En plein Tour de France, des chercheurs britanniques se sont penchés sur l’importance de la génétique dans la réussite sportive. Les gènes pourraient ainsi conditionner les performances sportives et la réponse à l’entraînement. Tout le monde ne pourrait pas devenir maillot jaune !
Tour de France et génétique
Le Tour de France est une épreuve cycliste hors normes par l’ampleur de l’exploit sportif (parcourir près de 4 000 kms en une vingtaine de jours, avec des épreuves d’endurance et de fond sur tout type de relief). Différentes études scientifiques se sont déjà penchées sur les caractéristiques physiologiques spécifiques des sportifs de haut niveau, capables de boucler le Tour. Plusieurs aspects ont ainsi été mis en évidence, parmi lesquels :
- Une hypertrophie ventriculaire gauche (augmentation du volume du ventricule gauche du cœur) ;
- Une masse grasse faible ;
- Une prédominance de certains types de fibres musculaires dans les muscles.
Si l’entraînement sportif reste un élément incontournable de la réussite sportive, quel rôle joue la génétique ? Les études ont d’ores et déjà montré qu’elle exerce un rôle déterminant, avec plus de 200 variantes génétiques impliquées dans la prédisposition génétique à la performance sportive.
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Un déterminisme génétique important
Une étude sur des jumeaux soumis à un entraînement sportif régulier a montré que l’augmentation des performances sportives pourrait s’expliquer au moins à 50 % par la génétique, qui serait donc un facteur aussi important que l’hygiène de vie ou l’alimentation.
Sur l’ensemble des études réalisées jusque-là, peu comportaient des cyclistes et la plupart se concentraient seulement sur une vingtaine de gènes, les variantes génétiques les plus communes, qui concernent plus d’1 % de la population générale. A titre d’exemple, l’un des gènes les plus étudiés (ACTN3) peut être atteint par une mutation spécifique, qui prédisposerait les sportifs aux épreuves d’endurance. Pourtant, cette mutation ne semble pas prépondérante parmi une population de cyclistes renommés. Le lien précis entre les gènes et la performance sportive reste donc mal compris et les études de grande envergure font défaut dans le domaine.
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Des champions élus génétiquement
Pour aller plus loin, les chercheurs pensent qu’il serait intéressant d’étudier les variantes génétiques rares, qui pourraient expliquer les performances sportives particulières, comme celles des cyclistes. Pour étayer leur hypothèse, ils s’appuient sur l’exemple d’un skieur de fond finlandais des années 60 au palmarès exceptionnel, Eero Mäntyranta. Une étude a montré que lui et plusieurs membres de sa famille étaient porteurs d’une mutation rare sur le gène récepteur de l’érythropoïétine (EPO). Cette mutation entraîne une hypersensibilité à l’EPO et accroît le nombre de globules rouges sanguins, ce qui peut conférer un avantage sportif incontestable.
Une autre piste d’étude selon les chercheurs est constituée par les variations épigénétiques (variations de l’expression des gènes en fonction du contexte environnemental de l’individu), telles que les micro-ARN. Des travaux ont décrit que l’exercice physique influence la concentration des micro-ARN, et donc probablement la performance sportive.
Établir le lien précis entre les gènes et les performances des sportifs de haut niveau reste une gageure, en particulier liée au faible nombre de ces sportifs. Mais les chercheurs concluent qu’un champion cycliste possède des prédispositions innées au cyclisme et à l’entraînement sportif, qui viennent compléter les compétences acquises grâce à l’encadrement. Nous ne serions ainsi pas tous capables de devenir maillot jaune, même en nous entraînant de manière intensive !
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie