IA et santé mentale : quels usages et quel avenir ?
Détection précoce et aide à la décision dans les troubles psychiques et les maladies psychiatriques, médecine de précision avec recommandation de traitement personnalisé, objets connectés, agents conversationnels… l’IA se développe à grande vitesse dans le champ de la santé mentale. Où la retrouve-t-on dans le parcours de soin du patient ? Quels sont les enjeux et les défis associés ? Eclairage.
L’IA et les outils en santé mentale
Outil d’aide à la décision clinique
L’IA aide au repérage des patients susceptibles de nécessiter un suivi, en analysant des données issues de dossiers médicaux. Les avantages d’un tel outil d’aide au diagnostic sont nombreux : repérage précoce des troubles et aide précieuse aux soignants en psychiatrie qui doivent faire face à un recul des moyens humains et une hausse de la survenue d’affections psychiques dans la population générale.
A l’avenir, les modèles de langage large intégré aux agents conversationnels pourront simuler une consultation en psychiatrie. Pour ensuite orienter l’individu vers des spécialistes de la santé mentale. Citons par exemple Sanpsy qui développe un agent conversationnel dont l’objectif est de mener un entretien médical avec un patient.
Suivi personnalisé à distance
Les objets connectés, à condition qu’ils soient assimilés à des dispositifs médicaux et/ou ayant fait l’objet d’étude clinique, sont utiles pour suivre le comportement au quotidien des personnes souffrant de troubles psychiques. Ils recueillent des données telles que l’activité physique, la qualité du sommeil et la fréquence cardiaque. Ce suivi offre aux professionnels de santé des informations précieuses pour suivre l’état clinique de leurs patients et prévenir les crises, suivre l’efficacité d’un traitement ou aider à personnaliser les interventions.
Par exemple, la fréquence cardiaque, peut donner des indications aux médecins sur les périodes de stress et d’épuisement des patients.
Autre forme d’intégration de l’IA en santé mentale : l’informatique émotionnelle. Des chatbots ou agents conversationnels sont capables d’interpréter et répondre de manière empathique aux émotions de l’utilisateur, rendant l’interaction plus humaine et personnelle.
Citons par exemple l’application Kanopee qui aide les individus à gérer des problématiques affectant l’équilibre psychique telles que le stress, l’anxiété et les troubles du sommeil.
Prévention des risques de santé mentale
L’IA possède aussi un rôle de prévention en repérant les problèmes de santé psychique a un stade précoce.
À partir de prélèvements biologiques, d’IRM du cerveau, d’analyse de comportements et du langage, la plateforme PsyCHARE permet d’identifier les jeunes qui risquent de développer une psychose (schizophrénie par exemple). Elle permet ensuite d’établir la thérapie de traitement la plus adaptée aux patients.
Certains dispositifs peuvent, par exemple, veiller sur les séniors. C’est, par exemple, le cas d’Emobot, un robot capable d’analyser les expressions du visage des personnes âgées. Grâce à cette technologie, il est possible d’anticiper les troubles de l’humeur chez les patients.
Des thérapies en ligne
L’IA peut, sous forme conversationnelle, proposer des exercices adaptés aux patients. Cela peut être, par exemple, un jeu sérieux comme un jeu de rôle qui peut avoir recours à la réalité virtuelle, dans un contexte d’addiction. Le patient peut ainsi bénéficier d’une thérapie dans un contexte virtuel.
Les défis éthiques et la confidentialité
Toutefois, l’intelligence artificielle est liée à de nombreux enjeux, tels que l’éthique ou la protection des données. Aussi, doit-elle être encadrée par l’humain pour conserver ses bénéfices. Tout diagnostic en santé mentale généré par une IA doit être supervisé par un médecin psychiatre.
La collecte de données sensibles en santé mentale soulève aussi d’importants enjeux en matière de protection et de confidentialité des informations personnelles.
La France est très en pointe sur le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). On ne peut pas prendre des données cliniques humaines puis les diffuser et entraver ainsi le principe de secret médical.
Ainsi, l’utilisation de l’IA exige un cadre strict pour limiter au maximum le risque de fuites de données (cyber risque) et de manquements à la confidentialité.
L’avenir de l’IA en santé mentale
L’IA fait la promesse de révolutionner la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiatriques et psychologiques en permettant :
- Un suivi proactif des patients (détection précoce de la survenue et de l’aggravation de la maladie) ;
- Une meilleure prévention des comportements à risque ;
- Un renfort de soutien aux patients souffrant de maladies chroniques car l’IA sera disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 ;
- Pallier le manque de professionnels en santé mentale.
En surmontant les défis liés à la protection des données (RGPD et secret médical) et à la fiabilité des modèles (l’IA génératif peut tenir des discours inappropriés et réalisé des diagnostics erronés), l’IA pourra répondre aux besoins croissants en psychiatrie et offrir aux patients un meilleur accompagnement médical puisque continu, abordable et personnalisé.
Avec une supervision humaine, l’IA apparaît ainsi comme une solution prometteuse pour l’avenir de la santé mentale.
– Utilisation de l’IA en soins de santé mentale. BPIFrance. . bigmedia.bpifrance.fr. Consulté le 27 mai 2025.
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