L’hypermnésie peut être définie comme étant l’inverse de l’amnésie. Les patients souffrant d’hypermnésie ont une capacité quasi-illimitée de mémorisation. On parle aussi parfois d’un excès de mémoire. Si cela peut passer pour un don au premier abord, il est plutôt vécu en réalité comme une malédiction
Définition
Qu’est-ce que la mémoire ?
La mémoire désigne la capacité à enregistrer des informations en lien avec diverses expériences ou événements, à les conserver et à les restituer sous forme de souvenirs, de savoirs ou d’habiletés. La mémoire rassemble savoirs, connaissances et souvenirs dans le but d’interagir avec l’environnement. Elle est également indispensable à la réflexion et à la projection dans le futur.
Le processus de mémorisation implique différents réseaux neuronaux.
La mémoire est composée de cinq systèmes interconnectés :
- La mémoire de travail, mémoire à court terme, est la mémoire du présent ;
- La mémoire sémantique et la mémoire épisodique qui sont des systèmes de représentation consciente à long terme ;
- La mémoire procédurale qui permet les automatismes inconscients;
- La mémoire perceptive en lien avec les fonctionnements sensoriels.
Les mémoires autres que celle de travail sont regroupées sous un même terme : la mémoire à long terme. A noter que l’on différencie parfois les mémoires explicites (la mémoire épisodique et la mémoire sémantique) des mémoires implicites (mémoire procédurale et mémoire perceptive).
Il n’existe donc pas un seul et unique centre de la mémoire dans le cerveau, mais des systèmes de mémoire qui correspondent à des réseaux de neurones distincts répartis dans différentes zones cérébrales.
Un souvenir résulte de l’intervention de neurones issus de différentes zones cérébrales assemblées en réseaux. Ces connexions évoluent constamment en fonction des expériences vécues et forgent des souvenirs à court terme ou à long terme selon les cas, par exemple, l’importance de l’évènement ou le contexte émotionnel. On parle de plasticité synaptique.
L’imagerie permet aujourd’hui d’explorer le fonctionnement cérébral normal :
- L’hippocampe et le lobe frontal semblent particulièrement impliqués dans la mémoire épisodique.
- Les cortex préfrontaux gauche et droit auraient un rôle prépondérant dans l’encodage et la récupération des souvenirs.
- La mémoire perceptive possède des réseaux dans différentes régions corticales, tout près des aires sensorielles. La mémoire sémantique fait appel à des régions très étendues, dont les lobes temporaux et pariétaux.
- Enfin, la mémoire procédurale est plutôt localisée au niveau sous-cortical et du cervelet.
- L’hippocampe semble jouer un rôle important dans le processus de consolidation de l’information. Sa restitution, quelle que soit son ancienneté, dépendrait aussi de l’hippocampe en interaction avec d’autres régions corticales.
Un souvenir est lié à une variation de l’activité électrique d’un circuit neuronal spécifique formé de plusieurs neurones reliés en eux par des synapses. Sa formation repose sur le renforcement ou la création d’une connexion temporaire, stimulé par des protéines comme le glutamate, le NMDA ou la syntaxine.
Symptômes et traitement
Qu’est-ce que l’hypermnésie ?
Les troubles de la mémoire sont appelés « troubles mnésiques ». Ils correspondent le plus souvent à des pertes de la mémoire. A l’inverse, quand la mémoire devient « infaillible », on parle d’hypermnésie.
L’hypermnésie est un syndrome peu connu, très rare, caractérisée par une mémoire infaillible. L’individu est capable de se souvenir très précisément de chaque jour de son existence jusqu’à un moment précis dans son enfance. L’hyper-mnésique ne peut voir une date sans automatiquement être projeté dans ses souvenirs. Cette capacité, peu commune, est vécue par les sujets comme un véritable fardeau. Les remémorations sont décrites comme « incessantes », « incontrôlables » ou encore « épuisantes ».
On différencie:
- L’hypermnésie autobiographique caractérisée par un souvenir très précis de chaque jour de la vie de l’individu à partir d’un certain point de son enfance ;
- L’hypermnésie émotionnelle paroxystique tardive ou syndrome de stress post-traumatique (notamment reporté chez les anciens déportés des camps nazis).
À savoir ! En 2000, l’Américaine Jill Price fut le premier cas documenté dans la littérature scientifique d’hypermnésie. Elle décrit dans un courrier à l’intention d’un chercheur de l’université de Californie ses capacités de mémorisation hors normes. Elle est capable de décrire chaque jour de sa vie à partir du 5 février 1980
L’origine de ce trouble reste un mystère à ce jour. De récentes recherches ont cependant décrit un renforcement anormal des connexions dans certaines régions du cerveau chez les patients souffrant d’hypermnésie.
Traitement
Il n’existe actuellement aucun traitement pour l’hypermnésie. Un suivi psychologique est néanmoins recommandé.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Troubles de la mémoire. Ameli. Consulté le 18 avril 2019.
– L’hypermnésie : une mémoire sans fin. Pour la science. Consulté le 18 avril 2019.