Thérapies cognitivo-comportementales


Rédigé par Charline D. et publié le 25 mai 2020

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont centrées sur la cognition, autrement dit sur les pensées et les croyances erronées et négatives que l’individu a sur lui-même. Celles-ci peuvent être à l’origine de souffrance psychique et de comportement névrotique comme les TOC, phobies, addictions, etc. que la thérapie a pour objectif de guérir.

Qu’est-ce qu’une thérapie cognitivo-comportementale ?

Jeune femme installée sur son canapé en thérapie avec son psychologueLes thérapies cognitivo-comportementales représentent une approche thérapeutique particulière définie comme l’application de la psychologie scientifique à la psychothérapie. Ce type de thérapies est basé sur la compréhension puis la modification des comportements et pensées ou émotions associées.

À savoir ! En abrégé, on peut utiliser « TCC » ou « TCCE ». En anglais, on parle de Cognitive Behavioral therapy, soit « CBT ».

Il existe de nombreuses recherches scientifiques validées sur les thérapies cognitivo-comportementales. Les techniques employées sont, en effet, continuellement améliorées selon les résultats des recherches. C’est le courant psychothérapeutique le plus validé scientifiquement. Le rapport de l’Inserm en 2004 sur les psychothérapies intitulé « Psychothérapie : Trois approches évaluées » a permis de placer les Thérapies cognitivo-comportementales comme méthode de référence pour le traitement de nombreuses pathologies.

On distingue trois composantes dans une thérapie cognitivo-comportementale :

  • La composante comportementale ;
  • La composante cognitive ;
  • La composante émotionnelle.

 La composante comportementale

L’objectif de la composante comportementale est de modifier les comportements observables, verbaux ou moteurs. Elle est basée sur trois grands modèles d’apprentissage : le conditionnement classique, le conditionnement opérant et l’apprentissage social.

  • Le conditionnement classique

Le conditionnement classique, aussi appelé conditionnement répondant, est un principe établi par le médecin russe Ivan Petrovitch Pavlov en 1904. Le conditionnement répondant est le fait de donner une nouvelle signification à un stimulus en fonction de son association avec un autre et de réagir à deux stimuli de manière semblable.

En effet, il a été établi que certains stimuli déclenchent des réactions innées permettant d’assurer la survie de l’espèce. Ces réactions n’étant pas conditionnées par des expériences antérieures, elles sont considérées par Pavlov comme inconditionnelles. Autrement dit, elles interviennent de manière réflexe.

L’expérience de Pavlov sur des chiens permet de montrer comment transformer un stimulus neutre en stimulus conditionnel grâce à son association à un stimulus inconditionnel. Le stimulus inconditionnel utilisé dans son expérience est la nourriture, car elle provoque chez le chien une salivation, qui représente la réponse inconditionnelle. Pavlov utilise également une cloche dont le tintement n’entraîne aucune réaction chez l’animal, c’est son stimulus neutre. Il va de façon répétée faire tinter la cloche juste avant de servir la nourriture au chien. Au bout d’un moment, on observe que le simple tintement de la cloche déclenche une salivation du chien. Ainsi, un stimulus qui était auparavant neutre, arrive à déclencher une réaction inconditionnelle à force de l’associer à un stimulus inconditionnel.

Ce mécanisme, entre autres, permet d’expliquer de nombreuses réactions pathologiques, par exemple les phobies.

  • Le conditionnement opérant

Le conditionnement opérant proposé par Burrhus Frederic Skinner désigne une forme de conditionnement qui diffère du conditionnement de Pavlov, au moins sur le plan expérimental.

Dans son expérience, Skinner place un rat dans une cage qui dispose d’un petit levier qui donne accès à de la nourriture. Lorsque par hasard au cours de son exploration l’animal actionne le levier, il est immédiatement récompensé par une ration de nourriture. Ainsi, on observe rapidement, une répétition du comportement chez l’animal.

À noter ! Dans le conditionnement opérant, il n’y a pas de liaison préétablie entre la réponse étudiée et le stimulus inconditionnel (ou renforcement pour Skinner) comme dans le conditionnement classique. Par ailleurs, l’animal est passif dans le conditionnement classique, tandis qu’il est actif dans l’expérimentation de Skinner. Le schéma opérant représente certainement mieux la grande majorité des conduites acquises au contact de l’environnement dans l’ensemble du règne animal.

  • L’apprentissage social

Le psychologue Albert Bandura est connu mondialement pour avoir mis en évidence trois procédures d’acquisition de connaissances en lien avec l’entourage d’un individu :

  • L’apprentissage résultant de l’imitation d’un pair qui réalise le comportement à acquérir. On parle d’apprentissage vicariant ;
  • L’apprentissage et l’amélioration de la performance d’un individu sous l’effet de la présence d’observateurs. On parle de facilitation sociale ;
  • L’intégration d’une réponse par extrapolation à partir de situations semblables. C’est l’anticipation cognitive.

La composante cognitive

Papillon emprisonné derrière les barres de prison émotionnelles dans le cerveauLe premier principe de la thérapie cognitive est que ce n’est pas le monde extérieur qui est responsable de nos émotions ou humeurs, mais uniquement la représentation que l’on en a et les pensées qui nous traversent l’esprit.

La composante cognitive d’une thérapie cible les erreurs de perception d’un individu. L’objectif du thérapeute est de rendre le patient conscient de l’aspect subjectif de ses ressentis.

Pour cela, le thérapeute va apprendre au patient à repérer ce qu’il se dit dans différentes situations difficiles dans le but d’identifier le type d’erreurs qui contribuent à ses comportements. Le travail porte donc sur le repérage des croyances profondes de l’individu sur lui, les autres et le monde.

Les premiers modèles cognitifs ont été élaborés en 1959 par Aaron Beck, pionnier des thérapies cognitives. Il met notamment en avant les pensées automatiques et les dialogues internes chez le dépressif qui amènent et amplifient le trouble. Il démontre que travailler sur ces pensées avec les patients peut nécessiter de les remettre en cause pour guérir.

Beck identifie trois grands types de distorsions cognitives, par exemple ici chez le patient dépressif :

  • Sur soi (« je ne vaux rien, je ne suis pas à la hauteur ») ;
  • Sur l’environnement (« ce monde est nul, les gens sont égoïstes ») ;
  • Et sur l’avenir (« Rien n’ira jamais mieux, il n’y a aucun espoir »). On parle de triade de Beck.

La composante émotionnelle

Les comportements, les pensées et les émotions sont constamment en interaction. Les émotions favorisent certaines réponses comportementales au détriment d’autres.

Cette composante est abordée avec le patient par le biais d’un travail spécifique concernant les capacités à repérer et tolérer les émotions difficiles. En effet, la capacité à identifier les émotions permet de mettre en place des réponses comportementales plus fonctionnelles que les réponses automatiques.

En pratique

Rendez-vous de thérapie chez le psychologueLa Haute Autorité de Santé recommande les thérapies cognitivo-comportementales pour de nombreux troubles :

  • Les troubles anxieux (TOC, phobie, trouble de panique, stress post-traumatique) en association ou non avec des médicaments ;
  • La dépression;
  • Les troubles de l’humeur en association ou non avec des médicaments ;
  • Les phobies ;
  • Les TOC ou troubles obsessionnels compulsifs ;
  • Les troubles du comportement alimentaire ;
  • L’insomnie;
  • Les comportements addictifs.

La TCC permet au patient de comprendre les mécanismes de pensées négatives à l’origine des comportements inadaptés comme la phobie, par exemple. L’objectif est d’arriver progressivement avec l’aide du thérapeute à dépasser les symptômes qui font souffrir le patient par l’apprentissage et le renforcement de comportements adaptés.

Une séance dure, le plus souvent, entre 30 minutes et 1 heure à raison de 1 à 2 séances par semaine selon les disponibilités de chacun. En dehors des séances, le patient peut avoir des exercices à effectuer. On distingue plusieurs types d’exercices : comportementaux (apprentissage de nouveaux comportements comme l’affirmation de soi), cognitifs (modifier, construire et stabiliser de nouvelles façons de penser plus adaptées), émotionnels (acceptation et conscience des différentes émotions pour mieux les réguler) et corporels (apprentissage de la détente physique et psychologique).

Les TCC sont des thérapies brèves s’étalant, en général, sur quelques semaines à plusieurs mois. La durée de la thérapie peut varier en fonction de l’ancienneté et de la gravité du trouble.

Les thérapies cognitivo-comportementales sont indiqués pour tout individu (enfant, adolescent, adulte, personne âgée) en souffrance psychique et souhaitant retrouvé leur autonomie. La seule condition pour ce traitement : la motivation.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Thérapies comportementales et cognitives. OFTCC. Consulté le 10 mai 2020.
– Introduction aux thérapies cognitivo-comportementales. TCC. Consulté le 10 mai 2020.


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