La lèpre est une maladie ancestrale décrite à maintes reprises dans la littérature avec des malades faisant figure de parias de la société. Malgré sa disparition en Europe Occidentale depuis la fin du XVème siècle, elle reste un problème de santé public majeur dans certains pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. On estime aujourd’hui à près de 2,8 millions le nombre de lépreux dans le monde.
Définition et symptômes de la lèpre
Qu’est-ce que la lèpre ?
La lèpre, ou maladie de Hansen, est une pathologie infectieuse chronique de la peau, des muqueuses et des nerfs. Cette maladie peu contagieuse est provoquée par une bactérie appelée Mycobacterium leprae. Elle est transmise à l’occasion de nombreux et étroits contacts avec des personnes contaminées et non traitées via les sécrétions nasales ou des plaies cutanées. Le développement de la lèpre est favorisé par la chaleur des pays tropicaux associée aux conditions d’hygiène médiocres.
À savoir ! La lèpre en réalité est peu contagieuse. En effet, la contagion n’est possible que dans certaines formes de la maladie, notamment la lèpre lépromateuse.
Dans l’histoire, la première trace écrite de cette maladie remonte à 600 avant J-C. Ce fléau caractérisé par la stigmatisation et l’exclusion des malades était présent dans les civilisations antiques en Egypte, en Chine et en Inde.
De nos jours, la lèpre reste un problème majeur dans 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Six pays (Inde, Brésil, Indonésie, Népal, République Démocratique du Congo, Mozambique) regroupent à eux seuls 83% de la prévalence (nombre de malades) mondiale et 88% de l’incidence (nombre de nouveaux cas par an) mondiale.
L’Organisation Mondiale de la Santé estime à 2,8 millions le nombre de lépreux dans le monde.
À savoir ! L’éradication de cette maladie est difficile du fait du temps d’incubation très long de la bactérie. En effet, les porteurs de la bactérie peuvent la transmettre pendant plusieurs années sans savoir qu’ils sont atteints.
Quels symptômes ?
La lèpre atteint majoritairement la peau, les muqueuses (des voies respiratoires supérieures), les nerfs et les yeux. La période d’incubation moyenne de la bactérie est de 1 à 5 ans, et les premiers symptômes peuvent aussi bien se manifester dès la première année que dans les 20 années qui suivent la contamination.
La lèpre évolue donc très lentement sur plusieurs années. Après son incubation (1 à 5 ans), la maladie se manifeste sous une forme dite indéterminée.
Les premiers signes sont des petites taches dépigmentées, généralement blanchâtres et de quelques millimètres. La peau est insensible et ne transpire pas au niveau des lésions.
Dans un second temps, la maladie prend une forme soit tuberculoïde, soit lépromateuse, ou encore une forme intermédiaire.
La lèpre dite tuberculoïde est la plus fréquente. Elle se développe chez les individus ayant des défenses immunitaires plutôt efficaces. Elle atteint essentiellement les nerfs dont le volume augmente à tel point qu’ils deviennent palpables au niveau du coude, de la jambe et du cou. La maladie évolue vers une extension des lésions, un dessèchement de la peau, une atteinte des muscles et des nerfs conduisant à des ulcérations, des rétractations des tendons des mains et des pieds (à l’origine d’un recroquevillement).
La lèpre lépromateuse est la forme la plus grave. Elle se manifeste chez les individus ayant des défenses immunitaires faibles. La maladie se traduit par l’apparition de lépromes (nodules brun-rouge douloureux) qui, lorsqu’ils sont volumineux et nombreux, aboutissent à une mutilation. On parle de visage « léonin » (évoquant un lion) lorsque le visage est atteint. A ces lésions s’associe une rhinite inflammatoire très contagieuse pouvant entraîner un effondrement des cartilages, une atteinte des yeux, de la bouche et des viscères, de la fièvre et une fatigue importante.
Par ailleurs, on distingue la lèpre paucibacillaire (moins de 5 lésions sensibles) de la lèpre multibacillaire (plus de 5 lésions sensibles).
La lèpre est une maladie extrêmement mutilante. Même après la guérison, elle peut laisser un certain nombre de séquelles. La chirurgie orthopédique peut réduire les déformations laissées par l’affection. Les névrites aiguës (inflammation des nerfs) sont traitées par intervention chirurgicale.
Diagnostic et traitement de la lèpre
Quel diagnostic ?
La lèpre est évoquée devant la présence des symptômes caractéristiques de la maladie chez un patient issu de l’un des pays où la lèpre sévit encore.
La maladie est diagnostiquée par :
- Une réaction cutanée à la lépromine pour la forme tuberculoïde. La lépromine est l’agent de la lèpre rendu inoffensif (ou inactivé) grâce un traitement à la chaleur. Si une induration apparaît au point d’injection dans un intervalle de 1 mois, alors le test est dit positif et met en évidence la présence de la lèpre tuberculoïde ;
- Une biopsie des lésions cutanées ou examen des sécrétions pour la forme lépromateuse.
Quel traitement ?
La lèpre est une maladie curable. Un traitement précoce permet d’éviter les complications. En effet, depuis près de 20 ans, plus de 12 millions de lépreux ont été guéris. La lèpre a été éliminée dans 108 pays parmi les 122 où elle était considérée par l’OMS comme un problème de santé publique.
Depuis les années 80, l’Organisation mondiale de la Santé préconise l’utilisation d’une polychimiothérapie qui repose sur l’association de 3 antibiotiques : la Dapsone, la Rifampicine et la Clofazimine. Ce traitement permet de guérir les malades et d’éviter, lorsqu’il est administré suffisamment tôt, les invalidités. Pour l’instant, aucune résistance à la polychimiothérapie n’a été observée, contrairement à l’utilisation de la Dapsone seule qui avait vu apparaître des résistances dans les années 60 où il était, à ce moment-là, le seul antilépreux disponible. Ces traitements possèdent divers effets indésirables comme : une anémie, des dermatoses allergiques, une toxicité hépatique, un syndrome pseudo-grippal, une thrombopénie (rare), une insuffisance rénale (rare) ou une pigmentation cutanée réversible.
Avec la polychimiothérapie, la lèpre paucibacillaire est guérie en 6 mois et la lèpre multibacillaire en 12 mois. Par ailleurs, les patients ne sont plus infectieux et donc ne peuvent plus transmettre la maladie dès la première dose de traitement.
En 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé présentait sa « stratégie mondiale contre la lèpre 2016-2020 » qui s’articule autour de 3 grands axes :
- Renforcer l’appropriation par les autorités, la coordination et le partenariat en veillant à l’engagement politique et garantissant les ressources adéquates, contribuant à la couverture sanitaire universelle, encourageant les partenariats, facilitant et en menant des travaux de recherche, renforçant la surveillance et les systèmes d’information sanitaire, etc.. ;
- Mettre fin à la lèpre et ses complications en sensibilisant d’avantage les populations, promouvant le dépistage, veillant à la mise en place rapide d’un traitement, améliorant la prévention et la prise en charge des incapacités, renforçant la surveillance de la résistance aux antibiotiques, etc. ;
- Mettre fin à la discrimination et promouvoir l’inclusion en s’attaquant à toutes les formes de discrimination et stigmatisation, favorisant l’autonomie des patients, impliquant les communautés dans la prise en charge des patients, favorisant l’accès aux services de soutien social et financier, soutenant la réhabilitation des patients dans les collectivités, œuvrer pour l’abrogation des lois discriminatoires.
La seule mesure préventive pour cette affection consiste à éviter le contact avec les liquides corporels et l’éruption cutanée des patients infectés. Les proches (surtout les enfants) d’un patient lépreux sont surveillés de manière à détecter précocement une éventuelle contamination.
Publié le 2 février 2018. Mis à jour par Charline D., Docteur en Pharmacie, le 19 mai 2021.
– La lèpre. larousse.fr. Consulté le 19 mai 2021.
– Lèpre. larousse.fr. Consulté le 19 mai 2021.