Traditionnellement associé au patient masculin, l’infarctus du myocarde progresse chez les femmes de moins de 50 ans. Moins bien dépistées, moins bien prises en charge, les femmes décèdent plus souvent d’un accident cardiovasculaire. Vous avez dit médecine à 2 vitesses ? Ce soir France 5 programme le documentaire médical « Le cœur des femmes : attention fragile », suivi d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse et le charismatique Michel Cymes.
Infarctus du myocarde : des particularités féminines
L’infarctus du myocarde se produit lorsqu’une partie du muscle du cœur n’est plus correctement approvisionné en sang. En général lorsqu’une artère est bouchée par un caillot ou une plaque de graisse. Privé d’oxygène, le cœur s’arrête : c’est la « crise cardiaque ».
Certaines particularités féminines majorent le risque cardiaque : les artères du cœur des femmes, plus fines et plus sujettes aux spasmes, se bouchent plus facilement. De plus, si les hormones féminines jouent un rôle protecteur contre les accidents cardio-vasculaires, cette protection est mise à mal par notre mode de vie moderne : tabac, alcool, sédentarité, mauvaise alimentation, les femmes vivent désormais comme les hommes… et les rattrapent sur le plan du risque d’infarctus du myocarde. En 15 ans, la pathologie a triplé chez les femmes de moins de 50 ans.
Les symptômes de l’infarctus du myocarde sont également différents chez la patiente féminine. 2/3 des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas ressenti la fameuse douleur irradiante dans la poitrine. Les symptômes sont souvent moins spécifiques comme une grosse fatigue, un essoufflement, des nausées ou des douleurs à l’estomac.
A savoir ! Si les hormones féminines protègent les femmes du risque cardio-vasculaire, elles doivent cependant être vigilantes lors de 3 périodes de leur vie hormonale :
- Lors de la première prise de contraceptif oral. Le médecin devra s’attacher à rechercher, notamment, des antécédents familiaux ;
- Pendant la grossesse. Elle peut révéler une faiblesse cardiaque pré-existante ;
- À la ménopause, du fait de la chute des hormones.
Lire aussi – Progression inquiétante de l’infarctus chez les jeunes femmes
Inégalités des sexes dans la prise en charge de l’infarctus
Les femmes sont moins bien dépistées et moins bien prises en charge. Pourquoi ? Parce que les préjugés ont la vie dure ! La victime « classique » d’un infarctus du myocarde reste un homme de 50 ans à l’hygiène de vie douteuse… même pour le corps médical. Une femme se plaignant de douleur dans la poitrine se verra plus facilement proposer un diagnostic de crise d’angoisse qu’une coronographie (examen des artères du cœur)…
Moins bien soignées, les femmes se remettent plus difficilement d’un épisode d’accident cardio-vasculaire. De plus, les traitements, essentiellement testés sur les hommes, sont moins bien adaptés pour elles et présentent plus d’effets secondaires.
Les femmes elles-mêmes ne sont pas à l’abri des préjugés sur l’infarctus du myocarde, se croyant, à tort, à l’abri. Elles ne sont pas assez vigilantes et prennent parfois des risques (en combinant tabac et pilule par exemple). Une vraie prise de conscience est nécessaire. Le documentaire de France 2 tombe à pic !
Lire aussi – Pilule contraceptive : misez sur la bonne génération
Isabelle V., journaliste scientifique