La résistance des bactéries aux antibiotiques est un sujet de plus en plus préoccupant. Le mécanisme responsable de l’antibiorésistance vient d’être découvert par des chercheurs canadiens grâce à d’une technologie hautement sensible.
La polymyxine B, un antibiotique agissant contre les bactéries résistantes
Des chercheurs canadiens ont étudié le mécanisme qui permet à la bactérie résistante de repousser l’antibiotique. A première vue, le mécanisme semble plutôt simple mais c’est la première fois que les chercheurs ont pu mettre en évidence en détail ce mécanisme grâce à une technologie hautement sensible.
La polymyxine B, utilisé comme modèle par les chercheurs, est un antibiotique utilisé pour traiter les méningites et des infections des yeux et du sang. Cet antibiotique est le seul qui continuait à agir contre des bactéries devenues résistantes aux antibiotiques. Des outils performants et sensibles ont été utilisés pour analyser les membranes de la bactérie. Des images de hautes résolutions ont été obtenus.
Une bactérie, de charge négative, va naturellement attirer l’antibiotique qui est lui de charge positive. Dans des conditions normales, la membrane de la bactérie est assez fine pour que l’antibiotique pénètre à l’intérieur de la bactérie. Cependant, lorsque la bactérie est résistante aux antibiotiques, la membrane de la bactérie agit comme une barrière.
À savoir ! D’après l’INSERM, 700 000 personnes dans le monde dont 25 000 en Europe meurent d’infections dues à des bactéries résistantes.
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Une membrane bactérienne plus rigide
Comment l’antibiotique arrive-t-il à pénétrer la membrane de la bactérie ?
L’antibiotique pénètre dans la bactérie de la manière suivante : la bactérie étant de charge négative, elle va attirer l’antibiotique à l’intérieur qui a une charge positive. Lorsque la bactérie est résistante, sa membrane est plus rigide, il est donc plus difficile pour l’antibiotique de pénétrer dans la paroi de la bactérie. Un autre paramètre rentre également en jeu : la bactérie voit sa charge négative diminuer, rendant plus difficile à l’antibiotique de détecter la bactérie.
Pour résumer, 2 facteurs sont mis en évidence dans le mécanisme de l’antibiorésistance :
- Une membrane bactérienne plus rigide
- La charge bactérienne diminuée d’où une localisation de la bactérie par l’antibiotique plus difficile
Cette découverte va permettre aux scientifiques d’élaborer des médicaments plus efficaces pour lutter contre les infections bactériennes résistantes.
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Léa G. Journaliste Scientifique