Fausse couche : Certains antibiotiques pointés du doigt !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 24 mai 2017

Selon les estimations, les fausses couches touchent près de 15 % des femmes enceintes. Souvent spontanées, il est souvent difficile de déterminer leurs causes précises. Une récente étude cible certains antibiotiques, administrés durant les premières semaines de grossesse. Santé Sur le Net vous dévoile ces résultats inédits.

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Les fausses couches spontanées

Une fausse couche est une interruption spontanée de la grossesse, qui survient au cours des cinq premiers mois (soit avant la 22ème semaine d’aménorrhée, qui correspond à la date de viabilité du fœtus). Elle se manifeste généralement par des symptômes caractéristiques :

  • Des douleurs abdominales ou pelviennes, rappelant parfois des douleurs de règles, ou encore des douleurs dans le bas du dos
  • Des saignements vaginaux plus ou moins importants, irréguliers ou ininterrompus, de couleur brunâtre ou au contraire rouge vif
  • Une expulsion par le vagin de tissus brunâtres ou de caillots de sang.

A noter ! L’apparition de saignements vaginaux en début de grossesse ne témoigne pas systématiquement d’une fausse couche. Ces saignements surviennent chez près de 25 % des femmes enceintes, le plus souvent sans aucune conséquence sur la suite de la grossesse.

Selon les situations, plusieurs types de fausses couches sont considérés :

  • La fausse couche précoce, la plus fréquente, concerne près de 10 % des grossesses et survient au cours du premier trimestre (avant la 14ème semaine d’aménorrhée) ;
  • La fausse couche tardive affecte moins de 1 % des grossesses et survient entre 14 et 22 semaines d’aménorrhée ;
  • La fausse couche isolée, lorsque la femme enceinte a connu une seule fausse couche puis des grossesses normales ;
  • Les fausses couches à répétition, si la femme enceinte présente au moins trois fausses couches précoces consécutives. Entre 1 et 5 % des femmes seraient dans cette situation.

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Les causes des fausses couches

Dans la grande majorité des cas, la fausse couche est isolée et n’a aucune incidence ni sur la santé de la femme enceinte, ni sur ses futures grossesses. La cause précise de la fausse couche est alors rarement recherchée, mais le plus souvent elle est due à une anomalie de développement du fœtus. Des anomalies chromosomiques pourraient interrompre le développement normal du fœtus et entraîner son expulsion.

En revanche, dans le cas des fausses couches à répétition, un bilan médical est nécessaire pour rechercher l’origine de ces évènements. Parmi les causes les plus fréquemment retrouvées, citons :

  • Des anomalies génétiques ;
  • Des anomalies chromosomiques ;
  • Des troubles hormonaux ;
  • Certaines maladies chroniques (diabète, maladies de la thyroïde) ;
  • Des problèmes gynécologiques :
    • Une anomalie utérine (utérus cloisonné, synéchies utérines (adhérences cicatricielles, fibrome utérin, …) ;
    • Des ovaires micropolykystiques ;
  • L’obésité ;
  • Le tabagisme ;
  • Une consommation excessive d’alcool ;
  • L’exposition à des pesticides.

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Des antibiotiques potentiellement en cause en cas de fausse couche ?

Mais d’autres facteurs pourraient-ils être à l’origine d’une fausse couche ? Récemment, des chercheurs canadiens ont étudié, entre 1998 et 2009, le lien entre la prise d’antibiotiques en début de grossesse et le risque de fausse couche avant 20 semaines d’aménorrhée.

Leurs résultats mettent en évidence que cinq classes d’antibiotiques, fréquemment prescrits, pourraient être associés à un risque accru de fausse couche :

  • L’azithromycine et le métronidazole augmentent le risque de fausse couche respectivement de 65 et 70 % ;
  • La clarithromycine, les sulfonamides, les quinolones et les tétracyclines entraînent un doublement du risque de fausse couche.

La nitrofurantoïne n’entraîne pas d’augmentation du risque de fausse couche et serait donc à privilégier pour traiter les infections urinaires en début de grossesse. De même, les pénicillines et les céphalosporines n’ont pas d’effet sur le risque de fausse couche et peuvent être utilisées pour traiter un grand nombre d’infections chez la femme enceinte.

Les auteurs soulignent que ces résultats ne doivent surtout pas entraîner l’arrêt des prescriptions d’antibiotiques dans les situations où ils sont nécessaires. Des études ont en effet démontré que leur usage réduit le risque de prématurité et de faible poids à la naissance. Mais certaines classes d’antibiotiques devraient être évitées autant que possible, pour privilégier des médicaments sans impact sur le risque de fausse couche. Les recommandations de prescription d’antibiotiques chez la femme enceinte pourraient prochainement évoluer pour prendre en compte ces nouveaux résultats.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Fausse couche. AMELI Santé. Mis à jour le 23 avril 2015.
– Use of antibiotics during pregnancy and risk of spontaneous abortion. Muanda Flory T. and al. 2017. CMAJ 189(17): E625-E633. doi: 10.1503/cmaj.161020.
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