L’anémie de Fanconi est une pathologie d’origine génétique rare. Elle concerne 1 naissance sur 300 000. On compte entre 200 et 250 individus atteints de la maladie de Fanconi sur le territoire Français. Elle se traduit par diverses malformations congénitales, une aplasie médullaire et une prédisposition à certains cancers. Le diagnostic repose sur des tests génétiques. La prise en charge est surtout symptomatique, basée sur des transfusions, voire dans certains cas une greffe de moelle osseuse.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que l’anémie de Fanconi ?
L’anémie de Fanconi est une affection congénitale caractérisée par diverses malformations (surtout osseuses, mais aussi cutanées, urogénitales, cardio-pulmonaires ou nerveuses), des troubles hématologiques affectant toutes les lignées cellulaires (globules rouges, globules blancs, plaquettes) et un risque plus élevé de leucémies ou de cancers.
C’est une maladie génétique rare de la réparation de l’ADN, à transmission principalement autosomique récessive. Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme. Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.
On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales. Pour être atteint, le patient a donc reçu du père et de la mère le gène porteur de l’anomalie. Le terme « autosomique » signifie que l’anomalie génétique porte sur un chromosome non sexuel.
À savoir ! La maladie doit son nom au Dr Fanconi (pédiatre suisse) qui l’a décrite pour la première fois en 1927.
Quels symptômes ?
L’anémie de Fanconi est caractérisée par un ensemble de symptômes, extrêmement variables dont des malformations qui peuvent affecter :
- Le squelette, par exemple des anomalies des pouces ou une microcéphalie (périmètre crânien inférieur à la normale) ;
- Les reins et l’appareil urogénital ;
- L’appareil auditif ;
- Les yeux ;
- La peau (présence de taches) ;
- Des glandes endocrines (toute glande produisant des substances destinées à être utilisées à l’extérieur du corps, par exemple au niveau de la peau, des voies respiratoires ou des voies digestives) ;
- Du système nerveux central (encéphale et moelle épinière) ;
- Du cœur ;
- Des poumons.
Les individus atteints de la maladie de Fanconi sont généralement de petite taille. C’est l’une des caractéristiques les plus fréquentes. Le retard de croissance débute dès la vie utérine, et les nouveaux nés naissent généralement plus petits.
Les retards de développement intellectuel et psychomoteur sont peu fréquents.
L’âge de survenue d’une atteinte de la moelle osseuse varie beaucoup, y compris dans une même fratrie. La majorité des patients (environ les 3 quarts) développent une aplasie médullaire (insuffisance voire arrêt de production par la moelle osseuse des différentes cellules sanguines) plus ou moins sévère avant l’âge de 10 ans. Les premiers signes de l’aplasie médullaire sont des cytopénies (diminution du taux de cellules sanguines) qui débutent par :
- Une thrombopénie ou baisse des plaquettes ;
- Une neutropénie, c’est-à-dire une diminution des globules blancs ;
- Une anémie ou baisse des globules rouges.
Plus le temps passe, plus l’aplasie médullaire est sévère, et engendre des infections répétées et une nécessité des perfusions.
Chez ces patients, le risque de développer un cancer est plus fréquent que dans la population générale. Ils surviennent, en effet, à un âge jeune, et chez des personnes non exposées aux facteurs de risque classiques comme le tabac et l’alcool.
Le cancer épidermoïde de la tête et du cou est la tumeur la plus fréquente chez les patients atteints de la maladie de Fanconi. Ce cancer est 500 à 700 fois plus fréquent que dans la population générale, ce qui justifie une surveillance rapprochée dès l’âge de 10 ans.
Les tumeurs des parties gynécologiques (vulve, vagin, col utérin principalement) sont également plus élevées que dans la population, et impliquent donc un suivi systématique dès que les menstruations apparaissent.
Pour les patients non greffés, la survenue d’une leucémie est souvent observée. Ainsi, un suivi annuel de la moelle osseuse est mis en place.
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Le diagnostic de la maladie de Fanconi est souvent difficile et tardif. En effet, il est généralement évoqué en raison des malformations congénitales, ou en cas d’insuffisance de la moelle osseuse.
À savoir ! Une absence de dysfonction de la moelle osseuse n’élimine pas nécessairement le diagnostic de l’anémie de Fanconi.
Ainsi, l’anémie de Fanconi est plus largement diagnostiquée tardivement au stade d’insuffisance médullaire, entre l’âge de 4 et 10 ans. Il est important de tester également la fratrie, même lorsqu’ils n’ont aucun symptôme.
Le diagnostic de certitude est génétique, et repose sur 3 tests :
- Le test des cassures chromosomiques qui est le premier à être réalisé en cas de suspicion de maladie de Fanconi. Il repose sur l’analyse d’une goutte de sang au microscope auquel on ajoute des substances cassant l’ADN. Si les cellules sont capables de se réparer seules, alors l’individu n’est pas atteint de la maladie ;
- L’étude des fibroblastes est une étude complémentaire sur des cellules non sanguines (les fibroblastes cutanés). Elle nécessite une biopsie cutanée ;
- L’identification du gène FANC impliqué dans la maladie. Pour cela, des prélèvements sanguins sont envoyés au laboratoire de génétique de l’hôpital Saint-Louis à Paris.
À savoir ! Un diagnostic prénatal ou préimplantatoire peut être proposé.
Quel traitement ?
Mise à part la greffe de moelle osseuse, les traitements sont symptomatiques. Ils permettent uniquement d’améliorer la survie et la qualité de vie du patient. La prise en charge est multidisciplinaire. Elle repose essentiellement sur des transfusions sanguines ou des androgènes par voie orale. La greffe de moelle osseuse, bien que curative, peut exposer à un risque accru de tumeurs et impose une surveillance particulière.
Même si d’un point de vue microscopique les cancers chez les individus atteints de la maladie de Fanconi sont semblables à ceux observés dans la population, l’anémie de Fanconi est une maladie de la réparation de l’ADN, ainsi les traitements sont différents. En effet, les traitements classiques sont trop agressifs pour les patients qui nécessitent des protocoles adaptés à leur fragilité.
Charline D., Docteur en pharmacie