Anémies


Rédigé par Estelle B. et publié le 5 juin 2024

anémie

L’anémie, ou plutôt les anémies, sont les pathologies caractérisées par une insuffisance d’oxygénation des cellules et des tissus en raison d’une défaillance des globules rouges.  Les causes des anémies sont multiples et elles peuvent survenir à tous les âges de la vie. La forme d’anémie la plus fréquente est l’anémie ferriprive, liée à une carence en fer. L’anémie est également fréquemment observée chez les patients cancéreux. Les traitements des anémies sont étroitement liés à leur cause.

Qu’est-ce qu’une anémie ?

Le sang renferme 3 types de cellules différentes :

  • Les globules rouges (ou hématies) qui renferment l’hémoglobine permettant le transport de l’oxygène des poumons vers les cellules ;
  • Les globules blancs (ou leucocytes) qui défendent l’organisme des infections ;
  • Les plaquettes sanguines, qui sont impliquées dans le processus de coagulation sanguine et la formation des caillots sanguins.

Globules rouge et blanc

Chaque jour, des millions de globules rouges sont produits par la moelle osseuse d’assurer leur bon renouvellement. Pour produire ces globules rouges, l’organisme a besoin de divers composés comme : le fer, la vitamine B12 et la vitamine B9.

Une anémie est définie comme étant une baisse anormale du taux d’hémoglobine dans le sang. L’hémoglobine est le pigment contenu dans les globules rouges et donnant sa couleur rouge au sang. Il assure le transport de l’oxygène des poumons vers les tissus et le transport du dioxyde de carbone des tissus vers les poumons.

Un taux normal d’hémoglobine est variable selon le sexe et l’âge. On parle d’anémie lorsque le pigment atteint des seuils inférieurs à :

  • 14 g/dL (grammes par décilitres de sang) chez un nouveau-né ;
  • 13 g/dL chez un homme adulte ;
  • 12 g/dL chez une femme adulte ;
  • 10,5 g/dL chez une femme enceinte.

Quels sont les différents types d’anémies ?

Il n’existe pas une, mais des anémies. Les différentes anémies sont classées en deux grandes catégories :

  • Les anémies centrales, lorsque la cause de l’anémie résulte d’un dysfonctionnement dans la production de globules rouges ou d’hémoglobine ;
  • Les anémies périphériques.

Les anémies centrales

Les anémies centrales sont directement liées à une production insuffisante de globules rouges et d’hémoglobine au niveau de la moelle osseuse. Différentes anémies centrales sont décrites en fonction du dysfonctionnement de la moelle osseuse :

  • L’anémie ferriprive ou anémie par carence en fer : sans fer, impossible de produire de l’hémoglobine. Une carence en fer implique irrémédiablement une baisse de la production d’hémoglobine. Une carence en fer peut être provoquée par des saignements visibles (par exemple des menstruations abondantes) ou non (comme un ulcère gastroduodénal), un apport insuffisant dans l’alimentation (régime végétarien) ou une mauvaise absorption du fer dans le tube digestif (par exemple dans la maladie cœliaque).
  • L’anémie liée à une carence en vitamine B9: De même, la synthèse de l’hémoglobine nécessite de la vitamine B9, puisque la vitamine B9 est déterminante pour l’absorption du fer issu de l’alimentation. Une carence en vitamine B9 provient souvent d’une alimentation pauvre en légumes verts. Elle peut aussi se manifester en fin de grossesse, dans les maladies inflammatoires intestinales ou la maladie cœliaque.
  • L’anémie liée à la carence en vitamine B12, encore appelée l’anémie de Biermer: la vitamine B12 est essentielle pour la synthèse de l’hémoglobine. Une carence en vitamine B12 est liée à deux situations différentes : un apport alimentaire insuffisant, en particulier chez les sujets végétariens et végétaliens (la vitamine B12 n’est présente que dans les aliments d’origine animale) ou un défaut d’absorption intestinale de la vitamine B12, notamment chez les personnes âgées ou chez les sujets atteints de maladies intestinales inflammatoires (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique) ou de la maladie cœliaque.
  • Une maladie inflammatoire chronique. En effet, les mécanismes inflammatoires observés lors d’une infection, d’un cancer ou d’une maladie inflammatoire chronique requiert du fer qui ne sera alors pas utilisé pour la production des globules rouges ;
  • Un déficit en érythropoïétine (EPO), une hormone produite par le rein et chargée de stimuler l’activité de la moelle osseuse. Ainsi, toute maladie rénale est susceptible de provoquer une anémie ;
  • Un dysfonctionnement de la moelle osseuse qui peut être dû à une maladie, à l’exposition à un produit toxique, à un cancer ou à cause du vieillissement naturel. L’anémie de Fanconi est par exemple une maladie génétique rare, qui entraîne un profond dysfonctionnement de la moelle osseuse (aplasie médullaire). Un autre exemple est l’anémie de Blackfan-Diamond, une anémie présente dès la naissance ;
  • Diverses maladies chroniques, par exemple l’hypothyroïdie ou encore la cirrhose du foie.

À savoir ! Les femmes enceintes sont particulièrement concernées par les carences en fer, particulièrement en fin de grossesse en raison des besoins croissants en fer nécessaires au développement du fœtus et du placenta.

Les anémies périphériques

Les anémies périphériques sont variées, mais plus rares. Dans ces anémies, la production de globules rouges et d’hémoglobine est normale au niveau de la moelle osseuse, mais un problème survient plus tard, lorsque l’hémoglobine doit remplir son rôle d’oxygénation. Elles peuvent être provoquées par différentes causes :

  • Des hémorragies par exemple des règles abondantes chez la femme ou des hémorragies gastro-intestinales dans la rectocolite hémorragique ;
  • Une destruction anormale des globules rouges, notamment en lien avec des structures anormales de l’hémoglobine. L’anémie qui en résulte est dite hémolytique. Elle se retrouve notamment dans les hémopathies congénitales, comme la drépanocytose  – également appelée l’anémie falciforme – ou les thalassémies.
  • Des mécanismes auto-immuns, avec une destruction des globules rouges par les auto-anticorps.

Anémie et cancers

L’anémie est fréquemment associée aux cancers. Dans les cancers du sang, comme les leucémies et les lymphomes, l’anémie est centrale puisqu’il y a une atteinte de la moelle osseuse et elle est présente chez tous les patients dès le diagnostic. Dans les tumeurs solides, l’anémie est le plus souvent provoquée par les traitements anticancéreux administrés. En effet, la chimiothérapie, certaines thérapies ciblées et la radiothérapie peuvent entraîner une anémie. L’anémie apparaît alors plus tard, au cours de la prise en charge thérapeutique.

Il est capital de détecter et de prendre en charge l’anémie liée au cancer, car elle peut affecter l’état de santé du patient et sa réponse aux traitements anticancéreux. Des bilans sanguins réguliers permettent de vérifier le taux d’hémoglobine et de détecter au plus tôt l’anémie pour la prendre en charge.

Comment reconnaître les signes d’une anémie ?

Selon la sévérité de l’anémie, les symptômes sont différents. Dans les premiers stades, elle passe souvent inaperçue et peut s’installer progressivement à l’insu du patient. Souvent, elle est découverte au stade des premiers signes. Quelle que soit la cause, l’anémie se manifeste par des signes caractéristiques, traduisant l’insuffisance d’oxygénation des tissus :

  • Une pâleur ;
  • Un essoufflement à l’effort puis progressivement au repos ;
  • Une fatigue persistante ;
  • Des palpitations ;
  • Des maux de tête ;
  • Des étourdissements, vertiges, faiblesses ;
  • Des difficultés à se concentrer, à lire ou à se souvenir ;
  • Un manque de motivation et d’envie ;
  • Une baisse de la libido ;
  • Des difficultés à effectuer ses activités habituelles ;
  • Un épuisement physique, émotionnel ou psychologique.

La présence d’un ou de plusieurs de ces symptômes doit amener à consulter un médecin. Sans diagnostic ni prise en charge, une anémie peut évoluer vers des formes graves, avec des atteintes cardiaques et/ou pulmonaires, en particulier chez les sujets fragiles.

Comment savoir si on est anémique ? Le diagnostic

Afin d’établir le diagnostic d’une anémie, le médecin prescrit une NFS (numération formule sanguine, aussi appelée un hémogramme) à partir d’un prélèvement sanguin afin de déterminer le taux d’hémoglobine du patient.  C’est l’examen diagnostic clé de l’anémie. Si le taux d’hémoglobine est inférieur aux valeurs normales citées plus haut, le médecin pose le diagnostic d’une anémie. Reste ensuite à savoir si elle est centrale ou périphérique, et quelle est précisément sa cause. Pour cela, le médecin se base sur d’autres paramètres de la NFS (comme le volume globulaire moyen (VGM) ou le taux de réticulocytes) et peut prescrire des examens complémentaires, par exemple :

test anémie

  • Un bilan du fer ;
  • Un dosage de la vitamine B9 et de la vitamine B12 ;
  • Un frottis sanguin, pour rechercher une hémopathie ;
  • Des examens d’imagerie (recherche d’hémorragies digestives) ;
  • Un myélogramme.

Peut-on soigner l’anémie ? Les traitements

La prise en charge de l’anémie dépend de son origine (centrale ou périphérique) et de sa cause. Le degré d’urgence du traitement dépend également de la sévérité de l’anémie. Il y a urgence lorsque le taux d’hémoglobine passe sous la barre de 8 g/dL. Généralement, ce seuil est une indication de transfusion sanguine.

Lorsque l’anémie est liée à une carence (fer, vitamine B9 ou B12), la correction de la carence permet de corriger l’anémie. Une supplémentation est mise en place, soit par voie orale, soit par voie veineuse, soit par voie intramusculaire. Une fois l’anémie corrigée, la supplémentation est stoppée ou maintenue selon le contexte du patient. Par exemple, un sujet végétalien doit prendre une supplémentation en vitamine B12 à vie. Dans d’autres cas, une modification des habitudes alimentaires peut améliorer la couverture des besoins quotidiens.

Traitement anémie

D’autres traitements peuvent être nécessaires en fonction de la cause de l’anémie, par exemple des corticoïdes face aux anémies auto-immunes ou les traitements anticancéreux dans le cadre des leucémies.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Anémie. www.who.int. Consulté le 30 mai 2024.
– Anémie. www.ameli.fr. Consulté le 30 mai 2024.
– ANÉMIE ET CANCER : LE MANQUE DE GLOBULES ROUGES CHEZ LE PATIENT CANCÉREUX. ishh.fr. Consulté le 30 mai 2024.

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