Lymphoedème


Rédigé par Charline D. et publié le 18 juillet 2022

une personne qui a une jambe très gonflée par rapport à l'autre

Un lymphœdème est l’accumulation de liquide lymphatique dans les tissus se traduisant par le gonflement d’une partie du corps. Cette affection résulte d’un dysfonctionnement dans le système de transport lymphatique et touche plus volontiers les membres inférieurs.

Le lymphœdème, trouble du système lymphatique

La lymphe est le liquide, légèrement jaunâtre, véhiculé par le système lymphatique. Elle est présente partout dans l’organisme. Ce liquide biologique est un filtrat du plasma sanguin riche en eau, protéines, graisses et globules blancs (notamment les lymphocytes). Un lymphœdème est défini comme étant une « accumulation anormale de liquide dans les tissus ».  Il est la conséquence d’une anomalie de transport du système lymphatique.

Les rôles de la lymphe

Tout d’abord, elle a une fonction de transport et d’épuration en captant près de 10% des déchets de l’organisme. Ces déchets sont essentiellement des grosses molécules que le système veineux ne peut pas véhiculer (il prend en charge les 90% des déchets restants). La lymphe apporte aussi au sang les graisses captées au niveau de l’intestin grêle.

Ensuite, elle joue un rôle de défense contre les infections via les lymphocytes qu’elle transporte, via les anticorps qu’elle produit, mais aussi, via les ganglions lymphatiques. Ceux-ci permettent de neutraliser les bactéries, virus et cellules tumorales (en petite quantité). La lymphe occupe ainsi un rôle important au sein du système immunitaire.

A noter ! la lymphe peut également être à l’origine du développement des métastases cancéreuses en assurant le transport des cellules malignes.

À savoir ! Les ganglions lymphatiques sont essentiellement présents au niveau de la racine des membres et de l’abdomen. Leur rôle est de traiter les déchets. Ils les filtrent, les nettoient et une fois épurés, ils renvoient la lymphe dans la circulation veineuse.

La complexité du système lymphatique

Le système lymphatique permettant de véhiculer la lymphe est constitué d’un ensemble de vaisseaux et de ganglions. Le drainage démarre par un réseau capillaire (que l’on peut assimiler à un filet de pêche) chargé de récupérer l’excédent de liquide et de toxines. Les capillaires terminent leur course dans des canaux pré-collecteurs, terminant eux-mêmes dans des canaux collecteurs de plus gros calibre se dirigeant dans les ganglions. On distingue deux types de collecteurs, les plus nombreux (80%) drainant la peau et les 20% restants s’occupant des viscères, des muscles et des articulations.

Système lymphatique chez l'être humain

Deux types de lymphœdème

Les lymphœdèmes primaires

Ils sont rares. En effet, environ 1 individu sur 6000 serait concerné. Cette pathologie est due à une anomalie de développement du système lymphatique à la naissance.
Cependant, les manifestations ne sont pas toujours immédiates.

On parle de lymphœdème congénital si le trouble survient dès la naissance (il représente jusqu’à environ 25% des lymphœdèmes primaires).

Il s’agit de lymphœdème précoce si la maladie apparaît avant 35 ans, le plus souvent lors de la puberté (cette forme représente 65 à 80% des lymphœdèmes primaires).

Et enfin on décrit les lymphœdèmes tardifs si le trouble se déclare après 35 ans (cette forme concerne environ 10% des patients souffrants d’un lymphœdème primaire).

Les lymphœdèmes secondaires

Ce sont les plus fréquents. Ils sont dus à l’altération ou à l’obstruction des voies lymphatiques auparavant normales. Ils peuvent être consécutifs à des infections telles que la tuberculose, la sarcoïdose ou un cancer.

Les voies lymphatiques peuvent aussi être obstruées par une accumulation de cellules cancéreuses, ou par des vers (filariose), notamment dans les pays tropicaux. Cette affection peut également provenir d’une destruction du réseau lymphatique lié à des actes chirurgicaux, aux traitements des cancers ou à une chirurgie vasculaire.

À savoir ! Presque 10% des femmes ayant subi une mastectomie (ablation totale ou partielle du sein) ou une radiothérapie pour cancer du sein voient se développer un lymphœdème secondaire au niveau du bras du même côté.

Un lymphœdème est une maladie chronique qui évolue en stades

  • Tout d’abord, le stade précoce dit aussi « hydrique », se manifeste par un œdème (ou gonflement) épisodique survenant généralement en période estivale ou en cas de station immobile trop longue. L’œdème disparaît totalement ou partiellement avec le repos.
  • Au stade « fibreux », on constate une aggravation du lymphœdème. Des changements cutanés avec un durcissement de la peau sont observés.  Le repos ne suffit plus à réduire l’œdème.
  • Enfin, le stade « éléphantiasis » se traduit par une importante augmentation du volume de la zone touchée. La zone devient très dure. A ce stade, le gonflement est irréversible.

Douleur et complication de la maladie lymphatique

Le lymphœdème n’est généralement pas douloureux. Cependant, plus le membre devient lourd et volumineux, plus il est susceptible de créer des contraintes sur la colonne vertébrale et les articulations pouvant alors engendrer des douleurs lombaires et/ou articulaires.

En absence de traitement, le lymphœdème s’aggrave et s’étend de manière progressive. Dans le cas des lymphœdèmes primaires, la progression se fait en remontant du pied vers la jambe puis la cuisse ou de la main vers l’avant-bras puis le bras. En effet, 90% des lymphœdèmes primaires débutent au niveau du pied ou de la main.

Les lymphœdèmes secondaires qui débutent en général par le bras ou la cuisse se propagent plutôt en descendant soit vers le membre opposé, les organes génitaux ou le thorax.

Les complications du lymphœdème sont essentiellement infectieuses. Environ un quart des patients ont un érysipèle associé qui nécessite un traitement antibiotique. En effet, tout épisode infectieux aggrave le lymphœdème.

Les complications rhumatologiques apparaissent lorsque le membre atteint devient lourd et volumineux. Des douleurs lombaires et/ou articulaires apparaissent pouvant aller jusqu’au handicap.

Comment diagnostiquer et traiter une défaillance du système lymphatique ?

Le diagnostic d’un lymphœdème est habituellement basé sur l’interrogatoire du patient, son examen clinique et l’évolution des symptômes selon les 3 stades.

Par un simple questionnement du patient, le médecin recherche l’existence d’antécédents de différentes pathologies comme le cancer ou l’érysipèle, mais aussi celle d’antécédents familiaux en cas de lymphœdème primaire.

Au cours de l’examen clinique, peuvent être mis en évidence des signes non spécifiques avec le test du godet (empreinte laissée par un doigt après une pression) et des signes spécifiques comme par exemple le signe de Stemmer-Kaposi (qui se traduit par l’impossibilité de pincer la peau du deuxième orteil).

A noter ! Ce signe n’est cependant pas toujours présent.

Des examens complémentaires peuvent être utiles pour confirmer le diagnostic ou écarter d’autres pathologies responsables d’œdèmes.

La lymphoscintigraphie permet l’exploration du système lymphatique et la mise en évidence d’un dysfonctionnement. Cet examen consiste à injecter un produit radioactif sous la peau afin de suivre son trajet grâce à une caméra spécifique. Un écho-doppler veineux des membres inférieurs permet de s’assurer qu’une pathologie veineuse n’est pas à l’origine de l’œdème.

Comment traite-t-on le lymphœdème ?

Le traitement est symptomatique. Il vise à diminuer le volume du membre pour en conserver la mobilité et à limiter les répercussions sur la colonne vertébrale ainsi qu’à réduire le risque de complications.

Le traitement repose principalement sur des méthodes physiques.

Ces méthodes sont constituées de compression et de contention par bandages. L’intervention d’un kinésithérapeute est importante et permet d’augmenter l’efficacité de ces bandages. L’éducation thérapeutique du patient sur sa maladie et ses complications est primordiale pour que celui-ci puisse poursuivre les soins à domicile.

Le patient bénéficie, par ailleurs, de conseils d’hygiène de vie personnalisés pour diminuer le risque d’épisodes infectieux, du contrôle du poids et d’une activité physique adaptée.

Le traitement médicamenteux n’est utilisé qu’en cas de complication (antibiotique en cas d’érysipèle).

Lorsque le volume de l’œdème est un handicap, une intervention chirurgicale destinée à réduire le gonflement est envisagé.

Mis à jour le 18 juillet 2022 par Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Qu’est-ce que le lymphoedème ? lymphoedemacenter.com. Consulté le 18 juillet 2022.
– Lymphœdème. larousse.fr. Consulté le 18 juillet 2022.

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