Quand le jeu éduque et rééduque…

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Rédigé par Simone VA. et publié le 17 janvier 2017

Innovation Pour cette troisième année consécutive, l’école de commerce ISTEC s’est lancée dans la grande aventure TEDx. D’octobre à mars, les étudiants du Master 2, Marketing, Evénementiel & Communication préparent l’événement dans son intégralité. Les conférences qui traitent de sujets d’actualité autour du thème #PlaytheGame, se dérouleront le 11 mars 2017. Santé sur le Net met en lumière deux projets innovants.

Jeu éduque rééduque

S’amuser à se rééduquer

En santé, le jeu s’installe petit à petit comme soutien pour les malades et leurs proches avec des solutions de jeux interactifs.

La rééducation suite à une douleur ou une opération peut parfois être difficile, tant physiquement que psychologiquement. En cause, le « sentiment d’abandon » que les patients peuvent ressentir lorsque le professionnel de santé semble ne pas avoir assez de temps à leur consacrer ; ou encore « un manque de volonté face à la douleur ou la répétitivité des exercices ». À ce jour, de nombreux patients ne suivent pas correctement la rééducation recommandée par leur médecin ou ne la terminent pas dès lors qu’une amélioration semble apparaître. Mais, mal guéri, le risque de rechute est plus important et la réhabilitation physique dure plus longtemps.

Ainsi, suite à une expérience personnelle, l’un des étudiants organisateurs, Pierre Caudwell, a souhaité traiter ce sujet lors de la conférence TEDxIstec :

« Il s’agit avant tout pour moi d’une pratique qui devrait, à mon sens, se développer dans les années à venir afin de faciliter la rééducation à domicile ».

Pierre Caudwell fait partie de ceux qui n’ont pas effectué leur rééducation correctement : « qu’une fois ma douleur s’était estompée, mon pied était guéri », rapporte-t-il.

Partant du constat que « la rééducation à domicile est souvent une étape obligatoire », deux entrepreneurs ont inventé des manières ludiques pour motiver les patients et les aider à se rétablir plus vite. Ils ont développé des jeux pour faciliter la réhabilitation à domicile. Selon Pierre Caudwell, « l’interactivité entre les mouvements et l’interface sur l’écran de télévision » permettrait « d’augmenter la motivation des patients pour effectuer leurs exercices ».

Mira Rehab, une plateforme de logiciels

Jeu MiraCréée en 2012 par Cosmin Mihaiu et ses associés, la plateforme « Mira Rehab » regroupe des jeux avec des designs simples, mais efficaces et accessibles à tous. Ces jeux s’appuient sur des exercices de physiothérapie et sont connectés pour que les données de chaque patient soient envoyées vers les médecins et puissent être analysées. Ils incitent les utilisateurs à suivre leur rééducation plus régulièrement, que ce soit dans les établissements spécialisés ou à leur domicile.

MediMoov, un dispositif médical

Cette solution française a été développée par Antoine Seilles, PDG de Natural Pad, et son équipe avec l’aide de professionnels de santé. Adaptée à chacun, aux plus jeunes comme aux seniors, elle permet d’améliorer l’autonomie et le bien-être, et d’effectuer ainsi un suivi des progrès réalisés. La plateforme MediMoov se compose de cinq jeux basés sur :

  • Le mouvement, pour une activité physique adaptée
  • La gymnastique douce, pour une meilleure rééducation.

Cette « rééducation virtuelle apporte ici un suivi quotidien et une motivation supplémentaire de par son aspect ludique (surtout pour les jeunes enfants), mais aussi une possibilité pour le kinésithérapeute d’adapter les exercices requis, en fonction des résultats et des difficultés rencontrées par le patient » estime Pierre Caudwell. De tels logiciels sont actuellement testés dans des cliniques spécialisées pour déterminer leur efficacité.

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S’éduquer pour y croire

L’étudiante Séréna Lach a choisi d’aborder la question des jeux utilisés par les professionnels de santé pour les enfants atteints d’un cancer. Son objectif est de montrer que « le jeu est une alternative, il est la facette humaine de la thérapie parfois longue et douloureuse ».

Chaque année en France, c’est plus de 2 500 nouveaux cas de cancers chez les moins de 18 ans qui sont diagnostiqués. C’est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 14 ans, selon l’Institut National du Cancer. Dès lors, ces enfants et leurs proches doivent faire face à de nombreux obstacles : comprendre la maladie, les traitements et le parcours de soin. Des informations souvent difficiles pour les médecins à transmettre, avec parfois, une mauvaise compréhension pour les malades et leur entourage. « Les parents se sentent démunis » explique Séréna Lach, avant d’ajouter : « le jeu peut apparaître comme un substitut au moment d’expliquer la maladie, ce à quoi ne sont pas toujours formés les professionnels de santé. Les parents apprennent et découvrent autant que leurs enfants ».

Préoccupés par la maladie et plongés dans le milieu hospitalier, les enfants et leurs proches n’ont pas toujours goût au loisir. Pour contrer cette situation, plusieurs jeux vidéo ont vu le jour pour aider à comprendre la maladie, et, mieux l’accepter.

« Lumine », un jeu et une plateforme d’information

Lumine jeuLancé en 2015, ce serious-game en ligne a été créé par le CHU de Toulouse et la Clinique Pasteur. Ils sont partis du constat que les jeunes patients et leurs parents manquaient d’informations sur les étapes de prise en charge des enfants atteints par le cancer. Ce jeu ludique et interactif offre alors une nouvelle vision sur la maladie grâce à des quiz, jeux et vidéos. Les patients peuvent naviguer dans un espace virtuel pour récolter des informations utiles. « Lumine » apporte des réponses simples à leurs questions, le tout de manière ludique.

À savoir ! Un serious-game est un logiciel qui permet de se divertir en même temps que d’apprendre. Il s’inspire de l’aspect ludique des jeux vidéos classiques, mais avec une intention sérieuse (pédagogique, informative, publicitaire…).

« That dragon, cancer », inspiré d’une histoire vraie

Commercialisé en janvier 2016, ce jeu vidéo « point and click » retrace la vie d’un petit garçon de 4 ans qui s’appelle Joel Green – le fils d’un des créateurs – et qui est atteint d’une tumeur en phase terminale. Au travers de plusieurs missions pour vaincre les méchants, « That dragon, cancer » permet de mieux accepter la maladie. Une immersion narrative totale, poétique et pleine d’imagination qui est en réalité, un « voyage d’espoir dans l’ombre de la mort ».À savoir ! Un jeu « point and click » est un gameplay (essence d’un jeu qui mixe jouabilité et plaisir de jeu) dans lequel le joueur déplace son curseur de souris sur un décor et clique dessus pour interagir avec les objets et les personnages.

« I hope », un monde fantastique

I hope jeuL’objectif de « I hope », développé par la société Arconyx et l’école d’animation Anomalia, est de donner plus de forces aux jeunes patients pour lutter contre le cancer. Dans ce jeu, l’enfant incarne une petite fille qui doit combattre le cancer, sous forme d’une vile créature, et les forces du mal pour reconstruire sa terre natale. Plongé au cœur d’un univers fantastique et féerique, l’apprentissage des clés pour aborder la maladie devient plus facile. Disponible sur une plateforme indépendante de Microsoft, toutes les recettes du jeu sont reversées à des associations en lien avec le cancer infantile.

Tous ces jeux permettent « d’extérioriser la maladie et donner un aspect moins fataliste et porteur d’espoir » rapporte Séréna. De plus, des chercheurs en neuroscience effectuent des études sur l’impact des jeux sur le cerveau et le comportement des patients. Si «une amélioration de la concentration et un sentiment de ne plus être malade »
lorsque l’on appréhende la maladie de manière ludique sont observés, ils ne peuvent pas encore être affirmés. Séréna Lach résume que « le développement de ces jeux vidéos nous témoigne de l’importance et de l’efficacité du jeu et du ludique dans la maladie, à travers la compréhension du parcours de soin, de l’espoir et de la guérison ».

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Simone VA., Rédactrice.

– Interview de Laura Beaurepaire, réalisée le 10 janvier 2017
– Interview de Pierre Caudwell, réalisée le 12 janvier 2017
– Interview de Séréna Lach, réalisée le 12 janvier 2017
– Les spécificités des cancers des enfants et des adolescents, Institut National du Cancer, consulté le 10 janvier 2017
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