Frénotomie linguale du nourrisson, le frein de langue doit être préservé au maximum

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Rédigé par Estelle B. et publié le 29 avril 2022

D’après les estimations, environ 10 % des nourrissons naissent avec un frein de langue trop court ou épais, qui peut parfois compliquer la poursuite de l’allaitement maternel. Depuis quelques mois, plusieurs experts et sociétés savantes s’inquiètent d’une augmentation de frénotomie linguale dans plusieurs pays occidentaux. Une intervention qui devrait rester exceptionnelle. Explications.

maman avec son nourrisson

Frein de langue et frénotomie linguale

Après la naissance, certains nourrissons présentent un frein de langue très serré, trop court. Dans certaines situations, cette particularité anatomique peut nécessiter la réalisation d’une petite intervention chirurgicale, appelée la frénotomie linguale. La frénotomie linguale consiste à sectionner le frein de langue et est effectuée majoritairement chez les nourrissons ou les jeunes enfants. L’objectif de cette intervention est de réduire les conséquences à court, moyen ou long terme d’un frein de langue anormal :

  • Des troubles de l’alimentation (notamment des difficultés lors de l’allaitement ;
  • Chez l’enfant plus grand, des troubles du langage ou des problèmes de croissance maxillo-dentaire ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Des troubles digestifs.

La frénotomie linguale est pratiquée en maternité sur les nourrissons depuis de nombreuses années. Mais les experts observent depuis quelques années une forte augmentation de cette pratique chirurgicale dans plusieurs pays occidentaux, dont la France. En Australie par exemple, le nombre d’interventions a augmenté de 420 % en une dizaine d’années. Une situation qui amène les sociétés savantes à se positionner.

L’ankyloglossie à retentissement important, seule indication de la frénotomie linguale

Pourtant, il existe déjà des recommandations nationales et internationales sur la frénotomie linguale, qui n’est indiquée qu’en cas d’ankyloglossie à retentissement fonctionnel important. L’ankyloglossie est une anomalie congénitale, qui correspond à une limitation des mouvements de la langue des suites d’un frein restrictif, très antérieur et/ou trop épais. Ainsi, le premier problème réside dans le manque de définition anatomique claire et consensuelle pour les freins de langue et l’ankyloglossie.

Actuellement, le diagnostic de l’ankyloglossie ne repose donc pas sur des critères anatomiques, mais sur des critères fonctionnels, tels que :

  • Des problèmes de succion ;
  • Des douleurs du mamelon chez la mère ;
  • Un arrêt précoce de l’allaitement.

Par ailleurs, les preuves scientifiques manquent aussi pour démontrer le lien entre l’ankyloglossie et certaines pathologies du nouveau-né (reflux gastro-œsophagien, apnées du sommeil, coliques du nourrisson, troubles du langage, …) et pour confirmer l’intérêt de la frénotomie linguale dans certaines situations cliniques.

Cinq recommandations pour freiner le rythme des interventions

Dans ce contexte, l’Académie Nationale de Médecine vient de formuler cinq recommandations aux professionnels :

  • En l’absence de difficultés d’allaitement, la seule présence d’un frein de langue court et/ou épais ne suffit pas à indiquer une frénotomie ;
  • En cas de difficultés d’allaitement, il est nécessaire d’évaluer l’état de santé de l’enfant et définir anatomiquement son frein de langue ;
  • La frénotomie aux ciseaux n’est réservée qu’à certaines situations, après échec des autres mesures visant à préserver le frein de langue ;
  • Des études visant à évaluer rigoureusement l’efficacité et la tolérance de la frénotomie linguale sont nécessaires ;
  • L’optimisation de la préparation à l’allaitement des futures mères et la formation des professionnels permettra d’éviter autant que possible le recours à la frénotomie linguale.

Ainsi, la frénotomie linguale doit rester une intervention chirurgicale exceptionnelle. Le médecin traitant et le pédiatre prennent la décision en concertation. Par ailleurs, une information précise des parents est nécessaire sur les risques encourus par le nourrisson, à la fois les effets secondaires (hémorragie, lésion tissulaire, obstruction des voies respiratoires, refus de tétée, aversion orale, survenue d’une infection) et les risques de récidives et d’impact sur l’allaitement.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Coup de frein à la frénotomie linguale chez les nouveau-nés et les nourrissons ! academie-medecine.fr. Consulté le 26 avril 2022.
– Frein de langue: que faire ? Attention aux sections pratiquées inutilement. DOCTEUR ARNAULT PFERSDORFF. pediatre-online.fr. Consulté le 26 avril 2022.
  • Séguin, Renaud says:

    Bonjour,
    Mon commentaire n’en ai pas vraiment un.
    J’aimerais simplement avoir accès à votre nom complet car je compte utiliser l’un de vos article pour un travail de recherche.
    Je vous remercie à l’avance.

    PS.: Juste au cas où, c’est le nom complet de Estelle B., Docteur en pharmacie que j’aimerais. Merci encore

    Reply
    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,

      Merci de faire confiance à Santé sur le Net pour trouver des informations sur votre santé. Nous vous remercions pour votre commentaire ! Nous essayons de faire au mieux pour vous délivrer une information de qualité, fiable et compréhensible. Nous sommes donc heureux que vous utilisez un de nos articles pour votre travail de recherche. Cependant, nous ne sommes pas en mesure de dévoiler les noms des rédacteurs, pour des raisons de sécurité.

      Nous vous remercions de votre compréhension et souhaitons une très bonne journée !
      L’équipe Santé sur le net.

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