La phagothérapie, un domaine délaissé ?

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 1 mars 2016

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La phagothérapie est un procédé thérapeutique créé dans les années 1920, visant à utiliser les phages pour détruire les bactéries infectieuses. L’Assemblée nationale a débuté un colloque le 18 février 2016, qui doit définir un cadre légal à ce type de traitement. Un nouvel espoir pour la lutte contre les antibiorésistances.

La phagothérapie : un prédateur naturel des bactéries

Le phage (ou bactériophage) est un virus dirigé contre une bactérie. L’idée est d’utiliser un phage qui attaque spécifiquement une bactérie pathogène pour l’homme afin de traiter une infection, ou simplement d’utiliser les phages en prévention – on utilise le terme de phagoprophylaxie. Jusqu’à présent, seuls quelques pays de l’ex-Union Soviétique tels que la Géorgie s’étaient lancé dans des travaux pour en découvrir l’intérêt. Mais face à la multiplication des antibiorésistances et la pénurie de nouvelles classes d’antibiotiques, les pays occidentaux y trouvent un regain d’intérêt.

Aujourd’hui, des techniques de manipulation, de purification, de production et de contrôle des préparations de phages existent. Des essais cliniques de phase I et II sont menés à l’échelle européenne sous le nom Phagoburn pour déterminer le réel potentiel des phages en médecine humaine. Les premiers résultats de l’essai clinique devraient apparaitre cet été.

Les enjeux dans l’immédiat

Le premier débat est la définition d’un statut pour ce type de thérapeutique. Est-ce une substance vivante ? De la matière inerte ? Une question qui ne peut pas être traitée d’un revers de main. On imagine difficilement les phages définis comme de simples médicaments mais plutôt comme un statut à part entière, à l’image des vaccins. La définition d’un cadre réglementaire pourra aboutir à la création de bonnes pratiques de fabrication (BPF) : pour Caroline Semaille, à la direction des médicaments anti-infectieux à l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament), il existe « un enjeu sur la production de phages de qualité ». (1)

La création d’un cadre légal pourra aussi permettre aux industriels de se pencher sur l’exploitation de la phagothérapie, voire lancer des essais sur l’être vivant. Avant cela, l’incidence de la thérapie sur la santé humaine devra être déterminée au long court. Dans une thèse développée en 2014 (2), Jean-Rocques Courtault évoque l’idée d’utiliser ces phages dans bien d’autres domaines tels que la biologie moléculaire, la génétique, les transplantations cutanées ou le traitement des tumeurs.

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Hadrien V. Pharmacien


Source
1. Raphaëlle Maruchitch. « La phagothérapie poursuit sa quête réglementaire ». Le Monde. 29/02/16
2. Jean-Rocques Courtault. « Place de la phagothérapie dans le traitement des infections humaines bactériennes : intérêts, enjeux et limites ». 15/07/14

Ou

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