Urticaire


Rédigé par Alexia F. et publié le 14 juin 2022

De l'urticaire chez un homme

L’urticaire est une maladie dermatologique inflammatoire courante touchant les enfants et les adultes. Dans la grande majorité des cas, elle est bénigne. 15 à 20% de la population fait au moins une poussée aigüe d’urticaire au cours de sa vie. Cependant, pour environ 1%, la maladie est chronique.

 

Qu’est-ce que l’urticaire ?

L’urticaire est une éruption cutanée soudaine en plaques, aussi appelées papules, qui sont comparables à des piqûres d’orties.

A noter ! Le terme « urticaire » vient du mot latin urtica qui veut dire « ortie »

L’éruption cutanée touche généralement la surface de la peau. Ces papules ont plusieurs caractéristiques :  locales ou généralisées, rouges ou rosées, arrondies, en relief et bien délimitées. Elles peuvent provoquer d’intenses démangeaisons. Elles sont fugaces, car chaque élément apparait et disparait en moins de 24 heures.

L’urticaire peut aussi se manifester plus profondément dans la peau et affecter d’autres zones corporelles comme le visage, les mains, les pieds, les organes génitaux ou les muqueuses. Les lésions prennent alors un aspect différent. En effet, elles sont plus boursouflées ou œdémateuses et les rougeurs sont moins intenses. Ces tuméfactions provoquent une sensation de tension et sont douloureuses. On parle alors d’angio-œdème, couramment appelé d’œdème de Quincke.

L’urticaire a également des répercussions sur la vie sociale, personnelle et professionnelle d’où la nécessité d’orienter les patients vers les bons interlocuteurs pour une prise en charge adaptée. En effet, les manifestations physiques (plaques, rougeurs, démangeaisons, œdèmes) peuvent affecter la vie quotidienne par l’inconfort physique mais aussi par leur caractère visible.

L’urticaire allergique

Dans la grande majorité des cas, l’urticaire est due à la « fragilité » des mastocytes. Le mastocyte délivre un signal de « danger » après l’activation d’un ou plusieurs de ses nombreux récepteurs membranaires. Cette stimulation déclenche la dégranulation du mastocyte, c’est-à-dire la libération du contenu de ses granules, notamment la libération de l’histamine. Toute personne exposée de manière intense à ces signaux aura de manière normale une activation des mastocytes, aboutissant à sa dégranulation et donc, potentiellement, à une poussée d’urticaire.

Urticaire allergique

La fragilité des mastocytes est dépendante de la susceptibilité individuelle. Les mastocytes sont plus sensibles et peuvent éclater spontanément ou sous l’influence de substances dites « histamino-libératrices », telles que :

  • Certains aliments (fraises, crustacés, fromages, etc.) ;
  • Certains médicaments (aspirine, morphine, codéine, antibiotiques, etc.) ;
  • Certaines substances urticantes (orties, méduses, latex, etc.) : On parle d’urticaire de contact ;
  • Des neuropeptides ou neuromédiateurs liés au stress, à l’effort ;
  • Des infections virale, bactérienne ou parasitaire.

Malgré les idées reçues, l’urticaire n’est pas toujours liée à une allergie. L’urticaire allergique est une réaction d’hypersensibilité vis-à-vis d’une protéine particulière médiée par des anticorps appelés immunoglobulines E (IgE) dirigés contre un aliment ou un médicament.

Les mastocytes activés par les immunoglobulines E libèrent des substances, notamment l’histamine responsable de l’éruption cutanée. A noter qu’il n’y a pas de différence physique entre une urticaire allergique ou non allergique.

L’urticaire “physique”

Il se manifeste le plus souvent dans les minutes qui suivent la stimulation et disparaît rapidement à l’arrêt de celle-ci. Dans ce type d’urticaire, certains sont plus fréquents comme :

  • Le dermographisme : il apparait sur une zone de peau soumise à un simple frottement, des vêtements serrés, une épilation électrique, etc. Les plaques sont localisées sur le trajet de la friction ;
  • L’urticaire cholinergique, aussi appelée urticaire d’effort, est déclenchée par une augmentation de la température corporelle, suite à un effort, un stress, une douche chaude, un stimulus digestif (ingestion d’un aliment chaud ou épicé), etc. Elle se manifeste par de diverses petites lésions essentiellement sur le thorax, mais parfois sur l’ensemble du corps à l’exception du visage ;
  • L’urticaire au froid déclenchée par les basses températures, ou une chute importante et rapide de la température. Par exemple, lors d’une nage dans la mer, lors d’une consommation d’aliments ou boissons froids ou lors d’intempéries (touchant dans ce cas le visage et les mains) ;
  • L’urticaire retardée à la pression qui apparaît sur des zones de pression, avec un délai de plusieurs heures. Par exemple, sur les épaules lors du port d’un sac à dos, au niveau d’une paume de main en cas de manipulation prolongée d’un outil, etc. Elle se manifeste par des œdèmes douloureux qui peuvent mettre plusieurs jours à disparaître.

Enfin, certaines maladies provoquent une urticaire :

  • Les infections respiratoires, essentiellement virale, représentent les principales causes d’urticaire aiguë chez l’enfant ;
  • Les maladies auto-immunes (par exemple, certaines maladies de la thyroïde) ;
  • Un terrain atopique, autrement dit une prédisposition génétique.

Quels sont les symptômes ?

Il existe deux types d’urticaires selon la durée d’évolution, fixée de manière arbitraire à 6 semaines : les urticaires aiguës et les urticaires chroniques.

urticaire demartite

L’urticaire aigüe se traduit par une poussée qui évolue pendant moins de 6 semaines. Il s’agit le plus souvent d’un épisode unique. Elle apparait et disparait brutalement.

Son mécanisme peut être :

  • Allergique : elle est dû à des IgE spécifiques. La réaction est rapide et brutale après l’exposition à l’allergène.
  • Non allergique, dû à une libération d’histamine de manière non spécifique ou suite à un apport externe de substances riches en histamine (origine alimentaire).

Un interrogatoire peut orienter vers une cause médicamenteuse ou alimentaire. Il permettra ainsi de définir s’il existe une véritable allergie ou s’il s’agit d’une intolérance.

L’urticaire chronique se caractérise par des lésions quotidiennes ou des poussées récidivantes évoluant depuis plus de 6 semaines.

On distingue deux types d’urticaires chroniques, selon si les symptômes se déclenchent de façon induite ou spontanée :

  • La forme inductible : un (ou plusieurs) facteur déclenchant spécifique est identifié comme étant la cause.
  • La forme spontanée : aucun facteur déclenchant spécifique n’est identifié. Ce type d’urticaire affecte deux fois plus les femmes que les hommes.

Dans la majorité des cas, ses causes sont inconnues. De plus, elle est souvent liée à une conjonction de facteurs.

Le diagnostic de l’urticaire

Le diagnostic repose essentiellement sur un interrogatoire et un examen clinique, réalisés par un médecin.

L’interrogatoire

L’interrogatoire doit servir à rechercher des antécédents d’urticaire ou de maladie auto-immune, personnels ou familiaux. Il doit permettre à préciser les facteurs responsables de la poussée et à mettre en évidence une urticaire physique.

Si l’interrogatoire oriente vers une cause médicamenteuse ou alimentaire, un bilan allergique permettra de déterminer s’il y a une véritable allergie ou s’il s’agit d’un mécanisme d’intolérance.

Enfin, si l’urticaire résiste à un traitement antihistaminique bien conduit, il faudra réaliser un examen plus approfondi afin d’identifier s’il s’agit d’une urticaire chronique ou non.

L’examen clinique

L’examen clinique s’attachera à différencier une urticaire simple d’une urticaire systémique, également appelée vasculite urticarienne (inflammation des vaisseaux).

L’affection systémique peut n’apparaitre que secondairement à l’urticaire. Cette urticaire se caractérise par des lésions fixes durant plus de 24h, qui démangent peu.

L’examen clinique a également pour objectif de s’assurer de l’absence d’une maladie auto-immune, qui nécessitera alors des bilans complémentaires adaptés.

Il pourra aussi être complété par des tests physiques (chaud, froid, pression…) pour confirmer ou non le diagnostic d’une urticaire physique.

L’urticaire aiguë, correspondant plus souvent à un épisode unique, ne nécessite aucune exploration complémentaire.

Quels sont les traitements disponibles contre l’urticaire ?

La prise en charge a pour objectif :

  • Le soulagement des patients (œdème, prurit) ;
  • Le traitement de la cause, lorsqu’il y en a une (infection, maladie systémique, etc.) ;
  • La suppression des facteurs déclenchants (médicament, aliment, agents de contact, facteur physique, etc.).

Les traitements locaux (crèmes ou pommades) sont inutiles. Le traitement antihistaminique est le traitement de référence. Ces médicaments bloquent l’action de l’histamine, le composé libéré par l’organisme lors des poussées. Le patient prend le traitement pendant quelques jours et jusqu’à guérison.

Crème contre l'urticaire

En cas d’urticaire chronique, la première mesure est de supprimer les facteurs potentiellement déclencheurs ou aggravants (comme les médicaments, les aliments) et débuter le traitement antihistaminique. La monothérapie doit être suivie pendant 3 mois.

Sans amélioration après 3 mois de traitement, un bilan est prescrit afin de mettre en évidence une maladie sous-jacente. En cas de bilan négatif, une bithérapie est mise en place, en associant deux antihistaminiques ou un autre antihistaminique seul est essayer, également pendant 3 mois.

La prise de corticoïdes (même à faible dose) est contre-indiquée.

Supprimer la cause permet d’éviter les crises d’urticaire aiguë, qu’elle soit d’origine physique ou liée à une substance (médicament, aliment, plante, produit chimique…).

Conseils préventifs

Quelques conseils permettent de limiter la gravité d’une urticaire chronique :

  • Éviter la prise de certains médicaments dont l’aspirine par exemple ;
  • Diminuer la température de la douche et éviter les jets trop forts ;
  • Éviter de porter des vêtements serrés ;
  • Apprendre à gérer le stress. C’est, en effet, un facteur non négligeable de cette maladie, capable de générer des poussées d’urticaires.

Publié par Charline D., le 8 juin 2021. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences, le 14 juin 2022.

Sources
– Urticaire. ameli.fr. Consulté le 14 juin 2022.
– L’urticaire.dermato-info.fr. Consulté le 14 juin 2022.

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