Co-infection VIH et hépatites


Rédigé par Camille H. et publié le 17 novembre 2017

Une co-infection, est une infection simultanée par plusieurs virus. Les virus sont des organismes de très petite taille qui utilisent une cellule de l’organisme pour se reproduire. C’est alors la cellule infectée qui produit les nouveaux virus.

On appelle co-infection VIH-VHB l’infection simultanée par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et par le virus de l’hépatite B (VHB). La co-infection VIH-VHC est la co-infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et le virus de l’hépatite C (VHC).


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Le SIDA en France

co-infection de plusieurs virus

Caractéristiques d’une co-infection VIH et virus hépatique

Au fur et à mesure que le virus se multiplie dans l’organisme, les défenses immunitaires s’affaiblissent, et l’organisme a de plus en plus de mal à lutter contre les maladies et les agents infectieux. Il devient sensible à tous les microbes et vous tombez alors malade très facilement : c’est le stade de la maladie le plus avancé que l’on appelle le Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise (SIDA). Les maladies susceptibles de se développer sont appelées « maladies opportunistes » car elles « profitent » de l’affaiblissement du système immunitaire pour s’installer.

Quant aux hépatites, ce sont des maladies liées à un virus qui infecte les cellules du foie, induisant une inflammation de ce dernier et une perturbation de son fonctionnement. On distingue hépatite aiguë (infection récente) de l’hépatite chronique (le virus persiste plus de 6 mois après l’infection).

Évolution des co-infections

Co-infection VIH-VHC

Si vous êtes infecté par le VIH et que vous développez une hépatite C aiguë, vous aurez moins de chances que cette dernière guérisse spontanément, comme cela est le cas pour 10 à 50 % des cas d’infection à la seule hépatite C.

L’infection VIH impacte également la progression de l’hépatite C chronique, induisant notamment :

  1. Une quantité de virus dans l’organisme plus élevée, et donc une plus forte contagiosité ;
  2. Une progression plus rapide de la fibrose du foie vers un stade sévère et donc un risque augmenté de cancer du foie ;
  3. Un risque de cirrhose 2 à 5 fois plus élevé.

En revanche, l’hépatite C n’a pas d’influence sur l’évolution de l‘infection par le VIH.

Comme dans le cas d’une mono-infection par le VHC (c’est-à-dire par le VHC uniquement), d’autres facteurs indépendants aggravent la progression de la fibrose : excès de poids, consommation d’alcool ou encore tabagisme, par exemple.

Co-infection VIH-VHB

L’infection VIH impacte également la progression de l’hépatite B chronique, induisant notamment :

  1. Une aggravation générale de l’infection ;
  2. Un risque de passage de la forme aiguë à la forme chronique multiplié par 5 ;
  3. Une progression plus rapide de la fibrose du foie vers un stade sévère et donc un risque augmenté de cancer du foie.

En revanche, l’hépatite B n’a pas d’influence sur l’évolution de l‘infection par le VIH.

Comme dans le cas d’une mono-infection par le VHB (c’est-à-dire par le VHB uniquement), d’autres facteurs indépendants aggravent la progression de la fibrose : excès de poids, consommation d’alcool ou encore tabagisme, par exemple.

Prévention

Prévention de la transmission sexuelle des virus

Le préservatif constitue le seul moyen de contraception permettant de se protéger de la transmission sexuelle du VIH et du VHB. L’efficacité des préservatifs n’est maximale que lorsqu’ils sont utilisés systématiquement et correctement, sans rupture ou glissement. Parlez-en avec votre médecin ou votre pharmacien pour connaître les bons réflexes à adopter.

Si vous avez été dépisté par une ou plusieurs de ces infections, parlez-en à votre partenaire, ce qui vous permettra d’adapter vos pratiques sexuelles et de limiter le risque de transmission. Un test de dépistage peut également être effectué conjointement avec votre partenaire.

Prévention de la transmission entre usagers de drogues

Il existe un véritable risque de transmission du virus entre les usagers de drogues injectables qui partagent du matériel d’injection contaminé. L’accès à du matériel stérile, les traitements de substitution aux substances psychoactives, ou encore l’éducation aux risques liés à l’injection sont autant de méthodes participant à limiter ce mode de contamination.

Dépistage

Plus vous êtes dépisté tôt, meilleure sera votre prise en charge. Si vous vous reconnaissez dans les groupes de population à risque ou si vous avez des pratiques à risque, le dépistage vous est particulièrement recommandé.

Si vous n’avez jamais été dépisté auparavant, il existe également de nombreuses occasions au cours desquelles un tel test vous sera proposé, et de nombreuses structures offrant des tests de dépistage rapides anonymes et gratuits (du VIH, du VHB, du VHC ou de plusieurs à la fois), par simple piqûre au bout du doigt. Certains de ces tests nécessiteront cependant une confirmation du résultat par un test classique réalisé en laboratoire.

Vaccination

Si vous vivez avec le VIH et que vous êtes co-infecté par le VHB ou le VHC, vous pouvez vous faire vacciner contre l’hépatite A : cette pratique est largement recommandée, elle vous évitera la possibilité d’une infection par un nouveau virus.

Il vous est également recommandé de vous faire vacciner si vous vivez avec le VIH et que vous n’êtes pas immunisé contre le VHB. La vaccination vous protègera également de contracter le VHB. Votre partenaire peut également se faire vacciner.

Traitements des co-infections

L’objectif est d’adopter une stratégie de traitement globale intégrant :

  1. Un traitement antiviral qui lutte contre les hépatites en freinant la reproduction des virus
  2. Un traitement antirétroviral luttant contre l’infection VIH et renforçant votre système immunitaire

Si nécessaire, en cas de problème de tolérance au traitement ou d’inefficacité, le traitement initial pourra être modifié.

Traitement de la co-infection VIH-VHC

Si vous êtes co-infecté VIH-VHC, le traitement antirétroviral contre le VIH est prioritaire sur le traitement contre l’hépatite C car un traitement efficace diminue la progression de la fibrose et réduit la mortalité liée à l’hépatite C. Il est cependant possible d’ajouter à ce traitement antirétroviral un traitement luttant directement contre l’infection VHC.

Le seul risque à considérer est la toxicité de certains antirétroviraux sur le foie. Le risque de toxicité varie entre les différentes molécules disponibles ; votre traitement sera choisi en tenant compte de ce risque.

Le traitement de l’hépatite C aiguë est généralement une bithérapie.Dans le cas d’une hépatite C chronique, le choix d’une bithérapie ou trithérapie varie selon plusieurs facteurs (l’état de votre foie, quelle souche du VHC vous a infecté, si vous avez déjà été en échec de traitement, etc.) et nécessite systématiquement qu’une équipe médicale multidisciplinaire se concerte.

Traitement de la co-infection VIH-VHB

Du fait de la dégradation rapide de l’état du foie en cas de co-infection VIH-VHB, un traitement global des deux infections doit être mis en route dès que possible. Il inclut généralement deux antirétroviraux actifs sur le VHB, c’est-à-dire deux molécules utilisées dans la lutte contre le VIH qui ont aussi un effet contre le VHB.

Il est fortement recommandé de ne jamais interrompre de traitement antirétroviral sauf cas exceptionnel qui devra être discuté avec l’équipe médicale.

Traitements non pharmacologiques

La découverte de votre co-infection et l’initiation d’un traitement peuvent être accompagnées de la mise en place d’un programme de soutien et d’éducation thérapeutique visant à mieux comprendre votre maladie et gérer votre traitement. Les associations de patients peuvent également s’avérer d’une grande aide, n’hésitez pas à les contacter.

Par ailleurs, la prévention des complications de la maladie et l’amélioration de votre état de santé peuvent nécessiter l’instauration de mesures diététiques (régime alimentaire varié et équilibré) et la pratique d’une activité physique régulière et adaptée.

Transmission

Le VHB, dont le pouvoir contaminant est environ 100 fois supérieur à celui du VIH, se transmet par le sang et les sécrétions génitales, voire le lait maternel. VIH et VHB partagent les mêmes voies de contamination. Le VHC, quant à lui, se transmet par le sang essentiellement. Il y a donc risque de contamination en cas de :

  1. rapports sexuels non protégés ;
  2. transfusion sanguine (de sang contaminé), mais ce risque est contrôlé en France par un dépistage systématique des donneurs de sang ;
  3. piqûre avec des seringues contaminées, chez les toxicomanes ou le personnel médical (risque contrôlé par l’utilisation de matériel à usage unique) ;
  4. tatouages, piercing, scarification, coupures faits avec des instruments contaminés ;
  5. griffures par des personnes porteuses, petites coupures ou piqûres faites par des rasoirs ou ciseaux à ongles contaminés et partagés ;
  6. transmission de la mère à l’enfant (pour le VIH et VHB essentiellement).

Vous êtes donc particulièrement à risque de développer une mono ou co-infection si vous êtes un homme ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ou un usager de drogues injectables (UDI).

Si vous êtes infecté par le VIH, il est fortement recommandé que vous fassiez un test de dépistage du VHB et du VHC et que vous vous fassiez vacciner pour le VHB si vous n’êtes pas immunisé. Découvertes précocement, ces co-infections se soignent mieux.

Épidémiologie des co-infections

Environ 30 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont co-infectées par une hépatite chronique B et/ou C, ce qui impacte fortement leur état de santé et leur taux de mortalité.

Dans le cas de telles co-infections, il est nécessaire d’adopter un traitement global de l’ensemble des infections, associant les traitements contre les hépatites au traitement luttant contre l’infection VIH, le tout en tenant compte des troubles associés qui peuvent se développer pendant la maladie. Par ailleurs, les antirétroviraux, molécules utilisées contre le VIH, peuvent être toxiques pour le foie, il s’agit donc d’un aspect du traitement qu’il convient de surveiller.

Co-infection VIH-VHC

En France, environ 24.3% des PVVIH sont infectés par le VHC. Le chiffre varie en fonction du mode de contamination – les patients les plus touchés étant les usagers de drogues injectables (UDI) avec 90% de co-infection et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) 10% (source: Ministère de la Santé).

Co-infection VIH-VHB

Le VIH et le VHB partagent les mêmes modes de transmission, c’est pourquoi beaucoup de PVVIH ont déjà été en contact avec le VHB, sans pour autant développer d’hépatite B. En 2004,la prévalence d’une infection VHB active est estimée à environ 37.6 % chez les PVVIH en France (source: Ministère de la Santé).

Surveillance

Si le test de dépistage du VHB et du VHC revient négatif alors que vous vivez avec le VIH, il faudra surveiller annuellement que vous ne contractiez pas ces nouvelles infections, surtout si vous prenez des risques.

En cas de co-infection avérée VIH-VHB ou VIH-VHC, la quantité de virus dans votre organisme et l’état de votre foie seront régulièrement évalués. Cela permettra de détecter toute aggravation de votre état, mais aussi de tester l’efficacité de votre traitement (et d’en changer si votre médecin le juge nécessaire), et de lutter contre les effets indésirables. Tout autre trouble développé sera également recherché pour pouvoir être traité le plus tôt possible.

Évaluation de la qualité de vie

Afin d’améliorer votre prise en charge, votre médecin peut évaluer les effets de ces co-infections sur votre vie quotidienne et sur votre état psychologique, afin de « mesurer » le retentissement de la maladie et/ou de votre traitement sur votre qualité de vie.

Pour cela, plusieurs échelles existent : des échelles génériques mesurant l’impact de votre état de santé sur votre qualité de vie, mais aussi des échelles du retentissement spécifique de l’infection VIH ou de l’infection VHC sur votre qualité de vie. Il s’agit d’auto-questionnaires, c’est-à-dire que vous répondez vous-même aux questions du test, souvent par oui ou par non, et votre médecin interprète les résultats.


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