Infections nosocomiales


Rédigé par Charline D. et publié le 21 juin 2018

Sous le terme d’infections nosocomiales, on regroupe l’ensemble des infections pouvant être contractées à la suite ou lors d’un séjour dans un établissement de soin (hôpital, clinique, etc.). Près de 5% des patients séjournant à l’hôpital en contracte une, soit 1 patient sur 20.

Illustration : hôpital, bactéries et virus

Qu’appelle-t-on infections nosocomiales ?

Une infection nosocomiale désigne une infection associée aux soins. Elle se manifeste au cours ou au décours d’une hospitalisation. Elle doit donc impérativement être absente à l’admission du patient dans l’établissement et se déclarer au minimum 48h après l’admission.

La possibilité d’un éventuel lien entre l’hospitalisation et l’infection est systématiquement évaluée en cas de doute. Concernant les infections de plaie opératoire, le délai est repoussé à 30 jours (au lieu du délai communément admis de 48 heures) et cela, même lorsque le patient est sorti de l’hôpital. Pour la mise en place d’une prothèse ou d’un implant, ce délai est porté à 1 an suivant l’opération.

Est-ce fréquent ?

D’après une étude de l’InVS (Institut national de veille sanitaire) de 2012, près d’1 patient sur 20 (soit 5%) contracterait une infection dans l’établissement qui le prend en charge. Un chiffre stable depuis 2006. Par an, cela représente environ 750 000 infections. Elles seraient responsables de 4000 décès par an en France.

Le nombre de cas de patients infectés est variable selon :

  • Le type d’établissement (les centres de lutte contre le cancer sont plus concernés) ;
  • Le type de séjour. On répertorie 0,8% des cas en obstétrique contre 24,2% en réanimation où les gestes invasifs sont plus fréquents et les patients plus fragiles ;
  • La durée du séjour. Il y a 15 fois plus de cas d’infections nosocomiales lors des séjours longs (30 à 89 jours) comparé aux séjours courts (2 à 7 jours) ;
  • Le profil du patient. Les plus à risque de développer une infection sont les personnes de plus de 65 ans, les très jeunes, les individus atteints de pathologie sévère, les patients immunodéprimés (VIH, patients traités par chimiothérapie) et les personnes opérées ou exposées à un geste invasif (sonde urinaire, trachéotomie, cathéter, etc.).

Quels types d’infections ?

Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont les infections urinaires. Elles représentent 30% des cas et sont souvent liées à la pose d’une sonde urinaire. Elles sont cependant rarement graves.
En seconde position, on trouve les pneumonies dans 16,7% des cas. Elles sont généralement contractées suite à une intubation ou ventilation assistée.

En troisième position, viennent les infections du site opératoire. Elles représentent 13,5% des cas d’infections nosocomiales et surviennent au décours d’une intervention chirurgicale.
Enfin, dans 10,1% des cas, les patients sont atteints de bactériémies/septicémies liées à l’introduction de cathéters dans les voies sanguines.
Les patients peuvent également contracter des infections de la peau et des tissus mous, ou encore, des voies respiratoires supérieures.

Certaines infections peuvent être graves, voire entraîner le décès du patient, notamment les septicémies et les infections pulmonaires.

Quel agent infectieux est en cause ?

Tout d’abord, il faut savoir que lorsque l’on parle d’infection nosocomiale, cela implique que la source de contamination est bien souvent le patient lui-même, et non l’environnement hospitalier ou son personnel. Le soignant n’est que le vecteur de la transmission. En effet, les germes provenant du patient lui-même peuvent être transportés sur le site infectieux par l’intermédiaire du personnel ou de dispositifs médicaux.

Trois bactéries sont à l’origine de plus de la moitié des infections nosocomiales :

  • Escherichia Coli dans 26% des cas. Elle vit d’ordinaire dans l’intestin de chaque être humain ;
  • Staphylococcus aureus dans 16% des cas. Cette bactérie est habituellement présente au niveau de la muqueuse nasale, de la gorge et du périnée de 15 à 30% des individus ;
  • Pseudomonas aeruginosa dans 8,4% des cas. Cette bactérie est présente dans les sols et affectionne particulièrement les milieux humides (robinets, tuyauterie, etc.).

Dans tous les autres cas, les bactéries en cause sont diverses : Clostridium difficile, Acinetobacter baumannii, etc. Les virus, champignons ou parasites ne sont impliqués que dans respectivement 0,4%, 3,7% et 0,2% des cas d’infections nosocomiales.

À savoir ! Parmi les bactéries souvent mises en cause dans les infections nosocomiales, plusieurs présentent des résistances aux antibiotiques. Par exemple, 38% des infections à Staphylococcus aureus sont des souches résistantes à l’antibiotique utilisé d’ordinaire pour les traiter. Les résistances obligent souvent à changer d’antibiotique lors du traitement et retardent la guérison. Par ailleurs, bien qu’exceptionnelles, les souches résistantes à tous les antibiotiques existent !

Traitement

Le traitement d’une infection nosocomiale est variable selon la bactérie présente et les symptômes qu’elle provoque. La prise en charge médicale varie d’un patient à un autre.

Le traitement employé est une antibiothérapie (soit un seul antibiotique soit plusieurs).

Prévention

Qui est en charge de la prévention ?

Les infections nosocomiales représentent un problème de santé publique majeur pour tous les établissements de soins. Ils sont depuis de nombreuses années dotés de Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) intégrés dans les Commissions médicales d’établissement. Le rôle de ce comité est d’améliorer les conditions d’hygiène et de prévention en s’appuyant sur les données de surveillance, ainsi que sur les progrès médicaux. Guidés par les recommandations nationales, ils sont chargés de mettre au point des actions ciblées sur les particularités de leur établissement et de leurs patients.
Les directives sont ensuite relayées dans les services par les équipes opérationnelles d’hygiène (EOH). Leur rôle est de faire appliquer les protocoles de soins avant, pendant et après chaque geste invasif ou chirurgical.

Ainsi, les soignants, les patients et les visiteurs sont soumis à des mesures d’hygiène et d’asepsie dictées par l’établissement.

Compte tenu du fait que la transmission des germes à l’hôpital soit essentiellement faite par les mains du personnel soignant, celles-ci doivent donc être lavées avant et après chaque soin. En effet, l’utilisation des solutions hydro-alcooliques depuis 2000 a permis de limiter la transmission des agents infectieux via les mains.

Par ailleurs, la peau du patient doit être désinfectée avant tout geste invasif. Le matériel utilisé doit également être parfaitement désinfecté et/ou stérilisé en suivant strictement les protocoles de l’hôpital.

Existe-t-il une surveillance ?

La surveillance est essentielle afin d’identifier quels patients ou gestes médicaux sont plus à risque.

Le respect des normes d’hygiène et de bonne conduite en matière de lutte contre les infections nosocomiales est tracé. Tous les ans, chaque établissement de santé a l’obligation de publier ses résultats concernant 5 indicateurs :

  • ICALIN (ensemble des moyens mis en œuvre pour lutter contre les maladies nosocomiales) ;
  • ICALISO (cible la lutte des infections nosocomiales du site opératoire) ;
  • ICSHA (utilisation des solutions hydro-alcoolique par le personnel soignant) ;
  • ICABMR (cible la lutte contre les bactéries résistantes) ;
  • ICATB (bon usage des antibiotiques dans l’établissement).

Par ailleurs, les établissements doivent aussi publier leur taux de Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (antibiotique).

Enfin, il existe 5 réseaux nationaux de surveillance des infections nosocomiales coordonnés par le RAISIN (Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales). Bien que les établissements ne soient pas dans l’obligation de collaborer avec eux, ils y sont fortement incités. Ces réseaux tiennent compte du nombre de nouveaux cas d’infections nosocomiales dans les services de réanimation et au niveau des sites opératoires. Ils surveillent également la consommation d’antibiotiques, les taux de bactéries résistantes et les accidents d’exposition au sang.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Infections nosocomiales. Inserm. Consulté le 14 juin 2018.
– Les infections nosocomiales. Ministère des Solidarités et de la Santé. Le 16 Aout 2016.
– Infections nosocomiales : questions réponses. Ministère des Solidarités et de la Santé. Consulté le 14 juin 2018.

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