Syndrome de Cohen


Rédigé par Charline D. et publié le 9 mars 2018

Syndrome de CohenLe syndrome de Cohen est une maladie génétique rare affectant le développement d’un individu. Le trouble se traduit par un retard de développement et des anomalies morphologiques.

Définition

Qu’est-ce que le syndrome de Cohen ?

Le syndrome de Cohen est une pathologie génétique rare encore méconnue. Elle a été décrite pour la première fois en 1973 par le docteur Cohen.
La maladie se manifeste par des signes cliniques très spécifiques et touche autant les hommes que les femmes. Le nombre d’individus souffrant de ce trouble est inconnu. Jusqu’à présent, environ 200 cas de la maladie ont été reportés. Le syndrome semble par ailleurs surreprésenté dans la population finlandaise ainsi qu’au sein de certaines familles Amish, grecques ou méditerranéennes et irlandaises.

Le gène responsable de la maladie s’appelle le gène VPS13B localisé sur le chromosome 8. Ce gène sert d’ordinaire à produire la protéine du même nom qui joue un rôle important dans le fonctionnement de l’appareil de Golgi, plus précisément dans la glycosylation (réaction chimique consistant à lier un glucide à une molécule) des protéines. L’appareil de Golgi est un organite cellulaire dont la fonction principale est d’assurer le stockage et le transport des différentes protéines et lipides produits par la cellule. Il permet d’ajouter des modifications aux protéines nouvellement produites ayant pour objectif de les rendre fonctionnelles.

Ainsi, une altération du gène VPS13B entraîne un dysfonctionnement de l’appareil de Golgi (plus précisément concernant la glycosylation des protéines) ayant pour conséquence la production de protéines non fonctionnelles.

Bien que l’on sache qu’une mutation du gène VPS13B altère le processus de glycosylation des protéines, le lien entre glycosylation et les divers symptômes n’a pas encore été établi.

Comment se transmet la maladie ?

Le mode de transmission de la maladie est dit autosomique (autrement dit qui ne concerne pas les chromosomes sexuels) récessif (signifiant que pour déclarer la maladie, les deux chromosomes doivent être atteints de la même anomalie).

Un enfant issu de deux parents porteurs de l’anomalie génétique sur l’un de leur chromosome a donc :

  • 25% de risque d’être atteint (dans le cas où il reçoit le chromosome anormal de sa mère et le chromosome anormal de son père) ;
  • 50% de risque d’être porteur de l’anomalie sans être malade (dans les cas où il reçoit un seul chromosome anormal, soit de sa mère, soit de son père) ;
  • 25% de chance d’être sain (dans le cas où il reçoit le chromosome sain de sa mère et le chromosome sain de son père).

Dans le cas où un seul des deux parents est porteur de l’anomalie génétique, l’enfant a :

  • 50% de risque d’être porteur sain (lorsque le parent porteur de l’anomalie transmet son chromosome anormal) ;
  • 50% de chance d’être sain (lorsque le parent porteur de l’anomalie transmet son chromosome sain).

Ainsi, dans ce cas de figure, l’enfant ne développera jamais la maladie. Cependant, il est susceptible de transmettre l’anomalie à sa descendance.

Symptômes

Les symptômes provoqués par le syndrome de Cohen sont d’ordre physique et intellectuel. Cependant, les symptômes peuvent varier d’une famille à une autre.

Les anomalies morphologiques ne sont pas visibles dès la naissance, mais apparaissent progressivement dans l’enfance :

  • Dysmorphie (synonyme médical de déformation) faciale ;
  • Microcéphalie (crâne anormalement petit) ;
  • Hyperlaxité des ligaments ;
  • Obésité du tronc ;
  • Extrémités fines ;
  • Anomalie de la rétine ;

Une neutropénie (faible taux de globules blancs dans le sang) avec infections fréquentes peut en revanche être présente dès la naissance du patient.

Ainsi, les premiers signes de la maladie se traduisent par des difficultés pour s’alimenter, une hypotonie (autrement dit le nourrisson est « mou »), une microcéphalie, une hyperlaxité ligamentaire et un retard de développement se manifestant par des difficultés pour se retourner, s’asseoir ou être autonome.

Les patients sont généralement de petite taille avec des mains et des pieds courts et étroits. Une obésité du tronc apparaît à l’adolescence. La dysmorphie faciale est visible au 5ème anniversaire du petit patient et devient de plus en plus évidente entre 7 et 14 ans et à l’âge adulte. Cette dernière ce traduit notamment par :

  • Une implantation des cheveux basse ;
  • Des cheveux épais ;
  • Un philtrum (sillon reliant le nez aux lèvres) court ;
  • Des paupières arquées ;
  • Des cils longs et épais ;
  • Des incisives supérieures proéminentes.

Par ailleurs,  le développement de la parole est retardé. On note également parfois des infections récurrentes des voies respiratoires (dues à la neutropénie). Une déficience intellectuelle est présente cependant elle n’entrave pas l’apprentissage de nouvelles notions. Les patients sont souvent enjoués et sociables.

Dans l’adolescence, une myopie et un strabisme se manifestent, accompagnés dans la majorité des cas d’une dystrophie choriorétinienne. Le champ de vision se réduit et la vue commence à se détériorer vers l’âge de 30 ans. Bien que les troubles visuels liés à la maladie soient sévères, ils ne conduisent pas à la cécité.

Finalement, l’espérance de vie des patients atteints de cette maladie n’est pas réduite. En revanche, leur qualité de vie est affectée en raison de la déficience visuelle.

Diagnostic

Pour diagnostiquer le syndrome de Cohen, il faut associer l’observation clinique des symptômes à un test génétique moléculaire permettant de visualiser la présence d’une anomalie sur le gène VPS13B.

À savoir ! Un diagnostic prénatal est possible dans le cas où des anomalies ont déjà été identifiées chez des membres de la famille.

Traitement

La prise en charge du syndrome de Cohen comprend plusieurs objectifs :

  • Dépister et prendre en charge les complications (ophtalmiques, infectieuses, hématologiques, etc.) ;
  • Assurer une prise en charge précoce et spécialisée (psychologue, orthophonie, ergothérapeute, etc.) afin de favoriser les acquisitions motrices ;
  • Assurer l’éducation thérapeutique et la prise en charge globale du patient et de sa famille.

La prise en charge de la maladie repose sur une coopération multidisciplinaire autour du patient et coordonnée par un médecin du centre. En effet, elle concerne de nombreux professionnels de santé aussi bien en ville qu’à l’hôpital qui doivent travailler conjointement avec le médecin traitant (ou pédiatre) du patient. Par ailleurs, une coordination avec un établissement spécialisé pour personnes malvoyantes est nécessaire.

La déficience intellectuelle liée au syndrome de Cohen nécessite une éducation spécialisée dans des écoles adaptées. Le recours à l’orthophonie durant les années préscolaires est important afin de favoriser le développement de la parole chez l’enfant. La kinésithérapie est également primordiale pour prendre en charge le retard moteur et l’hypotonie des patients. Un examen ophtalmologique doit être effectué pour déterminer l’acuité visuelle et le port de lunette est nécessaire.

Les infections respiratoires doivent être soignées par antibiothérapie. Par ailleurs, un traitement visant à pallier le manque de globules blanc doit être instauré.

Aucun traitement ne permet de ralentir la progression des anomalies rétiniennes. Les patients peuvent avoir recours si besoin à des formations pour personnes malvoyantes.

Enfin, un support psychologique est proposé au patient et à sa famille.

Charline D., Pharmacien

– Syndrome de Cohen. Orphanet. Consulté le 8 mars 2018.
– Répercussions orales du syndrome de Cohen : Etude clinique prospective à propos de 12 cas. Anahide Marcelet. Thèse d’odontologie. 2016.

Lire nos autres dossiers Maladies