Endophtalmie

La partie interne de l’œil est stérile. Lorsqu’un micro-organisme pénètre dans l’œil, il peut être à l’origine d’une réaction infectieuse grave, l’endophtalmie. Cette affection est un type d’uvéite (ou inflammation de l’uvée) rare. Elle survient essentiellement suite à une intervention chirurgicale, une injection intraoculaire ou une lésion oculaire. La maladie se manifeste par des douleurs oculaires survenant brutalement, une rougeur, un écoulement, un gonflement des paupières, une baisse de la vision et une plus grande sensibilité à la lumière. L’endophtalmie est une urgence médicale qui implique une prise en charge hospitalière rapide pour éviter les complications, notamment la cécité. Le traitement repose généralement sur des antibiotiques par voie intraoculaire, éventuellement associés à des corticostéroïdes. Le pronostic de l’affection dépend exclusivement de la rapidité de prise en charge.

L’endophtalmie, définition et symptômes

A propos de l’œil

L’œil est l’organe principal du système visuel, il sert à capter les images vues pour les transformer en signal électrique en direction du nerf optique. Ce signal est traduit par le cerveau, dans le cortex visuel, de manière à permettre à chaque individu l’interprétation de son environnement.

L’œil est constitué de plusieurs organes :

• Le corps ciliaire sur lequel s’attache le cristallin. Il joue un rôle important dans la production de l’humeur aqueuse, mais aussi pour l’accommodation de la vision ;
• L’iris est la zone colorée de l’œil. Sa contraction ou dilatation est un réflexe assurant l’adaptation à la lumière ;
• La cornée est un tissu transparent localisé sur la zone antérieure de l’œil. Elle assure la transmission de la lumière au cristallin et à la rétine ;
• L’humeur aqueuse qui est un liquide transparent chargé de fournir les nutriments nécessaires à la cornée et au cristallin. Il permet de maintenir la forme du globe oculaire ;
• La sclérotique est la membrane blanche qui constitue le blanc de l’œil ;
• La choroïde représente la membrane nourricière de l’œil ;
• La rétine est une membrane recouvrant la face interne du globe oculaire. Elle contient les photorécepteurs et les neurones qui transmettent les informations au cerveau ;
• Le nerf optique qui envoie les informations de la rétine au cerveau.

Qu’est-ce qu’une endophtalmie ?

Une endophtalmie est un type d’uvéite, une infection grave de l’œil. Elle survient surtout après certaines chirurgies oculaires, notamment celle de la cataracte. Pour cette raison, elle est donc fréquemment qualifiée d’infection nosocomiale.

À savoir ! Le terme « infection nosocomiale » fait référence à toute maladie engendrée par des micro-organismes et contractée dans un établissement de santé par un patient après son admission, que les symptômes surviennent pendant ou après le séjour hospitalier.

Cette affection est rare, en effet, son incidence dans la population est estimée à 0,3%.

L’endophtalmie est un trouble inflammatoire affectant l’uvée, on parle aussi d’uvéite.

L’uvée est une membrane oculaire localisée entre la sclérotique (l’enveloppe externe de l’œil) et la rétine. Elle comprend l’iris, le corps ciliaire (éléments assurant le maintien du cristallin), et la choroïde. L’iris est la zone colorée de l’œil, elle assure le contrôle de la quantité de lumière entrant. Le corps ciliaire ajuste la forme du cristallin de manière à rendre la vision plus nette. Il est également utile pour l’apport des nutriments nécessaires à l’œil. La choroïde assure l’apport sanguin au niveau de l’œil. Dès que l’un des constituants de l’uvée est inflammé, on parle d’uvéite.

Selon la localisation de l’inflammation, on distingue plusieurs types d’uvéite : antérieure, intermédiaire, postérieur et diffuse. L’endophtalmie est une uvéite de type intermédiaire car elle affecte les substances qui remplissent l’œil, à savoir l’humeur vitrée ou substance gélatineuse.

Plusieurs germes peuvent être à l’origine de l’endophtalmie. Ce sont cependant majoritairement des bactéries de type staphylocoques, streptocoques et entérocoques. Ces dernières sont naturellement présentes à la surface de l’œil. La contamination survient lorsqu’elles pénètrent dans la partie interne du globe oculaire, ou via l’introduction de matériel de bloc, de médicaments ou de tissu infectés. A noter que les endophtalmies d’origine mycotiques sont largement minoritaires.

Dans un contexte opératoire, plusieurs facteurs peuvent favoriser l’endophtalmie :

• Certaines pathologies telles que le diabète ou l’insuffisance respiratoire, car elles entraînent une baisse des défenses immunitaires ;
• L’obésité ;
• Des infections préexistantes au niveau des yeux, comme la blépharite, la conjonctivite ou une obstruction des glandes lacrymales ;
• Une infection ailleurs sur le corps ;
• Certains médicaments, par exemple les corticoïdes ou les immunosuppresseurs ;
• Quelques implants intraoculaires;
• La qualité de la cicatrice.

En dehors de toute condition opératoire, l’endophtalmie peut aussi être causée par un traumatisme oculaire, la présence d’une bactérie dans le sang ou d’un corps étranger dans l’œil, ou encore le port de lentilles de contact.

Dans tous les cas, l’endophtalmie est une urgence médicale. L’intervalle qui s’écoule entre la survenue de l’infection et sa prise en charge conditionne directement le pronostic visuel.

Quels symptômes ?

Lorsqu’une endophtalmie est d’origine chirurgicale, elle survient dans les 6 jours qui suivent l’intervention. Elle se traduit par :

• Des douleurs oculaires;
• Une rougeur oculaire;
• Un œdème au niveau de la paupière;
• Une diminution de l’acuité visuelle, la vision est floue ;
• La présence de sécrétions oculaires;
• Une irrégularité de la pupille ;
• La présence de pus entre la cornée et l’iris. On parle d’hypopion.

Diagnostic et traitement, l’endophtalmie

Comment diagnostiquer l’endophtalmie ?

Toute suspicion d’endophtalmie nécessite une consultation ophtalmologique immédiate (rougeur de l’œil, démangeaisons, écoulement ou larmoiement).

Le diagnostic de l’endophtalmie est ophtalmique. Il comprend un examen ophtalmologique complet et une ponction de la chambre antérieure et du vitré afin d’identifier le germe en cause.

Quel traitement et quel pronostic ?

La prise en charge d’une endophtalmie est une urgence médicale qui nécessite une hospitalisation du patient. Le traitement comporte :

• Une antibiothérapie. Elle est administrée soit par voie intraoculaire, soit par voie générale. Lorsque l’affection est d’origine fongique, un traitement antifongique est prescrit ;
• Des corticoïdes, soit par voie générale, soit par voie intraoculaire afin de réduire l’inflammation ;
• Une ablation chirurgicale du vitré (matière gélatineuse présente dans l’œil), on parle de vitrectomie. Cette intervention est indiquée dans les cas où l’acuité visuelle est d’emblée réduite, ou en cas d’aggravation des symptômes. Elle consiste à éliminer entièrement ou partiellement le gel vitreux de manière à le remplacer par une solution saline ou un gaz. L’objectif est de diminuer la perte de l’acuité visuelle.

Le pronostic visuel est généralement médiocre, même avec un traitement précoce et adapté.

L’endophtalmie post-opératoire peut être prévenue par les soignants. Plusieurs mesures sont utiles, et ont déjà permis de largement diminuer l’incidence du trouble :

• Une réduction du temps d’hospitalisation pré-opératoire ;
• La prise en charge des potentiels facteurs de risque ;
• Une élimination des colonies de staphylocoques au niveau de la muqueuse nasale ;
• Le respect strict des mesures d’asepsie dans le but de réduire la contamination par des germes. Elles concernent les règles d’hygiène au sein du bloc opératoire, la stérilisation du matériel et l’antisepsie du site opératoire (la surface oculaire) ;
• Une antibioprophylaxie (administration préventive d’antibiotiques) pendant toute la durée de l’intervention ;
• Une surveillance post-opératoire renforcée, particulièrement lorsqu’il existe des facteurs de risque.

Le patient peut également adopter certaines précautions pour protéger ses yeux :

• Porter des lunettes de soleil ;
• Porter des lunettes de protection en cas de manipulation ou sport à risque pour prévenir les blessures et traumatismes du globe oculaire.

Charline D., Docteur en pharmacie