Mélanomes


Rédigé par Estelle B. et publié le 30 décembre 2020

un grain de beauté à la loupe

Les mélanomes font partie des cancers cutanés et correspondent aux tumeurs qui se développent à partir des mélanocytes de la peau. Ces tumeurs peuvent être agressives et doivent donc être détectées le plus tôt possible pour instaurer rapidement un traitement médical adapté. L’ablation chirurgicale de la tumeur primitive reste le traitement de première intention et depuis quelques années se sont développées des thérapies plus efficaces face aux formes métastatiques des mélanomes.

Définitions et symptômes d’un mélanome

Qu’est-ce qu’un mélanome ?

crème solaire sur un dos

Un mélanome cutané est une tumeur maligne, qui se développe à partir de certaines cellules de la peau, les mélanocytes. La peau est un organe qui constitue la principale barrière entre l’organisme et le milieu extérieur. Elle se compose de trois couches successives :

  • L’épiderme, la couche la plus superficielle ;
  • Le derme ;
  • L’hypoderme, la couche profonde de la peau.

S’y insèrent également les cheveux ou les poils, les ongles, des glandes sudoripares (qui sécrètent de la sueur) et des glandes sébacées (qui produisent du sébum).

Les mélanocytes sont des cellules de l’épiderme, qui assurent la pigmentation de la peau, au travers de la production de mélanine.

À savoir ! Les mélanomes ne représentent que 10 % des cancers cutanés. Parmi les autres cancers cutanés figurent essentiellement les différents types de carcinomes qui se développent à partir des kératinocytes de l’épiderme.

Les spécialistes distinguent quatre principaux types de mélanomes :

  • Les mélanomes superficiels extensifs(60 à 70% des cas) généralement liés à des antécédents de coups de soleil. Ils surviennent le plus souvent au niveau du cou, du thorax ou des jambes ;
  • Les mélanomes de Dubreuilh (5 à 10 % des cas) touchent le plus souvent des personnes âgées de plus de 50 ans. Ils sont liés à des expositions répétées aux rayonnements UV et se retrouvent généralement au niveau du visage, du cou ou des mains ;
  • Les mélanomes nodulaires(moins de 5 % des cas) concernent des zones parfois jamais exposées au soleil. Leur croissance est la plus rapide de tous les mélanomes ;
  • Les mélanomes acrolentigineux ou mélanomes des extrémités touchent les personnes à la peau foncée au niveau de la paume des mains, de la plante des pieds ou sous les ongles.

Tous les mélanomes se développent au départ selon un plan horizontal au niveau de l’épiderme (mélanome in situ). Puis, si la tumeur n’est pas retirée à ce stade, elle se développe dans un plan vertical en touchant successivement le derme, puis l’hypoderme (mélanome invasif). Le risque de métastases devient important au stade du mélanome invasif, avec des métastases possibles dans différentes régions de l’organisme :

  • Les ganglions lymphatiques à proximité de la tumeur primitive ;
  • Les canaux lymphatiques entre la tumeur primitive et les ganglions ;
  • Plusieurs organes, comme le foie, la peau, les os ou le cerveau.

Sur le plan épidémiologique, les mélanomes touchent légèrement plus les femmes que les hommes, avec un âge moyen au diagnostic de 56 ans. Il peut néanmoins survenir à tous les âges de la vie, mais reste exceptionnel avant l’âge de 15 ans. L’incidence de ce cancer augmente chaque année depuis plusieurs décennies, sans doute avec l’augmentation de l’exposition au soleil.

Plusieurs facteurs de risque de développer un mélanome ont été identifiés :

  • L’exposition au soleil et aux rayonnements UV ;
  • Les antécédents de coups de soleil, en particulier pendant l’enfance ;
  • Le phototype de la peau claire avec cheveux roux ou blonds, yeux clairs et taches de rousseur ;
  • La sensibilité de la peau au soleil ;
  • Un nombre de grains de beauté supérieur à 50 ;
  • La présence de grains de beauté d’aspect inhabituel ou congénitaux de grande taille ;
  • Des antécédents personnels ou parentaux de mélanome ;
  • Un déficit du système immunitaire.

Les symptômes des mélanomes

La majorité des mélanomes se développent sur une peau saine, sans qu’aucune lésion ou tache préexistante ne soit en cause. Ils se manifestent alors par une tache pigmentée ressemblant à un grain de beauté. Dans d’autres cas, les mélanomes se développent à partir de grains de beauté préexistants.

La modification rapide de l’aspect d’un grain de beauté ou l’apparition d’une tâche pigmentée sur la peau doit alerter. En général, tous les grains de beauté d’une personne se ressemblent et si l’un d’eux est différent, il doit être considéré comme suspect.

À savoir ! Il est conseillé de surveiller régulièrement l’état de sa peau et de vérifier l’apparition ou l’évolution de grains de beauté ou de taches. Cet auto-examen est à répéter aussi souvent que possible. Pour les personnes à risque de développer un mélanome, une consultation spécialisée est recommandée régulièrement pour contrôler l’état de la peau.

Il existe une règle spécifique, appelée la règle ABCDE, pour considérer comme suspect un grain de beauté ou une tache pigmentée :

  • A pour asymétrie, lorsqu’un grain de beauté n’est ni rond ni ovale et que ses couleurs et reliefs ne sont pas régulièrement répartis autour de son centre ;
  • B pour bords irréguliers, lorsque les bords du grain de beauté sont déchiquetés ou mal délimités ;
  • C comme couleur non homogène, lorsque plusieurs couleurs sont présentes de manière désordonnée ;
  • D comme diamètre en augmentation, car les mélanomes ont généralement une taille supérieure à 6 mm ;
  • E comme évolution, le changement rapide de taille, de forme, de couleur ou d’épaisseur doit immédiatement interpeller.

La présence de plusieurs de ces signes doit amener à consulter son médecin traitant ou un dermatologue.

Diagnostic et traitements des mélanomes

Quel diagnostic ?

Le diagnostic des mélanomes repose sur un examen clinique du grain de beauté ou de la tache pigmentée suspecte par un médecin traitant et/ou un dermatologue. Le médecin interroge tout d’abord le patient sur ses antécédents médicaux personnels et familiaux, sur les éventuels facteurs de risque et sur l’état de santé global.

Après un examen clinique du patient, le médecin caractérise la lésion cutanée suspecte à l’aide d’un dermoscope (petit appareil équipé de plusieurs lentilles grossissantes pour voir la peau en détail) :

  • Sa couleur ;
  • Sa taille ;
  • Sa forme ;
  • Son évolution.

Il recherche également d’autres lésions cutanées suspectes, en particulier au niveau du cuir chevelu, des paumes des mains ou des plantes de pieds.

Si la lésion est bel et bien suspecte, le dermatologue procède à son exérèse (ablation) sous anesthésie locale et demande une analyse anatomopathologique de la lésion prélevée. Cette analyse en laboratoire permet :

  • De confirmer l’existence d’un mélanome ;
  • De déterminer le type de mélanome ;
  • De définir les caractéristiques de la tumeur.

Puis, plusieurs examens complémentaires peuvent être effectués pour rechercher d’éventuelles métastases :

  • Des examens sanguins, en particulier le dosage de la LDH (Lactate DésHydrogénase) ;
  • L’exérèse et l’analyse du ganglion lymphatique le plus proche (ganglion sentinelle) ;
  • Une échographie des ganglions lymphatiques ;
  • Un scanner thoraco-abdomino-pelvien et cérébral ;
  • Une tomographie par émission de positons pour les stades avancés de mélanome.

L’ensemble de ces examens permet de caractériser le type de mélanome et son stade d’évolution pour instaurer la prise en charge la plus adaptée.

Les traitements des mélanomes

une femme se regardant la joue

La démarche diagnostique est une étape essentielle pour mieux définir la stratégie de traitement de la tumeur. Le choix des thérapies utilisées dépend de plusieurs critères :

  • Le type histologique de mélanome ;
  • La localisation du mélanome ;
  • Son stade (extension en profondeur et vers d’autres tissus) ;
  • Son grade (degré d’agressivité).

Les thérapies anticancéreuses prescrites dans la prise en charge des mélanomes sont :

  • La chirurgie ;
  • La chimiothérapie ;
  • La radiothérapie ;
  • L’immunothérapie pour les stades avancés métastatiques.

Parallèlement, le patient bénéficie d’une prise en charge globale, comportant plusieurs aspects :

  • L’arrêt du tabac ;
  • La pratique d’une activité physique régulière et adaptée ;
  • Un suivi nutritionnel et diététique.

Après un premier mélanome, le patient présente un risque élevé de développer un second mélanome. Le patient bénéficie donc d’une surveillance médicale régulière sur le long terme, notamment :

  • D’une surveillance de la peau et des aires ganglionnaires ;
  • D’examens d’imagerie durant les premières années.

En complément, l’auto-examen régulier de la peau reste incontournable.

À savoir ! Pour prévenir les risques de mélanome, il est recommandé de respecter les précautions concernant l’exposition au soleil, en particulier pour les enfants (limitation de l’exposition, protection solaire, habillement, …).

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Le mélanome de la peau : points clés. Institut National du Cancer. Consulté le 16 décembre 2020.
– Les mélanomes, cancers de la peau. Dermato-info.Consulté le 16 décembre 2020.

Lire nos autres dossiers Maladies