L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et l’UNICEF recommandent aujourd’hui de pratiquer un allaitement maternel exclusif pendant 6 mois puis de continuer celui-ci pendant 2 ans, avec une alimentation complémentaire. Ces recommandations, souvent connues des femmes, ne sont pourtant pas ou peu suivies. Une nouvelle étude intégrant des aspects évolutifs, comparatifs et anthropologiques apporte de nouvelles connaissances sur les pratiques et les problèmes de l’allaitement.
Les recommandations de l’OMS et leur suivi en France
Pour l’OMS, l’allaitement maternel est aujourd’hui l’un des moyens les plus efficaces de préserver la santé de l’enfant. Pratique universelle, l’allaitement exclusif des nourrissons de moins de 6 mois ne serait pratiqué qu’à hauteur de 40% au niveau mondial. L’OMS, qui promeut un allaitement exclusif jusque 6 mois et sa continuation pendant deux ans, avec une alimentation complémentaire adaptée en rappelle les bénéfices : il protège les enfants des maladies infantiles, permet de réduire un risque de grossesse en assurant une méthode contraceptive relative, protège des maladies à l’âge adulte tels que l’hypercholestérolémie ou le diabète. Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques : « Si la pratique de l’allaitement a beaucoup progressé depuis les années 1990, elle est stable depuis une dizaine d’années et se situe à un niveau inférieur à celui de nombreux pays voisins. » Selon les derniers chiffres, l’allaitement serait pratiqué à 68,1 % en 2016, contre 66 % en 2013. Par ailleurs « Le sevrage en France apparaît très précoce et continu dans le temps. »
Les données sociologiques indiquent également que l’allaitement est le plus fréquent parmi les femmes de 30 ans ou plus, diplômées et de catégorie socioprofessionnelle supérieure ou ayant suivi une préparation à la naissance. Il est enfin moins pratiqué chez les femmes qui fument.
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De nouvelles approches pour améliorer l’initiation et le maintien de l’allaitement
Pour les chercheurs de cette étude, une mauvaise compréhension de la nature dynamique de l’allaitement maternel peut expliquer le mauvais suivi des recommandations de l’OMS. En effet, faire passer le même message à toutes les femmes ne permet pas de prendre en compte les caractéristiques individuelles, les modes de vies, les situations sociales de ces femmes allaitantes. Ainsi, les auteurs de l’étude s’adressent aux professionnels de la santé, chercheurs et décideurs politiques en identifiant trois axes de réflexion :
- L’allaitement est un processus d’adaptation qui varie selon les mères : il n’est donc pas possible de standardiser cette pratique. De plus, une approche globale est assez contre intuitive.
- L’allaitement est une période de tension entre la mère et son enfant, qui doit être comprise, afin de pouvoir adopter une approche plus flexible et individualisée, dans le cas notamment d’une insuffisance de lait ou de pleurs incompris du bébé.
- Enfin, dans les cultures où l’allaitement ne serait plus perçu comme une évidence, il serait intéressant d’en débuter sa promotion plus tôt chez les jeunes femmes, sans attendre nécessairement qu’elles soient enceintes.
Cette étude permet donc de mettre en évidence un fait certainement bien ressenti chez les femmes allaitantes : le processus d’allaitement est variable selon les femmes.
Ainsi, des recommandations trop standardisées pourraient avoir un effet inverse à celui recherché : exclure des femmes et penser l’allaitement comme un acte passif entre une mère et son enfant. Cette étude encourage donc les politiques en matière d’allaitement à repenser leurs messages et à prendre en considération la diversité des femmes allaitantes.
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Juliette S., Rédactrice scientifique
– ‘Optimising’ breastfeeding: what can we learn from evolutionary, comparative and anthropological aspects of lactation? BMC MEDECINE. Consulté le 5 février 2020.
– 10 faits sur l’allaitement maternel. WHO INT. Consulté le 5 février 2020.
– Les chiffres de l’allaitement en France d’après les certificats de santé. LLL FRANCE. Consulté le 5 février 2020.