En 2015, en France, 149 500 décès par cancer ont été estimés et 385 000 nouveaux cas ont été recensés. Les causes d’apparition de la maladie sont multifactorielles impliquant à la fois des facteurs biologiques et des facteurs liés à l’environnement et aux comportements. Une nouvelle étude scientifique avance que le hasard pourrait aussi être un facteur de risque à prendre en compte.
Des facteurs de risque à considérer à différents niveaux
Il est bien établi aujourd’hui que les cancers sont causés par des mutations dans l’ADN qui peuvent être héritées, c’est-à-dire transmises de manière héréditaire, ou induites par des facteurs environnementaux et des facteurs comportementaux. Pour l’ensemble de ces causes identifiées, le niveau de validation scientifique n’est pas forcément identique.
D’après la Ligue nationale contre le cancer, il faut hiérarchiser les différents types de facteurs de risque liés à l’apparition de cancer en fonction du nombre et de la cohérence des études scientifiques qui en ont fait l’objet.
On retrouve ainsi les facteurs qui sont prouvés, c’est-à-dire pour lesquels des études épidémiologiques ont montré une association cohérente entre le facteur étudié et la survenue de mutations dans le génome à l’origine de l’apparition du cancer. Puis, sont identifiés, les facteurs possibles, mais non prouvés, car les études épidémiologiques sont moins nombreuses et/ou présentent des contradictions. Enfin, on identifie les facteurs non prouvés, car il y a une absence de relation avec le risque d’apparition de tumeurs cancéreuses.
A savoir ! L’épidémiologie est une science qui étudie au sein des populations, la fréquence et la répartition des problèmes de santé dans le temps et l’espace, ainsi que le rôle des facteurs qui les déterminent.
Dans le cancer de la prostate, par exemple, l’âge, les antécédents familiaux et les origines ethniques sont des facteurs de risque prouvés tout comme le tabagisme dans le cancer du poumon.
Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une instance de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), classe les radiofréquences et les ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables dans la catégorie des « cancérogènes possibles ». Dans ce cas, les études épidémiologiques ne sont pas assez complètes pour montrer, de manière formelle, le lien entre exposition aux ondes électromagnétiques et tumeurs cérébrales. L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) suggère donc de prendre des précautions avec les ondes des téléphones et elle recommande aux utilisateurs assidus de se servir du kit mains libres.
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La faute à pas de chance dans l’apparition des cancers ?
Entre les facteurs de risques induits par l’environnement et ceux liés à notre patrimoine génétique, il existerait une troisième possibilité, peu considérée jusqu’à présent, à l’origine de la survenue du cancer. Celle-ci relève du hasard.
Ce facteur de risque est depuis deux ans très controversé dans le milieu de la Recherche et il est considéré comme un facteur non prouvé pour la majorité d’experts en cancérologie.
Une récente étude menée par des chercheurs de l’université John Hopkins de Baltimore aux États-Unis avance, comme en 2015, que les mutations dans la molécule d’ADN à l’origine du développement de tumeurs oncogènes peuvent également être provoquées par des erreurs aléatoires de réplication de l’ADN. En effet, pendant la réplication de l’ADN, c’est-à-dire pendant sa phase de synthèse où une molécule d’ADN donne deux molécules d’ADN identiques, il se produit des impairs hasardeux induisant pour la cellule saine, une transformation en cellule cancéreuse.
A savoir ! Dans les étapes de développement d’un cancer, il se produit dans un premier temps une lésion majeure au niveau de la molécule d’ADN d’une cellule. Puis, la cellule se transforme et prolifère en groupes de cellules cancéreuses qui se divisent de manière anarchique.
Pour mesurer la validité de leur hypothèse, les biostatisticiens américains ont observé, grâce à des études épidémiologiques réalisées dans 69 pays, le lien entre nombre de divisions cellulaires dans un organe donné et risque de survenue de mutations cancérogènes.
Résultats ? Leur modèle statistique suggère que 66% des mutations observées dans 17 types de cancers retrouvés chez l’Homme sont d’origine aléatoire et que seulement 5% pourraient être attribuées à l’hérédité et 29% à des facteurs environnementaux.
Certains scientifiques remettent en question les postulats de ces travaux qui dédouanent trop largement les facteurs induits par l’environnement ou hérités par les prédispositions génétiques. Pour eux, la corrélation entre fréquence des mutations spontanées dans un tissu et risque de cancer n’est toujours pas établie et ces travaux restent une méthode statistique très contestable pour établir un lien de cause à effets.
Pour les généticiens les plus optimistes, l’avantage de cette étude est avant tout de montrer que tous les organes ne sont pas soumis à la même fréquence de division cellulaire et que celle-ci doit impacter la sensibilité de l’organe à un facteur de risque cancérogène, qu’il soit héréditaire ou lié à l’environnement.
A ce stade, la polémique ne fait que commencer sur cette implication du « hasard » dans l’apparition de certains cancers et d’autres études sont nécessaires pour prouver son implication réelle. Un débat qui fera probablement avancer davantage notre connaissance sur les facteurs de risques impliqués dans la survenue de la maladie.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Le cancer, définition et chiffres. Ligue contre le cancer. – Consulté le 31 juillet 2017.