Le soleil refait son apparition et avec lui revient le risque des premiers coups de soleil. Les dermatologues recommandent de se protéger des rayons du soleil, surtout lors des premières expositions en début de saison. Mais les crèmes solaires sont-elles inoffensives ? Une étude de 2019 suggère que les filtres UV qu’elles contiennent pourraient pénétrer dans l’organisme.
Des crèmes solaires à la circulation sanguine
Si les crèmes solaires occupent une place de choix dans l’arsenal de protection contre les dangers du soleil, elles suscitent de plus en plus d’inquiétudes sur leur composition. En effet, ces produits cosmétiques renferment différents ingrédients, dont certains sont suspectés d’avoir des effets nocifs sur la santé. Les filtres UV, justement incorporés dans les crèmes solaires pour faire barrière aux rayonnements UV, sont parmi les substances les plus ciblées par ces critiques.
Dans ce contexte, des chercheurs ont mené une étude sur 24 personnes en bonne santé (autant de femmes que d’hommes, âge moyen de 35,5 ans). Tous les participants ont été répartis aléatoirement dans quatre groupes pour effectuer un test d’exposition à un produit choisi parmi 4 produits solaires :
- Deux sprays ;
- Une lotion ;
- Une crème.
Tous les produits solaires testés renfermaient au moins 4 filtres UV organiques, dont :
- L’octocrylène, considéré comme allergène ;
- L’oxybenzone ;
- L’écamsule ;
- L’avobenzone, actuellement considéré comme le filtre UV le moins toxique du marché.
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Des concentrations sanguines supérieures aux doses potentiellement toxiques
Dans cette étude, l’application des produits solaires a été réalisée sur 75 % de la surface du corps, à raison de 4 applications par jour pendant 4 jours. Il faut noter que les participants n’étaient pas exposés au soleil pendant l’étude et que plus de la moitié d’entre eux avaient un phototype de 5 ou 6. Les 4 filtres UV étudiés ont été dosés dans le sang des participants sur une période de 7 jours.
Quel que soit le produit solaire utilisé, les participants présentaient des concentrations sanguines en filtres UV supérieures à 0,5 ng/ml dès le premier jour d’application (seuil au-dessus duquel les autorités sanitaires américaines recommandent d’effectuer des études de toxicité). Ces concentrations se maintenaient pendant les 4 jours d’application, puis pendant les 7 jours de suivi, sauf pour la crème solaire.
Tous les filtres UV étaient présents dans le sang des participants, à des concentrations variables selon les substances :
- En moyenne 4,0 ng/ml pour l’avobenzone ;
- 209,6 ng/ml pour l’oxybenzone ;
- 2,9 ng/ml pour l’octocrylène ;
- 1,5 ng/ml pour l’écamsule.
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Se protéger du soleil reste une nécessité
Cette étude révèle que les filtres UV organiques présents dans les produits solaires peuvent pénétrer dans l’organisme et se retrouver dans la circulation sanguine. Si pour certains filtres, des effets nocifs sur la santé ont d’ores et déjà été démontrés, pour d’autres aucune donnée n’est disponible sur leur éventuelle toxicité.
Des études complémentaires seraient donc nécessaires pour mieux connaître les effets des filtres UV sur la santé. En attendant, de tels résultats ne doivent pas inciter à se passer de protection solaire. En effet, les dangers du soleil sans protection n’ont plus à être démontrer !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie