La variole est une maladie infectieuse très contagieuse et très meurtrière. Elle a été éradiquée dans le monde entier en 1980. Le risque d’épidémies de Monkey-pox en Afrique et de Cowpox en Europe est en hausse.
Définition et symptômes de la variole
Qu’est-ce que la variole (smallpox) ?
La variole, ou « petite vérole », fait partie des maladies infectieuses très contagieuses et très meurtrières.
La variole est provoquée par le virus de la variole, un poxvirus ; parmi les poxvirus qui infectent l’homme, le genre orthopoxvirus (grands virus encapsulés à ADN) comprend quatre espèces :
- virus de la variole (VARV)
- Monkeypox virus (MXV)
- Cowpoxvirus (CXV)
- virus de la vaccine (VACV)
La variole a un réservoir naturel humain, mais les infections à Monkeypox et à Cowpoxvirus ont un réservoir naturel animal.
Le virus de la variole se transmet exclusivement par voie interhumaine ; la variole se transmet par des particules en suspension ou des gouttelettes (parole, toux ou éternuements) provenant des personnes infectées, par les systèmes de ventilation en milieu fermé, le linge contaminé, vêtements et draps d’un malade. Le virus envahit la muqueuse oro-pharyngée ou respiratoire puis la peau.
La variole a été éradiquée dans le monde entier en 1980.
Le dernier cas de variole contractée naturellement, remonte à 1977, en Somalie. Le virus ne circule plus et depuis cette date, tous les pays du monde ont abandonné la vaccination antivariolique.
L’immunité de la population mondiale contre les orthopoxvirus, est en décroissance rapide du fait de l’arrêt de la vaccination antivariolique avec une immunité croisée entre les orthopoxvirus.
Si la probabilité d’une réémergence naturelle de la variole est faible, le risque d’épidémies de Monkey-pox en Afrique et de Cowpox en Europe est en hausse.
Infections à Cowpoxvirus – « variole de la vache »
Le virus cowpox est endémique en Europe.
Il s’agit d’une maladie qui entraîne chez le bétail des lésions des pis. L’homme est infecté par contact cutané avec les animaux qui hébergent le CXV (chats et rats). Des épidémies ont été rapportées en Europe entre 2007 et 2013 (France, Allemagne, Angleterre). La transmission à l’homme se fait principalement par contact direct avec des animaux infectés (rongeurs, félins). L’infection à cowpox humain se manifeste cliniquement par une lésion cutanée localisée douloureuse avec une adénopathie locale et des symptômes « grippaux ». Elle guérit en 6 à 8 semaines. Des formes graves, parfois fatales, ont été décrites chez les personnes immunodéprimées.
Infections à Monkeypoxvirus en Afrique – « Variole du singe »
Cette zoonose est due à un virus du même genre que celui de la variole humaine.
Elle sévit dans le centre de l’Afrique tropicale. La variole du singe est une maladie infectieuse émergente dont la présentation clinique est semblable à celle observée chez les patients atteints autrefois de la variole, mais moins grave.
Ces cas de variole du singe ont régulièrement augmenté en République démocratique du Congo probablement du fait du déclin mondial de l’immunité aux virus du genre orthopoxvirus suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique, dans les années 1980.
Ainsi le Monkeypox virus peut être considéré comme un virus potentiellement émergent avec un fort risque d’épidémie et de diffusion du fait de l’exacerbation des transports internationaux et de la perte de la protection vaccinale antivariolique.
« Variole de l’Alaska »
Ces dernières années, quelques personnes ont été infectées par un nouvel orthopoxvirus, cousin très éloigné du virus de la variole (« variole de l’Alaska») détecté aux États-Unis.
Les symptômes sont le plus souvent mineurs : fièvre nocturne, lésion cutanée localisée avec adénopathie, qui a guéri au bout de quelques semaines.
Cette « variole de l’Alaska » serait transmise par de petits mammifères (chats en contact avec des petits animaux sauvages) ; l’infection à l’Homme semble occasionnelle.
Quels symptômes ?
Elle est caractérisée par trois phases : incubation, prodromes, et éruption.
- La période d’incubation (durée entre l’infection et l’apparition des premiers symptômes de la maladie), est de 7 à 17 jours ;
- Les premiers symptômes ressemblent à une grippe : fièvre, malaise, maux de tête, douleurs cervicales, dorsales, abdominales avec des vomissements, puis 2-3 jours plus tard, la température du corps baisse ;
- Une éruption cutanée apparait sur le visage, les mains, les avant-bras puis le tronc et après 1 ou 2 jours, les lésions deviennent vésiculeuses (ressemblant à l’éruption de la varicelle). Le contenu des vésicules se trouble au cinquième jour ; suit une suppuration (pustules), associée à une nouvelle poussée de fièvre, puis, au dixième jour, les lésions se recouvraient d’une croûte (les croûtes contiennent des virus varioliques vivants) qui laisse une cicatrice indélébile (visage grêlé). L’infection est contagieuse pendant les 7-10 premiers jours suivant le début de l’éruption.
Pour la variole, la fièvre apparaît 2 à 4 jours avant l’éruption, tandis que dans le cas de la varicelle, la fièvre et l’éruption apparaissent en même temps. Dans l’éruption variolique, toutes les pustules se trouvent au même stade de développement dans un même endroit du corps, et l’évolution est lente. L’éruption de la varicelle, évolue plus rapidement et on peut voir au même moment des vésicules, des pustules et des croûtes. Au 10eme jour de l’éruption, la plupart des croûtes de la varicelle sont tombées, alors que les croûtes de l’éruption variolique commencent juste à se former. Dans le cas de la variole, les pustules sont localisées sur les bras, les jambes, les paumes des mains et les plante des pieds. Dans le cas de la varicelle c’est sur le tronc que les pustules sont les plus nombreuses.
À savoir ! La variole est une maladie infectieuse très contagieuse. Les premiers symptômes ressemblent à une grippe puis une éruption cutanée ressemblant à celle de la varicelle apparait sur tout le corps, en particulier le visage, avec des pustules qui laissent des cicatrices indélébiles qui défigurent les malades. La mortalité est massive.
Si la probabilité d’une réémergence naturelle de la variole est faible, le risque d’épidémies de Monkey-pox en Afrique et de Cowpox en Europe est en hausse.
Diagnostic et traitements de la variole
Quel diagnostic ?
Pour établir le diagnostic, des vésicules ou des pustules sont prélevées (mise en évidence des particules vaccinales en microscopie électronique).
Une partie du matériel génétique du virus prélevé est ensuite amplifié grâce à une technique appelée PCR (réaction en chaîne par polymérase). Cette méthode permet de détecter de très faibles quantités du virus.
Quel traitement ?
Le traitement de cette affection est essentiellement symptomatique : antibiotiques, pour lutter contre les surinfections bactériennes, antiseptiques locaux sur les lésions cutanées. L’isolement est essentiel pour limiter la propagation du virus.
Le taux de mortalité est d’environ 30 %, la mort étant due à une réponse inflammatoire massive responsable d’un choc avec défaillance multiviscérale, lors de la deuxième semaine de la maladie.
La vaccination mondiale a permis l’éradication de la variole.
À la fin du 18ème siècle, un médecin de campagne anglais, Edward Jenner (1749-1823), fait une découverte importante : une maladie bénigne des vaches, la « vaccine », ressemble à la variole. Les fermières, en contact régulier avec le virus de la vaccine en raison de leur métier, ne contractent pas la variole lors des épidémies.
Le 14 mai 1796 Edward Jenner premier médecin à avoir étudié de façon scientifique le vaccin contre la variole, teste sa théorie en inoculant James Phipps, un jeune garçon de huit ans, avec le contenu des vésicules de vaccine de la main de Sarah Nelmes, une trayeuse qui avait contracté la vaccine transmise par une vache nommée Blossom. La « vaccination » est lancée.
La variole a fait l’objet d’une campagne de vaccination mondiale qui a permis l’éradication de la maladie prononcée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1980.
Un nouveau vaccin antivariolique de 3eme génération : Imvanex®/Imvamune®,
Ce vaccin de troisième génération, vivant, hautement atténué, préparé à partir d’une souche de virus de la vaccine qui ne se réplique pas dans les cellules humaines (contrairement à la précédente version du vaccin), s’est avéré efficace, mais sa durée de vie est courte (3 ans).
Suite à l’importation d’un cas de monkeypox du Nigeria début septembre 2018, les autorités sanitaires du Royaume-Uni ont décidé de recommander la vaccination anti-variolique par le vaccin Imvanex® pour prévenir cette maladie chez les professionnels de santé exposés.
Un premier médicament antipoxviral prometteur : le Tecovirimat (TPOXX®) est un antiviral ayant une activité contre les orthopoxvirus tels que la variole et la variole du singe ; ce premier médicament antipoxviral approuvé aux États-Unis (FDA 2018) pourrait être utilisé pour l’exposition aux virus Orthopox ou pour traiter les personnes après une exposition aux virus orthopox.
À savoir ! La variole a été éradiquée grâce à une vaccination massive et mondiale.Mais, les attentats du 11 septembre ont ravivé les craintes d’utilisation de la variole comme arme biologique (détournement du virus à partir de l’un des laboratoires mondiaux où il est conservé). Son utilisation potentielle comme agent de bioterrorisme fait l’objet de recommandations vaccinales spécifiques et définies en fonction du niveau de menace. L’augmentation du nombre des nouveaux animaux de compagnie, parfois exotiques, pourraient peut-être exposer au risque de transmission de poxvirus zoonotiques à de nouveaux vecteurs et leur diffusion, à de nouvelles régions du monde. La vigilance est donc nécessaire. Malgré une éradication déclarée, la variole fait donc l’objet d’une surveillance du fait d’un risque potentiel de réintroduction accidentelle ou volontaire (bioterrorisme).
Sophie LG – médecin
– Le vaccin contre la variole a été importé au royaume-uni pour les professionnels de santé qui s’occupent des patients atteints de monkeypox. vidal.fr. Consulté le 28 juin 2021.