Ces dernières années, la médecine a fait des progrès considérables en termes de prévention, de prise en charge thérapeutique et de vitesse d’intervention des équipes soignantes face au véritable fléau que représente l’infarctus du myocarde. Pour autant, cela ne l’empêche pas de représenter une cause importante de mortalité, tuant chaque année 120 000 Français dont 10% dans les heures suivant sa survenue. Si les facteurs de risque sont bien connus (âge, sexe, antécédents familiaux, obésité, diabète, hypertension etc…), il en existe un autre, jusqu’à présent inattendu…
De nouvelles recherches sur les facteurs de risque de mortalité liés à l’infarctus du myocarde
Et si les frontières entre les différentes spécialités médicales n’étaient pas aussi imperméables qu’elles le donnent à penser ? Une vision globale de la médecine serait à envisager de façon plus systématique à l’avenir ainsi que le confirme une nouvelle étude danoise qui corrobore le lien existant entre psychiatrie et cardiologie.
Il s’agit d’une grande étude s’intéressant de près à l’impact d’une dépression antérieure sur le risque de mortalité par infarctus du myocarde. Afin de mener à bien leurs recherches, les auteurs de l’étude se sont appuyés sur les registres médicaux disponibles et ont ainsi impliqué une cohorte de 170 771 patients suivis pour un infarctus (inaugural) entre juillet 1995 et février 2014.
A savoir ! On appelle pathologie inaugurale toute pathologie survenant chez l’individu pour la première fois.
Deux groupes de patients étaient à distinguer dans cette cohorte :
- Ceux ne souffrant pas de dépression avant la survenue de l’infarctus : suivis sur une durée de 1460 jours ;
- Ceux souffrant d’une dépression connue avant la survenue de l’infarctus (3,5 % de la cohorte) : suivis sur une durée de 855 jours.
En s’intéressant d’un peu plus près au taux de mortalité de ces derniers, les chercheurs ont établi un lien entre la pathologie dépressive et le risque de mortalité plus élevé chez ces mêmes patients.
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Un lien surprenant entre dépression et infarctus du myocarde
Sans être révolutionnaires, les résultats de cette étude ne sont pas à négliger pour autant. Les chercheurs ont en effet observé que le risque de mortalité (par infarctus du myocarde ou autres causes) augmentait légèrement dans le groupe de patients dépressifs.
Multiplié par 1,11 (intervalle de confiance à 95%) chez les patients dépressifs non traités par antidépresseurs, il est multiplié par 1,22 (intervalle de confiance à 95%) chez les patients dépressifs suivant un traitement antidépresseur.
A savoir ! L’intervalle de confiance désigne un espace bordé par deux limites de confiance et dans lequel on peut estimer que se situe la valeur vraie du paramètre que l’on étudie avec un coefficient de sécurité donné. Par exemple, un intervalle de confiance à 95 % est un intervalle de valeurs qui a 95 % de chances de contenir la véritable valeur du paramètre estimé.
Ainsi, plus l’échantillon étudié est représentatif, plus cet intervalle de confiance se rapprochera des 100%, indiquant que le résultat de l’enquête ou du sondage sera proche de la réalité.
En mettant en évidence le fait que la dépression peut précéder la survenue d’un infarctus du myocarde, cette étude met ainsi à jour un lien surprenant entre psychiatrie et cardiologie et ouvre des perspectives nouvelles quant aux moyens de surveillance et de prévention des crises cardiaques. Le cœur a ses raisons parmi lesquelles il faut désormais compter la dépression…
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Impact of pre-admission depression on mortality following myocardialinfarction.The British Journal of Psychiatry. 210: 356–361. Sundboll et al. Mai 2017.