Paludisme


Rédigé par Charline D. et publié le 5 juillet 2021

moustique avec le paludisme

Le paludisme, aussi appelé malaria est une affection d’origine parasitaire qui se traduit surtout par de la fièvre et des troubles digestifs. Elle est transmise à l’Homme via la piqûre d’un moustique (la femelle du genre Anophèle) infecté essentiellement, et plus rarement à l’occasion d’une transfusion sanguine ou par transmission mère-enfant lors de la grossesse. Le paludisme est responsable chaque année de plus de 400 000 décès à travers le monde. Il n’existe aucun vaccin, et plus alarmant, les insecticides et les médicaments antipaludiques sont de moins en moins efficaces sur les parasites. Il est indispensable d’associer mesures préventives (moustiquaires, insecticide, etc.) et prophylaxie médicamenteuse pour limiter le risque de contamination en cas de voyage en zone endémique.

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Paludisme

Définition et symptômes du paludisme

Qu’est-ce que le paludisme ?

Le paludisme est causé par l’introduction d’un parasite, Plasmodium, appartenant à la famille des protozoaires (organismes constitués d’une unique cellule), dans l’organisme via la piqûre d’un moustique.

On compte 5 espèces différentes de Plasmodium :

  • falciparum majoritaire sur le continent africain. C’est le plus virulent, il cause près de la moitié des décès liés au paludisme ;
  • vivax qui co-existe avec falciparum. Il est surtout présent en Asie, Amérique latine et certaines régions d’Afrique ;
  • ovale est surtout localisé en Afrique de l’Ouest. Il n’est pas mortel, mais peut causer des rechutes plusieurs années après la première infection ;
  • malariae et knowlesi sont moins fréquents.

Les espèces P.vivax et P.ovale ont la caractéristique de séjourner dans le foie sous forme inactive, les symptômes de la maladie peuvent alors se manifester plusieurs fois dans la vie d’un individu.

Le paludisme est majoritairement transmis par la piqûre des moustiques femelles du genre Anopheles. On compte plus de 400 espèces différentes d’Anopheles, et 30 d’entre-elles sont des vecteurs du paludisme. Les moustiques incriminés dans la maladie piquent tous de la fin de soirée à l’aube.

Le cycle du plasmodium est compliqué, on distingue deux phases principales : l’une chez l’homme et l’autre chez le moustique. L’Anophele pique l’Homme et lui injecte le parasite sous forme de « sporozoïde » qui gagne rapidement le foie via la circulation sanguine. Une fois dans le foie, il se multiplie pour donner naissance à des milliers de « mérozoïtes ». La cellule hépatique éclate et les libère. Les parasites pénètrent dans les globules rouges pour se multiplier. Ils éclatent à leur tour, et les mérozoïtes libérés infectent d’autres globules rouges. Lorsqu’un moustique pique un individu infecté, il ingère les parasites présents dans le sang, et se logent au niveau des glandes salivaires du moustique. Un nouveau cycle peut recommencer.

En 2019, l’OMS a répertorié 229 millions de cas de paludisme dont 409 000 décès. Plus de 90% de ces malades étaient localisés en Afrique Subsaharienne. En France, on compte chaque année environ 5500 cas d’importation. Les moins de 5 ans sont les plus touchés.

Les symptômes du paludisme surviennent dans les quelques jours (9 à 30 jours), selon l’espèce de Plasmodium, qui suivent la contamination par la piqûre de moustique.

La maladie se manifeste par les symptômes d’un syndrome pseudo-grippal tels qu’une fièvre, des maux de tête, des vomissements, des douleurs musculaires et de la fatigue. A noter que dans la majorité des cas, la fatigue survient en même temps que les symptômes digestifs (nausées, vomissements, diarrhée, etc.).

Sans traitement précoce dans les 24h, un paludisme provoqué par P.falciparum, évolue vers des manifestations plus sévères, souvent mortelles. On parle de paludisme (à P.falciparum essentiellement) grave lorsqu’un organe vital est atteint, soit d’emblée soit suite à un retard de prise en charge. Les complications sont variables (détresse respiratoire, insuffisance rénale, coma, convulsions, etc.) et peuvent causer des séquelles irréversibles voire le décès. Le risque de développer un paludisme grave concerne essentiellement les voyageurs et les enfants n’ayant jamais été infectés.

A propos des femmes enceintes, les risques sont : un avortement spontané et un faible poids à la naissance. Chaque année, environ 800 000 nouveau-nés naissent avec un poids trop faible à cause du paludisme contracté par la mère.

Le paludisme est partiellement immunisant pour les individus qui vivent en zone endémique. Ils peuvent contracter plusieurs fois la maladie, mais les symptômes sont de moins en moins sévères au fil des contaminations.

Diagnostic et traitement du paludisme

Quel diagnostic ?

Le diagnostic du paludisme repose sur la présence des symptômes caractéristiques de la maladie et sur l’interrogatoire du patient (contexte de la contamination, par exemple le voyageur revenant d’une zone endémique).

Il est confirmé par l’analyse du sang au microscope.

Un test rapide est disponible dans les zones endémiques. Il est proposé pour toute suspicion de paludisme.

Quel traitement ?

L’OMS recommande de traiter le paludisme à P.falciparum avec des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) associée à une autre molécule comme la luméfantrine ou la pipéraquine. Ce sont, actuellement, les antipaludéens les plus efficaces.  Ils sont choisis en fonction des souches locales de paludisme à P.falciparum. Ces bithérapies ont une meilleure efficacité et réduisent le risque de résistances par rapport à une monothérapie. Le traitement est prescrit pour plusieurs jours.

A propos du paludisme à P.vivax, la chloroquine reste le traitement de référence dans les zones où il fonctionne encore. L’utilisation d’une CTA est recommandée dans les régions où des résistances se sont développées.

paludisme

Le paludisme grave nécessite l’injection (intraveineuse ou intramusculaire) d’artésunate pendant au moins 24h suivi d’une CTA de 3 jours.

A noter ! Toute fièvre chez un individu ayant séjourné récemment dans un pays endémique est considérée comme liée au paludisme et doit être traité comme tel par bithérapie jusqu’à preuve du contraire. L’objectif est de prescrire les traitements assez tôt pour limiter les complications. Cette stratégie fonctionne puisqu’elle a permis de faire diminuer la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans de 55% depuis le début des années 2000.

Des mesures préventives peuvent être adoptées pour limiter les risques de contamination. Elles sont de plusieurs types :

  • Des mesures environnementales telles que l’assainissement des zones humides, le recours aux insecticides pour lutter contre les moustiques, la protection des habitations par des moustiquaires sont nécessaires pour faire reculer le paludisme ;
  • Des mesures individuelles. Il est conseillé de porter des vêtements suffisamment couvrants et d’utiliser des répulsifs anti-moustiques pour éviter les piqûres de moustique. Il faut protéger l’habitation avec des moustiquaires imprégnées d’insecticide, particulièrement au niveau des lits;
  • La prophylaxie médicamenteuse. Pour un voyage en zone à risque d’endémie, plusieurs molécules peuvent être utilisées en prévention du paludisme, comme la chloroquine, la quinine ou encore la méfloquine. Le traitement préventif est choisi par un médecin selon la zone visitée, de la durée du voyage, et le profil du voyageur (âge, antécédents, tolérance aux antipaludéens, etc.). A noter que les molécules utilisées n’assurent pas une protection totale contre le parasite.

De manière générale, aucune méthode préventive ne permet à elle seule de se protéger totalement contre la maladie. Il est donc indispensable d’associer plusieurs protections comme les moustiquaires, les insecticides, etc.

Le vaccin RTS,S contre le paludisme est actuellement à l’étude dans plusieurs pays d’Afrique depuis 2018. Il est très difficile pour les scientifiques de développer un vaccin, en lien avec le fait que le parasite passe par plusieurs stades successifs et adopte à chaque fois une forme différente avec des anticorps différents.

Publié le 23 mai 2016. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 5 juillet 2021.

Sources
– Paludisme. who.int. Consulté le 5 juillet 2021.
– Paludisme. inserm.fr. Consulté le 5 juillet 2021.

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