Des chercheurs français se sont intéressés de près à la molécule GDF11, une molécule impliquée dans le développement embryonnaire. Contre toutes attentes, leur étude sur la souris a montré que ce facteur de croissance cellulaire possède certaines propriétés rajeunissantes. Éclairage sur l’étude parue dans la revue Aging Cell.
La GDF11 mime les effets d’une restriction calorique…
Avant de réaliser cette étude, les chercheurs se sont inspirés de deux types de travaux. Les premiers suggérant que l’injection de sang de souris jeunes à des souris âgées provoquait un rajeunissement des organes et notamment des vaisseaux sanguins du cerveau. Et les deuxièmes, ayant mis en avant que le jeûne intermittent (alternance de période de jeûne et période de prise alimentaire) permet d’améliorer les performances cognitives tout en diminuant le processus du vieillissement naturel.
En s’inspirant de ces travaux, les scientifiques de l’Unité Pasteur et du CNRS ont avancé la théorie selon laquelle la molécule GDF11 retrouvée dans le sang pouvait expliquer ces deux mécanismes de rajeunissement.
Dans leurs travaux, les chercheurs ont injecté la molécule GDF11 (Growth Differenciation Factor) à des souris âgées.
À savoir ! La protéine GDF11 est un facteur de différenciation de croissance reconnue pour avoir différents rôles dans le développement des organes y compris le système nerveux central. Des études précédentes ont montré que GDF11 réduisait les maladies cardiovasculaires, prévenait le cancer et augmentait la neurogenèse du cerveau.
Leurs analyses ont montré que les souris ont perdu du poids, sans modification de leur appétit, pendant le traitement et trois semaines après la fin du traitement.
Finalement, l’administration de GDF11 produit les mêmes effets cellulaires que ceux retrouvés pendant une restriction calorique de 20 % à 30 % des apports caloriques recommandés.
Mais comment agit la GDF 11 ? C’est au cœur des adipocytes, les cellules graisseuses, que la GDF11 stimule la sécrétion de l’adiponectine.
À savoir ! L’adiponectine est une hormone produite par le tissu adipeux. Elle régule le métabolisme des glucides et des lipides. Elle est responsable d’une perte de poids sans modification de l’appétit. Les niveaux d’adiponectine sont inversement proportionnels aux réserves de graisse dans l’organisme.
« Chez les animaux ayant reçu GDF11, nous avons également observé des niveaux élevés d’adiponectine, ce qui montre que l’administration de GDF11 entraîne des modifications métaboliques similaires à celles induites par la restriction calorique » souligne Lida Katsimpardi.
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Tout en stimulant la neurogenèse
Pendant le traitement par la molécule GDF11, les chercheurs de l’unité Perception et Mémoire de l’Institut Pasteur ont mis en évidence que les souris âgées avaient une augmentation de la production de nouveaux neurones (neurogenèse) et un remodelage de leurs vaisseaux sanguins cérébraux (angiogenèse).
Pour les chercheurs, ces résultats sont très encourageants, car il est possible d’envisager une utilisation thérapeutique de la molécule GDF11 pour traiter l’obésité et les maladies neurodégénératives.
Par ailleurs, comme l’adiponectine a de multiples effets antidiabétiques, il serait intéressant de déterminer dans quelles mesures une administration synergique de GDF11 et d’adiponectine renforcerait les effets bénéfiques sur ce trouble métabolique.
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Julie P., Journaliste scientifique