Des chercheurs de l’école polytechnique fédérale de Lausanne, ont découvert une molécule issue d’un fruit, la grenade, qui serait capable de prolonger la vie de certains animaux et qui aurait un effet « anti-vieillissement ». Les résultats surprenants de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans Nature, le 11 juillet 2016.
Vertus de la grenade : l’urolithine A
La grenade, fruit jusque-là très populaire dans l’industrie agroalimentaire du fait de ses propriétés anti-oxydantes, présente de nouvelles vertus récemment découvertes par les scientifiques :
Les chercheurs ont montré comment une molécule précurseur contenue dans la grenade, était transformée au moment de la digestion par notre flore intestinale, pour donner une seconde molécule avec des propriétés anti-vieillissement, l’urolithine A.
La clé de cette transformation est rendue possible, dans le cas de la grenade, par les bactéries constituant notre flore intestinale. Toutefois, la composition de la flore intestinale étant variable d’une personne à l’autre, la synthèse d’urolithine A à partir de la grenade peut varier considérablement d’un individu à l’autre, voire même, ne pas être possible chez les personnes ne possédant pas les bonnes bactéries. Pour y remédier, les chercheurs tentent aujourd’hui de mettre au point des méthodes de production et d’administration de l’urolithine A.
Le secret dévoilé de la grenade
Les mitochondries sont des composants cellulaires qui permettent de produire de l’énergie. Au sein d’une cellule, elles jouent un rôle « d’usines énergétiques », qui se mettent à moins bien fonctionner avec l’âge. La dysfonction de ces mitochondries entraine une fatigue et un fonctionnement altéré de nombreux tissus, comme les muscles. L’urolithine A permet le recyclage des mitochondries dysfonctionnelles et conserve les performances de la cellule. Elle pourrait donc permettre aux tissus de fonctionner correctement, plus longtemps, ce qui en ferait une « molécule de jouvence ».
D’autre part, l’accumulation de mitochondries dysfonctionnelles pourrait jouer un rôle dans les maladies liées à l’âge comme la maladie de Parkinson. L’urolithine A pourrait donc constituer une piste thérapeutique dans ces maladies.
Lire aussi – Les nouvelles technologies au service de la maladie de Parkinson
Des résultats surprenants chez l’animal
L’urolithine A a été testée chez l’animal, notamment, chez le ver C. elegans et chez le rongeur.
Pour le ver C. elegans, la durée de vie des vers exposés à l’urolithine A a été prolongée de 45% par rapport à ceux n’ayant pas bénéficié de la molécule.
Une expérience similaire réalisée chez la souris, a montré que chez des souris âgées (2 ans, correspondant à un âge avancé chez la souris), l’urolithine A permettait une endurance à la course plus élevée de 42%, par rapport aux souris témoins.
Pistes thérapeutiques chez l’Homme
Selon les chercheurs, étant donné l’effet de l’urolithine A sur deux organismes très différents qui sont le ver et le rongeur, « il serait très surprenant qu’elle ne soit pas efficace sur l’Homme ».
Des essais sont aujourd’hui en cours chez l’Homme, dans des hôpitaux européens. Cette découverte offre des pistes thérapeutiques intéressantes pour lutter contre la dégénérescence musculaire, pour aider le corps à se régénérer, ou encore pour lutter contre le vieillissement.
Lire aussi – Nouvelle percée dans la compréhension du vieillissement cellulaire
Yasmine Z., Journaliste Scientifique
Sources :
Ryu D et al. Urolithin A induces mitophagy and prolongs lifespan in C. elegans and increases muscle function in rodents. Nature. 11 juillet 2016 / DOI: 10.1038/nm.4132
La grenade révèle une puissante molécule anti-vieillissement. Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Communiqué de presse. 11 juillet 2016
Switzerland discovers Pomegranate ‘Anti-Ageing’ Effect and founds Biotech. LABIOTECH.eu
