Erysipèle


Rédigé par Estelle B. et publié le 22 mars 2021

érysipèle

L’érysipèle, désormais appelé la dermo-hypodermite bactérienne non nécrosante, est une infection cutanée bactérienne, qui affecte les couches moyennes et profondes de la peau. Touchant souvent les jambes et le visage, les signes cliniques sont relativement caractéristiques. La bactérie en cause est souvent difficile à identifier, mais l’agent causal le plus fréquent est le streptocoque béta-hémolytique de groupe A. Cette infection peut entraîner des complications, mais aussi récidiver de multiples fois. Du repos et un traitement antibiotique adapté constituent les principales lignes du traitement.

Définitions et symptômes de l’érysipèle

Qu’est-ce que c’est ?

définition de l'érysipèleL’érysipèle, que les spécialistes appellent désormais la dermo-hypodermite bactérienne non nécrosante, ou dermo-hypodermite aiguë, est une forme particulière d’infection de la peau. Cette infection cutanée est provoquée par une bactérie, qui s’attaque à deux couches de la peau :

  • Le derme ;
  • L’hypoderme (la couche la plus profonde de la peau).

À savoir ! L’érysipèle était appelé au Moyen-âge le feu de Saint Antoine et était souvent confondu avec l’ergotisme (intoxication aux dérivés toxiques produits par l’ergot de seigle, une maladie fongique du seigle). Il faudra attendre plusieurs siècles pour que les médecins comprennent l’origine de ces deux maladies.

Plusieurs bactéries peuvent être à l’origine d’un érysipèle, mais l’agent infectieux le plus fréquemment retrouvé est un streptocoque, le streptocoque béta-hémolytique de groupe A. La bactérie responsable pénètre dans les couches inférieures de la peau, au niveau d’une lésion préalable (plaie, égratignure, coupure, …). En se multipliant, elle produit des toxines, qui déclenchent la réaction inflammatoire et donc les signes cliniques de l’infection.

L’érysipèle peut toucher différentes parties du corps, mais le plus souvent il s’observe à deux niveaux :

  • Les jambes (85 % des cas) ;
  • Le visage (10 % des cas) ;
  • Plus rarement, la région périnéo-génitale, le thorax ou l’abdomen.

Cette infection cutanée est plus fréquente chez les adultes de plus de 40 ans (l’incidence augmente avec l’âge) et chez les enfants. Les femmes sont autant touchées que les hommes. Son incidence est comprise entre 6 000 et 60 000 nouveaux cas chaque année en France, avec une augmentation notable ces dernières années.

Les spécialistes ont également identifié plusieurs facteurs de risque de développer un érysipèle, notamment :

  • L’existence d’une lésion cutanée (coupure, blessure, piqûre, cicatrice chirurgicale, …) ;
  • Des lésions dues à une maladie de peau, comme le psoriasis ou l’eczéma ;
  • Le surpoids et l’obésité ;
  • La présence de mycoses entre les orteils (intertrigos) ;
  • Des antécédents d’érysipèle ;
  • L’existence d’un œdème lié à une insuffisance veineuse ou à un trouble lymphatique ;
  • Un déficit immunitaire (maladie affectant l’immunité, cancer en cours de traitement, suivi d’un traitement immunosuppresseur, …) ;
  • L’alcoolisme et le tabagisme ;
  • La prise de corticoïdes au long cours ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
  • Le syndrome néphrotique (dysfonctionnement des reins).

À savoir ! Chez l’enfant, l’érysipèle peut être associé à une varicelle, et les bactéries en cause sont alors souvent le streptocoque et le staphylocoque doré.

Quels symptômes ?

Les symptômes de l’érysipèle sont assez caractéristiques et comprennent :

  • L’apparition soudaine d’une ou plusieurs tâches rouges, dites en placard (tâches d’une surface assez importante et continue), qui s’étendent de plusieurs cm par jour ;
  • La peau devient rouge, luisante et chaude (signe d’inflammation) ;
  • Un gonflement de la partie de la peau concernée ;
  • Des douleurs au niveau de la zone infectée ;
  • Parfois des petites bulles ou des petits saignements (lésions purpuriques) sous la peau ;
  • Parfois une traînée de la plaque rouge jusqu’aux ganglions lymphatiques les plus proches, qui deviennent gonflés et douloureux ;
  • Une fièvre élevée, supérieure à 38,5 °C, fréquente mais pas systématique.

L’érysipèle peut être à l’origine de plusieurs complications graves, en particulier s’il n’est pas rapidement détecté et traité :

  • La constitution d’un abcès au niveau de la zone cutanée infectée ;
  • Une propagation de l’infection de la peau vers d’autres organes (reins, articulations), voire à l’ensemble de l’organisme, avec un risque marqué de septicémie ou infection généralisée ;
  • L’aggravation d’une maladie chronique existante, comme le diabète ou l’insuffisance cardiaque ;
  • La formation de caillots sanguins à l’origine d’une thrombose veineuse, entraînant par exemple une phlébite ou une embolie pulmonaire.

L’autre aspect très négatif de cette infection cutanée est son nombre important de récidives, en particulier chez les sujets à risque.

Diagnostic et traitements de l’érysipèle

Quel diagnostic ?

diagnostic de l'érysipèleL’érysipèle est une infection cutanée grave, qui nécessite une consultation médicale immédiate dès l’apparition des symptômes caractéristiques. Généralement, les signes cliniques orientent rapidement le médecin vers le diagnostic. Il doit impérativement identifier la lésion cutanée à l’origine de l’entrée de la bactérie dans la peau.

Le streptocoque étant la bactérie la plus fréquemment impliquée, il n’est pas toujours nécessaire de pratiquer des examens complémentaires. Certaines circonstances peuvent néanmoins nécessiter des examens complémentaires :

  • Une mauvaise réponse aux traitements antibiotiques efficaces contre le streptocoque ;
  • La non-découverte de la lésion cutanée ayant servi de porte d’entrée à la bactérie ;
  • Des signes cliniques peu caractéristiques ou des signes de gravité.

Dans ces situations, des examens microbiologiques sont mis en œuvre pour :

  • Déterminer la bactérie en cause, grâce à des hémocultures ou des cultures de bactéries à partir d’un prélèvement au niveau des lésions cutanées ;
  • Evaluer sa sensibilité aux antibiotiques.

Malheureusement, ces examens ne permettent que rarement d’identifier la bactérie responsable.

Par ailleurs, un bilan sanguin révèle systématiquement l’existence d’un syndrome inflammatoire (perturbations du nombre de globules blancs, augmentation des protéines inflammatoires).

Quels traitements ?

traitement de l'érysipèleCompte-tenu de l’évolution rapide et de la gravité de l’infection, le traitement de l’érysipèle doit être instauré dès que possible après le diagnostic. Dans certains cas, une hospitalisation est indispensable :

  • Le traitement antibiotique reste inefficace après deux jours de traitement ;
  • Le patient présente des pathologies chroniques (diabète, obésité, insuffisance rénale, traitement médicamenteux au long cours, …) ;
  • L’infection est associée à des signes de gravité (abcès, altération de l’état général, syndrome septique).

Le traitement de l’érysipèle comprend trois aspects essentiels :

  • Le repos de la partie du corps touché, pour éviter que l’infection ne se propage d’autres parties du corps. Le repos au lit est conseillé ;
  • Les soins de la porte d’entrée de la bactérie (soins de la plaie, traitement d’une maladie cutanée, …) ;
  • Un traitement médicamenteux:
    • Un traitement de la fièvre et des douleurs ;
    • Un traitement antibiotique adapté, par voie orale pendant au moins 7 jours, ou par voie veineuse pour les sujets hospitalisés ou les formes graves.

À savoir ! Il ne faut jamais prendre d’anti-inflammatoires non stéroïdiens en cas d’érysipèle. En effet, ces médicaments peuvent accélérer l’évolution de l’infection et entraîner des complications graves.

Généralement, les symptômes de l’érysipèle régressent significativement dès les premières 48 heures de traitement, même s’il faut attendre 2 à 3 semaines pour qu’ils disparaissent complètement. Mais le risque de récidive reste marqué pendant les mois et les années qui suivent le premier épisode. Toute plaie doit alors être immédiatement détectée et prise en charge. De même, les gestes de prévention des mycoses sont essentiels. En cas de récidives multiples, un traitement antibiotique sur plusieurs mois peut être instauré.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– ÉRYSIPÈLE. vidal.fr. Consulté le 19 mars 2021.
– L’érysipèle. dermato-info.fr. Consulté le 19 mars 2021.

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