif ou de situations complexes, les résultats restent très satisfaisants. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si le traitement commence un peu plus tard, par exemple chez les grands prématurés ou les enfants hospitalisés pour d’autres pathologies. »
Le dernier mot revient au Dr Fassier : « Faites confiance à l’équipe qui prend en charge votre enfant. Elle saura choisir la meilleure méthode selon votre situation. »
Cet article vous a-t-il été utile ?
