Bégaiement


Rédigé par Charline D. et publié le 15 septembre 2021

enfant qui crie

Le bégaiement est un trouble affectant la fluidité verbale. Il est caractérisé par une répétition involontaire de mots, de syllabes mais également par des prolongations, des arrêts et des blocages de sons. Ce trouble survient majoritairement dans l’enfance. Un diagnostic orthophoniste est nécessaire pour mettre en évidence le bégaiement. La prise en charge du bégaiement repose sur des séances d’orthophonie, éventuellement associée à une prise en charge psychothérapique.

À savoir ! Un parent qui bégaie à 3 fois plus de chance d’avoir un enfant bègue.

Définition et symptômes du bégaiement

Qu’est-ce que le bégaiement ?

Le bégaiement correspond à un trouble de l’élocution. Il se traduit des répétitions involontaires, un allongement des sons et des syllabes, et des pauses ou blocages dans la parole. Ce trouble empêche la personne qui en souffre de s’exprimer en continu, et nuit, par conséquent, beaucoup à sa parole.

Près d’1% de la population est concernée par ce trouble, soit plus de 600 000 personnes bègues en France.

À savoir ! Un individu qui bégaie à environ 3 fois plus de chance d’avoir un enfant bègue.

Ce trouble se manifeste généralement entre l’âge de 2 et 5 ans, ou parfois, plus précocement aux alentours des 18 mois de l’enfant. Dans quelques cas, le bégaiement apparaît tardivement (jusqu’à la puberté). Les garçons sont 3 à 4 fois plus concernés par ce trouble. A noter qu’un bégaiement qui survient après 5 ans a plus de chances de persister à l’âge adulte.

Le bégaiement aurait surtout une origine génétique. Les troubles d’élocution seraient dus à une dysrégulation de l’expression des récepteurs dopaminergiques chargés de la transmission des messages nerveux. Des différences anatomiques et fonctionnelles dans les régions spécialisées du cerveau (hémisphère droit et hémisphère gauche) en résultent. Des années 30 à ce jour, 9 gènes liés au bégaiement ont pu être identifiés. Des gènes mutés qui affectent directement le neurométabolisme. Les mécanismes d’action n’ont toujours pas été clairement identifiés.

À savoir ! Le terme dopaminergique provient du mot dopamine. La dopamine est un neurotransmetteur (molécule biochimique) qui module et contrôle les fonctions motrices au niveau du cerveau

Il existe différents types de bégaiements en fonction de leur date d’apparition (voir l’infographie ci-dessous) :

En dehors de l’aspect génétique (bégaiement développemental persistant) et neurologique, le bégaiement est étroitement corrélé à un déséquilibre psychique ou mental plus ou moins profond (bégaiement acquis) et à une qualité de vie inadéquate chez l’adulte.

Quels symptômes ?

Le patient bègue souffre de disfluences involontaires et incontrôlables de la parole qui le pousse à fournir un effort supplémentaire sur l’articulation. Ce trouble de la parole empêche une expression orale libre et spontanée.

Les symptômes sont clairement audibles et se manifestent par des :

  • Blocages et prolongations dans la parole ;
  • Pauses vocales du souffle ;
  • Répétitions saccadées involontaires de la première syllabe ;
  • Répétitions involontaires d’un mot et d’un phonème.

Certains troubles associés à un bégaiement plus prononcé peuvent parasiter le discours, on parle alors de bégaiement par inhibition :

  • Raidissement des muscles (sidération de la parole) ;
  • Crispation de la mâchoire et du cou ;
  • Perte du contact visuel pendant le discours ;
  • Clignements des yeux ;
  • Révulsion des globes oculaires ;
  • Spasmes respiratoires ;
  • Rougeurs et sueurs.

Il existe un autre type de bégaiement qui se manifeste par une omission et une substitution de mots. On parle de bégaiement intériorisé ou masqué. Les personnes bègues tentent alors de cacher leur difficulté à construire un discours fluide.

À savoir ! Pour qualifier une personne de bègue, les troubles doivent persister depuis au moins 3 mois.

Certaines circonstances peuvent accentuer le trouble, par exemple, lorsque le message à passer est complexe ou lorsque le patient doit s’exprimer devant plusieurs personnes. D’une façon générale, plus la personne est stressée, plus son bégaiement est important.

Les retentissements du bégaiement sur la vie sociale font de ce trouble un vrai handicap, généralement mal compris. Il peut, en effet, entraîner de la gêne, du rire ou du rejet, et être à l’origine d’une grande souffrance psychologique.

Diagnostic et traitement du bégaiement

Quel diagnostic ?

Une consultation médicale avec un orthophoniste est recommandée pour un enfant de moins de 4 ans, lorsque :

  • Le patient présente des signes de bégaiement depuis plus de 6 mois;
  • Un ou plusieurs membres de la famille présente un bégaiement ;
  • Des difficultés sont présentes pour l’enfant et son entourage. Par exemple, la famille est stressée ou l’enfant évite la prise de parole.

orthophoniste avec une fillette

Après l’âge de 4 ans, il est préférable de consulter immédiatement lorsque des troubles de bégaiement surviennent. En effet, après cet âge, il est rare que le trouble disparaisse spontanément.

Lors de la consultation, l’orthophoniste détermine si le patient présente réellement un bégaiement. Il détermine également le degré de sévérité du trouble. De ces observations, le professionnel de santé va ainsi établir les objectifs d’intervention.

Quel traitement ?

Différentes approches psychanalytiques, neuropsychologiques et comportementalistes sont mises en œuvre afin d’assurer la prise en charge du patient bègue. Des soins qui reposent essentiellement sur un suivi par un orthophoniste.

D’autre part, les psychothérapies sont couramment utilisées et permettent une action plus rapide en prenant en compte différents facteurs :

  • Corps / psychisme ;
  • Conscient / inconscient ;
  • Individu / famille ;
  • Passé / présent.

Différents types de psychothérapies peuvent être proposés :

  • L’hypnose qui implique l’état de conscience de la personne ;
  • Les thérapies cognitivo-comportementales qui consistent à modifier consciemment les schémas de pensée du patient ;
  • Le programme Lidcombe qui est destiné aux plus jeunes. Il est fondé sur un renforcement positif et un conditionnement opérant en instaurant un cadre structuré au quotidien ;
  • Le programme Camperdown : approche australienne qui repose essentiellement sur l’auto-évaluation.

En dehors de la prise en charge thérapeutique, devant un enfant qui bégaie, plusieurs conseils peuvent être appliqués par l’entourage, pour ne pas amplifier le trouble :

  • Ne pas faire remarquer à l’enfant qu’il est entrain de répéter ;
  • Éviter de mentionner le bégaiement de l’enfant avec l’entourage ;
  • Ne pas s’impatienter devant un enfant qui répète les mots ;
  • Ne pas encourager le patient à ralentir son débit, à réfléchir à ce qu’il dit ou à prendre plus son temps ;
  • Aider l’enfant à communiquer en lui parlant lentement et en prenant le temps de l’écouter ;
  • Ne pas compléter les phrases du patient pour lui ;
  • Éviter, dans la mesure du possible, les situations de communication stressantes.

La prise en charge en orthophonie a pour objectif de rendre la parole fluide à l’enfant. Les exercices se focalisent d’abord sur les mots, puis les phrases, et enfin sur la conversation dans sa globalité.

En général, le bégaiement se traite bien. Et cela, d’autant plus si l’intervention est précoce, à savoir avant l’âge de 4 ou 5 ans.

Pour favoriser l’interaction avec une personne qui bégaie, il faut d’abord intégrer et accepter le fait que la conversation puisse prendre plus de temps. Plusieurs attitudes facilitent la communication, par exemple, porter son attention sur le message, maintenir le contact visuel, attendre la fin du message avant d’intervenir et éviter de faire semblant de comprendre si ça n’est pas le cas.

Publié le 29 mars 2018. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 15 septembre 2021.

Sources
– Le bégaiement. begaiement.org.
– Bégaiement ou trouble de la fluidité. www.ooaq.qc.ca.

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