Encéphalopathie glycinique


Rédigé par Charline D. et publié le 28 janvier 2020

Encephalopathie-glycinique

L’encéphalopathie glycinique, ou hyperglycémie sans cétose ou non cétosique, est une maladie rare résultant d’une anomalie génétique au niveau du métabolisme d’un acide aminé, la glycine. Ses manifestations plus ou moins sévères sont causées par l’accumulation de glycine dans les tissus, notamment dans le cerveau. Le diagnostic est évoqué devant un taux élevé de glycine dans le sang ou dans le liquide céphalorachidien. D’autres examens (EEG, tests génétiques) sont nécessaires pour confirmer le diagnostic. Le pronostic est variable, cependant, il est souvent fatal. Il n’existe pas de traitement pour cette pathologie.

Définition

Qu’est-ce que l’encéphalopathie glycinique ?

L’encéphalopathie glycinique, aussi appelée hyperglycémie sans cétose est une pathologie métabolique d’origine génétique. En effet, à cause d’une anomalie dans le code génétique, l’enzyme (SCG ou système de clivage de la glycine) nécessaire à la régulation du métabolisme de la glycine, un acide aminé, n’est pas synthétisée correctement. La glycine, toxique pour le cerveau, s’accumule dans l’organisme.

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Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines.

La glycine est un acide aminé dit « non essentiel », autrement dit, elle est naturellement produite par l’organisme. La glycine a des propriétés anti oxydantes, cicatrisantes et immunitaires. Elle participe à la gestion du sucre dans l’organisme, mais assure aussi :

  • Une action apaisante, calmante au niveau des neurones (cellules nerveuses) ;
  • La synthèse de créatinine permettant un meilleur rendement énergétique et une meilleure récupération musculaire ;
  • Une intervention dans la synthèse d’ADN (et d’ARN) ;
  • La production de l’hormone de croissance ;
  • La tolérance au glucose en assurant sa mise en réserve sous forme de glycogène ;
  • L’abaissement du taux de triglycérides et de cholestérol dans le sang ;

On distingue trois types d’encéphalopathie glycinique, selon l’âge de survenue de la maladie :

  • L’encéphalopathie glycinique néonatale. Cette forme de la maladie se manifeste dans les jours qui suivent la naissance, et représente la majorité des patients.
  • L’encéphalopathie glycinique infantile qui survient pus tardivement, à savoir dans les mois qui suivent la naissance ;
  • L’encéphalopathie glycinique atypique débute et se manifeste différemment des deux autres formes d’encéphalopathie glycinique. Cette forme est extrêmement rare, seule une vingtaine de cas ont été décrits à ce jour.

À savoir ! Selon la sévérité des symptômes, et indépendamment de l’âge de survenue de la maladie, on distingue les encéphalopathies glyciniques : sévères, atténuées et atypiques

La maladie est d’origine génétique. Deux gènes ont été identifiés comme étant impliqués dans les formes néonatales et infantiles de la maladie : le GLDC et le AMT. Lorsque l’un de ces deux derniers gènes est anormal, l’activité de la SCG (ou système de clivage de la glycine) est impactée, et la glycine s’accumule dans l’organisme. Concernant les formes atypiques, aucune cause n’est identifiée à ce jour.

Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme.  Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.

L’encéphalopathie glycinique est une maladie dite « autosomique récessive ».

Le terme autosomique signifie que le gène impliqué n’est pas porté par un chromosome sexuel, mais par l’une des 22 autres paires de chromosomes. Ainsi, les deux sexes sont concernés de la même manière par la maladie.

On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales. Ainsi, un individu porteur risque de transmettre la maladie à sa descendance si son partenaire est également porteur de l’anomalie.

À savoir ! Le nombre de cas d’encéphalopathie glycinique est inconnu. Seuls quelques chiffres ont été rapportés : 1 individu sur 55 000 en Finlande, et 1 individu sur 63 000 en Colombie et au Canada

Symptômes, Diagnostic et traitement

Quels symptômes ?

Les symptômes peuvent débuter quelques jours ou plusieurs mois après la naissance, selon la forme d’encéphalopathie glycinique. La sévérité des manifestations est variable, elle peut être légère comme sévère :

  • Léthargie ;
  • Coma ;
  • Hypotonie ;
  • Spasticité (contraction musculaire incontrôlée) ;
  • Epilepsie résistante aux traitements ;
  • Hoquet ;
  • Troubles respiratoires ;
  • Troubles de la déglutition ;
  • Déficit intellectuel ;

Quelques patients souffrent d’un retard de développement et d’une épilepsie modérée dans l’enfance, tandis que d’autres n’ont aucun symptôme jusqu’à l’adolescence voire l’âge adulte.

Certains malades développent des mouvements dits « choréiques ». Ce terme est issu du mot « chorée » qui désigne une maladie nerveuse caractérisée par des contractions musculaires entraînant des mouvements désordonnés du corps.

Enfin, l’encéphalopathie glycinique atypique se traduit par des symptômes peu spécifiques, mais différents des deux autres formes de la maladie. La maladie peut débuter plus tardivement avec des manifestations plus ou moins sévères comme : un déficit cognitif, des troubles du comportement, des troubles de la coordination des mouvements (ou ataxie), une neuropathie périphérique et une atrophie optique (atteinte du nerf optique se traduisant par une baisse de l’acuité visuelle).

Quel diagnostic ?

L’encéphalopathie glycinique est évoquée devant un taux important de glycine dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien (LCR ou liquide dans lequel baignent l’encéphale et la moelle épinière).

Le diagnostic est confirmé par l’analyse de l’activité de l’enzyme SCG dans des échantillons hépatiques. Un test génétique peut aussi confirmer le diagnostic.

Encephalopathie-glycinique-traitement

Un électroencéphalogramme ou EEG peut aussi révéler un tracé caractéristique. . Il consiste à enregistrer l’activité électrique des neurones au niveau cérébral à travers le crâne. On parle d’électroencéphalogramme pour désigner le tracé obtenu. Cet examen est très courant, il se pratique tant sur les adultes que les enfants et les nourrissons. Il est totalement indolore.

Quel traitement ?

A ce jour, il n’existe aucun traitement pour cette maladie.

La prise en charge est symptomatique. Des anti-épileptiques peuvent être prescrits en cas d’épilepsie, notamment le benzoate de sodium également utilisé pour réduire le taux de glycine dans le sang.

Le pronostic dépend de la sévérité de la maladie. Beaucoup de patients souffrant de la forme néonatale et infantile ont une évolution fatale. Concernant le pronostic des formes atypiques, il est variable.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Encéphalopathie glycinique. Orphanet. Consulté le 10 décembre 2019.
– Encéphalopathie glycinique atypique. Orphanet. Consulté le 10 décembre 2019.


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