Alors que 2 millions d’Américains souffrent d’addiction aux opioïdes, la FDA, agence américaine du médicament, annonce l’autorisation d’un implant longue durée pour la prise en charge des dépendances.
Les opioïdes, stupéfiants ravageurs
Les opioïdes sont des substances psychotropes ayant des effets similaires à ceux de l’opium, et interagissant directement avec les récepteurs morphiniques. Ils sont utilisés comme antalgiques de palier II et III dans le traitement des douleurs sévères. La morphine, la buprénorphine, le fentanyl, l’hydromorphone et l’oxycodone en sont des exemples.
Ces substances sont fréquemment utilisées chez les toxicomanes. Le stupéfiant le plus connu est l’héroïne, mais tous les médicaments de la famille des opioïdes sont malheureusement utilisés dans ce cadre. Ces drogues dures entraînent rapidement une grande dépendance. Les risques sont graves et nombreux, et le pronostic vital est mis en jeu en cas de surdosage. En France, 180 000 personnes sont dépendantes aux opiacés.
La buprénorphine est une molécule de référence dans le traitement de substitution des addictions aux opioïdes par voie orale. Mais en raison des abus et de la mauvaise observance des patients en phase de sevrage, l’implant représente une alternative de choix pour les thérapeutes.
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Les USA disent oui au Probuphine
La FDA (Food and Drug Administration) a approuvé l’utilisation du premier implant à base opioïde, le Probuphine. Ce dispositif sous-cutané de la taille d’une allumette, est conçu pour délivrer une petite quantité de buprénorphine (8mg/j) de manière continue et durant 6 mois. Titan Pharmaceuticals et Braeburn Pharmaceuticals affirment que l’implant permettra le maintien du traitement sur de longues durées.
Behshad Sheldon, à la tête de Braeburn, affirme : « Avec 78 morts par jour aux Etats-Unis dues aux opioïdes, il est important que les patients aient plus de choix dans leur prise en charge médicamenteuse ». Il souligne que « l’addiction aux opioïdes est une maladie sérieuse, qui devrait être considérée et traitée comme une maladie chronique ».
En 2013, la FDA avait refusé d’homologuer ce dispositif. Mais les dernières études cliniques ont fini par prouver son intérêt. 63% des patients traités par implant ont maintenu leur abstinence, contre 64% pour le comprimé sublingual (déjà sur le marché). L’amélioration de l’observance est l’atout de cet implant. Une fois le dispositif implanté, le patient n’a plus à se soucier de la bonne prise du médicament.
Une patientèle ciblée
Seuls les patients déjà équilibrés avec un traitement par voie orale seront éligibles. De plus, un processus global d’accompagnement devra être instauré, avec un suivi médical et psychologique, mais également socio-éducatif visant la réinsertion sociale. Il est également nécessaire de prendre en considération les opérations qui s’imposent pour installer et retirer le dispositif.
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Clémence R., Pharmacienne
Source
Braeburn Pharmaceuticals Announces FDA Approves Probuphine® (buprenorphine) Implant: The First Implant for Treatment of Opioid Dependence, PRNewswire, Benziga, 26 mai 2016
Titan Pharmaceuticals and Braeburn Pharmaceuticals Announce FDA Advisory Committee Recommends Approval of Probuphine, First 6-Month Implant to Treat Opioid Addiction, Braeburn Pharmaceuticals, 12 janvier 2016
Un implant pour soigner l’addiction aux opiacés autorisé aux Etats-Unis, Marc Gozlan, Sciences et avenir, 30 mai 2016