Lipodystrophie


Rédigé par Charline D. et publié le 11 novembre 2021

Lipodystrophie

La lipodystrophie est une maladie rare associée à une répartition anormale des tissus adipeux. Bien que la lipodystrophie puisse avoir plusieurs étiologies, une cause fréquente est iatrogène (médicamenteuse) : effets indésirables essentiellement lié au traitement antirétroviral anti-VIH et aux injections sous-cutanées d’insuline. Elle induit des modifications morphologiques notables susceptibles d’altérer la qualité de vie des patients. Le syndrome lipodystrophique peut s’associer à des complications métaboliques.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que la lipodystrophie ?

La lipodystrophie est une pathologie du tissu adipeux, en rapport avec une distribution anormale des tissus graisseux. Elle peut s’associer à des complications métaboliques (insulinorésistance, diabète, dyslipidémie). Ses étiologies sont diverses :

  • Congénitale : il s’agit d’un syndrome lipodystrophique génétique. Les lipodystrophies congénitales incluent le syndrome de Berardinelli-Seip (très rare, caractérisé par une quasi-absence de tissu adipeux notée dès la naissance ou au cours des premiers mois de la vie), la lipodystrophie partielle familiale etc.
  • Acquise, le plus souvent médicamenteuse : fréquemment liée à la prise de traitements anti-VIH(Virus de l’Immunodéficience Acquise). L’insulinothérapie est également susceptible d’induire une lipodystrophie. Elle peut également être présente chez les patients exposés à un excès endogène ou exogène (corticothérapie) de cortisol. Elle peut encore être également en rapport avec un syndrome métabolique.

Concernant les traitements anti-VIH, la  lipodystrophie peut apparaître 6 à 12 mois suite à la prise du traitement antirétroviral de type :

  • INRT (inhibiteurs nucléosidiques et nucléotidiques de la reverse transcriptase)
  • INNRT (inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase)
  • IP (Inhibiteurs de la protéase)

Concernant la lipodystrophie induite par l’insulinothérapie, celle-ci est secondaire aux injections répétées d’insuline sur un même site sous-cutané. Elle peut par ailleurs altérer l’équilibre glycémique du patient, en raison de troubles de l’absorption du médicament administré sur ces sites d’injection lipodystrophiques. Près de 30% des patients bénéficiant d’un traitement par insuline vont présenter une lipodystrophie.

Le syndrome de lipodystrophie augmente le risque cardiovasculaire et de stéato-hépatite.

À savoir ! La lipodystrophie d’origine médicamenteuse s’installe progressivement avec le temps.

Quels symptômes ?

Cette affection peut se présenter sous plusieurs formes :

  • Une lipoatrophie(perte de tissu adipeux) du visage, des membres, fesses, avec un réseau veineux anormalement visible.
  • Une lipohyperthrophie (présence d’amas graisseux) péri-abdominale, cervicale (bosse de bison) et thoracique (hypertrophie mammaire) ;
  • Un élargissement du cou ;
  • L’accumulation de graisses au niveau des organes ;

lipoatrophie et lipohypertrophie

La lipodystrophie peut être associée à des troubles métaboliques secondaires, parfois sévères comme l’hyperglycémie, l’insulinoresistance et certaines atteintes cardio-vasculaires.

À savoir ! L’insulino-résistance, est une situation dans laquelle les cellules du corps deviennent moins sensibles à l’insuline, avec une diminution de la réponse tissulaire et cellulaire à cette hormone.

Au-delà de l’aspect métabolique, le préjudice esthétique causé par la modification de l’apparence peut être difficile à assumer pour certains patients, avec des conséquences psychologiques, affectives, sociales et thérapeutiques.

Diagnostic et traitement de la lipodystrophie

Quel diagnostic ?

Le diagnostic est clinique. Il est basé sur des transformations morphologiques du tissu graisseux. Le médecin procède à une inspection en mesurant plusieurs paramètres dont le poids, le tour de taille, le tour de hanche et le tour de poitrine. La lipodystrophie est parfois uniquement palpable et non visible cliniquement.

La mesure de la densité graisseuse par imagerie scanographique est possible, mais reste exceptionnelle.

Quel traitement ?

Lorsque les lipodystrophies sont installées, il est difficile de les faire régresser. Elles peuvent être améliorées par l’arrêt du traitement imputable, une meilleure hygiène de vie via une activité physique adaptée et une alimentation équilibrée.

autogreffe de graisse et lipoaspiration

Diverses prises en charge sont possibles, de l’ajustement thérapeutique antirétroviral lorsque le traitement anti-VIH est en cause, à la chirurgie, dans le but d’améliorer la qualité de vie et d’éviter les désordres métaboliques.

Le traitement justifie le remplacement des molécules les plus agressives par des molécules antirétrovirales plus récentes et moins délétères sur le tissu adipeux.

Le suivi diététique doit être adapté, avec respect des règles hygiéno-diététiques, régime hypocalorique et pauvre en lipides. Une alimentation équilibrée et un exercice physique régulier sont primordiaux en prévention des troubles métaboliques.

A noter ! L’arrêt du tabac est également nécessaire en prévention du risque cardio-vasculaire global. Plusieurs dispositifs remboursés par la sécurité sociale sur prescription peuvent aider au sevrage, tels les substituts nicotiniques (patchs, gommes, comprimés sublinguaux, sprays, etc.). L’équilibre de la pression artérielle et la prise en charge des autres facteurs de risque cardiovasculaires est indispensable. Des hypolipémiants sont souvent indiqués.

À savoir ! L’agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) a mis en évidence l’efficacité relative d’un traitement d’un an par pioglitazone qui aurait pour effet de diminuer certaines graisses sous-cutanées.

À savoir ! Pioglitazone est de la famille des thiazolidine-diones ; c’est un traitement antidiabétique oral.

Compte-tenu des potentielles répercussions psychologiques, le recours à la chirurgie esthétique peut être envisagé. Les interventions proposées ont pour but de redistribuer le tissu adipeux, en comblant les zones lipoatrophiques.

Les produits de comblement, plus ou moins résorbables,. les plus utilisés sont l’acide polylactique (New Fill®), l’acide hyaluronique (Macrolane®), les polyacrylamides (Aquamid® et Eutrophill®) et le polyalkylimide (BioAlcamid®).

À savoir ! Un produit de comblement est un produit fluide injectable dans l’épaisseur cutanée ou dans l’espace sous-cutané. Il peut être résorbable ou non et crée un volume de comblement ou d’augmentation.

Selon les besoins du patient, divers types de chirurgie plastique peuvent être envisagés :

  • Chirurgie de la lipoatrophie
  • Autogreffe de tissu adipeux
  • Pose de prothèses
  • Chirurgie de la lipohypertrophie via une technique de lipoaspiration

À savoir ! La lipoaspiration permet le retrait du tissu adipeux sous-cutané, et non celui du tissu adipeux profond (ou viscéral). Cette technique est remboursée par la sécurité sociale après demande d’entente préalable.

Plusieurs mesures permettent de prévenir les lipodystrophies secondaires aux injections d’insuline :

  • Changer d’aiguille à chaque injection;
  • Alterner les sites d’injection et les cotés droits et gauches de l’injection 

À savoir ! Pour guider les patients dans la réalisation de leurs injections, divers outils sont à disposition, par exemple une carte de rotation.

En revanche, lorsque les lipodystrophies sont installées, elles disparaissent rarement. Il est conseillé de ne plus injecter dans les sites concernés pendant plusieurs mois afin que les tissus aient le temps de cicatriser, mais également pour éviter les troubles de réabsorption de l’insulinothérapie et un manque d’efficacité du traitement.

Publié le 9 février 2018 par Lina R., Journaliste scientifique. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie le 11 novembre 2021.

– Lipodystrophies : perceptions et souffrance des personnes atteintes, réponses collectives. apps.who.int. Consulté le 10 octobre 2021.
– Lutter contre les lipodystrophies www.arcat-sante.org. Consulté le 10 octobre 2021.
– Les lipodystrophies secondaires aux traitements antirétroviraux de l’infection par le VIH. medecinesciences.org. Consulté le 10 octobre 2021.
– Lipodystrophie partielle familiale. orpha.net. Consulté le 10 octobre 2021.
– Lipodystrophie généralisée congénitale. orpha.net.Consulté le 10 octobre 2021.
– La Lipodystrophie. dictionnaire.academie-medecine.fr. Consulté le 10 octobre 2021.
Sources
– OMS : traitement antirétroviral de l’infection à VIH chez l’adulte et l’adolescent. Lipodystrophies : perceptions et souffrance des personnes atteintes, réponses collectives. apps.who.int. Consulté le 10 novembre 2021.
– Lutter contre les lipodystrophies. arcat-sante.org. Consulté le 10 novembre 2021.
– La Lipodystrophie. dictionnaire.academie-medecine.fr. Consulté le 10 novembre 2021.

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