L’acide acétylsalicylique (ou aspirine) ne cesse de montrer de nouvelles propriétés. Deux études américaines suggèrent qu’à très long terme, elle pourrait être bénéfique dans la prévention de plusieurs types de cancers.
Une cinquième propriété ?
Rappelons-le, selon la posologie, l’aspirine bénéficie de 4 vertus thérapeutiques. Elle est antalgique (antidouleur), antipyrétique (limite la fièvre), anti-inflammatoire et antiagrégant plaquettaire (prévention de la formation de caillots sanguins).
Selon deux études* menées sur 135 000 Américains pendant 32 ans, la prise régulière d’aspirine (plus de 2 fois par semaine) pourrait être associée à une légère diminution (3 %) du nombre de cancers, tous types confondus. Une diminution globale très faible, mais impressionnante pour certains types de cancer.
Les résultats montrent notamment une diminution du risque de développer un cancer gastro-intestinal de 15%, et de 19% pour le cancer colorectal. En revanche, la prise d’aspirine n’a aucun effet sur d’autres pathologies courantes telles que le cancer du sein, de la prostate ou du poumon.
L’aspirine : une solution préventive à bas coût ?
Le cancer colorectal est, en France, le 3e cancer le plus fréquent et le 2e cancer le plus meurtrier. A l’occasion du « mars bleu », le Conseil National Professionnel d’Hépato-Gastro-Entérologie (CNPHGE) avait estimé qu’une prévention optimale pourrait permettre la guérison de 90% des cancers colorectaux et éviter 10 000 décès prématurés chaque année.
Les études américaines suggèrent que l’utilisation de l’aspirine pourrait prévenir 17% des cancers colorectaux chez les patients qui n’ont pas subi de coloscopie et 8,5% chez les patients qui en ont subi une. Un bénéfice qui reste à comparer avec les schémas préventifs classiques, déjà sous-utilisés en France comme aux Etats-Unis.
Selon Ernest Hawk, de l’Université du Texas, l’aspirine « peut compléter le dépistage du cancer colorectal et peut avoir un effet bénéfique, indépendamment de l’utilisation de l’endoscopie ». On peut lire entre les lignes la suggestion d’une solution thérapeutique préventive à bas coût, qui pourrait être avantageuse dans les milieux médicalement défavorisés ou aux ressources limitées.
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Hadrien V. Pharmacien
Sources
« Long-term aspirin use linked to lower risk for gastrointestinal tract cancers ». ScienceDaily. 03/03/16
* Yin Cao & al. « Population-wide Impact of Long-term Use of Aspirin and the Risk for Cancer ». JAMA Oncology. Consulté le 07/03/16
* Eduardo Vilar & al. « Aspirin for Cancer Prevention ». JAMA Oncology. Consulté le 07/03/16