L’hypomanie est un trouble psychique chronique caractérisé par un dérèglement de l’humeur. Ce trouble est généralement assimilé à la bipolarité par les spécialistes. L’hypomanie se manifeste par une exaltation inhabituelle survenant par « crise » de quelques jours chez le patient. D’autres symptômes sont associés comme une agitation, une euphorie, une irritabilité, etc. Le diagnostic d’une hypomanie est difficile à établir. Il repose sur l’expertise d’un médecin spécialiste. En effet, les symptômes sont discrets et la crise est vécue comme agréable par le patient, ce qui retarde le diagnostic. La prise en charge lorsqu’elle est nécessaire, repose, entre autres, sur la prise d’un médicament régulateur de l’humeur et/ ou une psychothérapie.
Définition et symptômes de l’hypomanie
Qu’est-ce que c’est ?
L’hypomanie est un trouble de l’humeur, plus ou moins grave selon les patients. Il est souvent considéré comme une forme atténuée de bipolarité. Cet état psychologique se manifeste sous forme de crise de plusieurs jours. Il est caractérisé par une hyperactivité, à laquelle des troubles du comportement et de la pensée sont associés, suivie ou non d’un épisode dépressif.
L’origine de l’hypomanie n’est pas claire. L’hypothèse génétique semble favorisée par la communauté scientifique. Généralement, l’hypomanie n’est pas isolée. Autrement dit, elle est associée à un trouble bipolaire, aux troubles de l’attention, avec ou sans hyperactivité et à l’hypersexualité. Enfin, elle survient parfois suite à la consommation de substances toxiques ou de certains médicaments.
La place exacte de l’hypomanie dans les troubles de l’humeur reste floue. La plupart des médecins la considèrent comme une forme légère ou précurseur de la bipolarité. Habituellement, l’hypomanie, lorsqu’elle est associée à des épisodes dépressifs, définit le trouble bipolaire de type 2. Elle se traduit alors par des variations importantes de l’humeur, des réactions disproportionnées et des humeurs extrêmes sans facteur déclenchant.
À savoir ! Près de 0,5% des Français souffrent de troubles bipolaires de type 2.
Quels symptômes ?
L’hypomanie est, comme son nom l’indique, une forme atténuée de manie présente dans le trouble bipolaire. Une hypomanie se manifeste par une augmentation anormale de l’énergie et de l’humeur d’un individu. A noter que pour parler d’épisode hypomaniaque, les manifestations du trouble doivent être présentes au moins pendant 4 jours d’affilée. Généralement, l’hospitalisation n’est pas nécessaire.
Durant un épisode hypomaniaque, l’humeur du patient est exaltée, il ressent moins la fatigue et il multiplie les activités. L’état d’euphorie que génère l’hypomanie est généralement agréable pour le patient qui ne souhaite pas quitter cet état.
Le patient est également très susceptible et irritable lors d’un épisode d’hypomanie. Il peut pleurer ou s’énerver très facilement. La labilité émotionnelle est caractéristique. En effet, le patient peut littéralement passer du rire aux larmes. La confiance en soi et l’efficacité intellectuelle (pleins d’idées et de projets) sont généralement décuplées, ce qui rend cet état très agréable pour les patients. Une désinhibition est également visible : le patient est plus bavard, plus tactile ou plus sociable qu’habituellement.
Un état dépressif peut faire suite à l’épisode hypomaniaque. Il se manifeste par plusieurs des symptômes suivants :
- Humeur dépressive ;
- Perte d’intérêt ou de plaisir à effectuer les activités habituelles ;
- Prise ou perte de poids associée à une perte, ou au contraire, à une augmentation de l’appétit ;
- Insomnie ou hypersomnie ;
- Agitation ou ralentissement moteur ;
- Fatigue, manque d’énergie ;
- Dévalorisation ou culpabilité ;
- Pensées ou tentative de suicide.
A noter que l’hypomanie est souvent rencontrée chez les individus extravertis qui présentent généralement plusieurs des caractéristiques suivantes : forte consommation de tabac, d’alcool ou de café, irritabilité, impatience voire instabilité, tendance colérique, dort peu sans ressentir de fatigue, fait des dépenses excessives et a des conduites à risque.
Diagnostic et traitement de l’hypomanie
Quel est son diagnostic ?
Le diagnostic de l’hypomanie est extrêmement difficile à établir compte tenu de la faible intensité des symptômes et de la durée limitée des épisodes. Sans parler du fait que le patient lui-même se sent généralement très bien lors des épisodes hypomaniaques et ne se considère pas comme malade. L’entourage peine également à repérer les signes de la maladie, et considère volontiers le patient comme étant « en pleine forme » plutôt qu’atteint d’un trouble psychiatrique.
Dans la majorité des cas, c’est la survenue d’un état dépressif à la suite d’un épisode hypomaniaque qui permet d’évoquer le diagnostic. Celui-ci survient surtout au début de l’adolescence, ou aux prémices de la vie d’adulte, à savoir entre l’âge de 20 et 25 ans. Les femmes et les hommes sont concernés à proportions égales. A noter qu’en consultation, ce sont essentiellement les symptômes de la dépression qui sont évoqués par le patient, et qui l’ont poussé à voir un médecin. Les symptômes hypomaniaques sont, en effet, peu évoqués par les patients.
Lors du diagnostic, l’hypomanie est différenciée des troubles bipolaires par l’absence de :
- Signes psychotiques ;
- Troubles graves du comportement ou de la pensée.
La vie du patient et de son entourage n’est généralement que très peu impactée par le trouble.
Quel traitement ?
Un traitement n’est pas forcément nécessaire en cas d’hypomanie. En effet, la nécessité de la prise en charge dépend des éventuels troubles associés (épisode dépressif majeur) et de l’évolution dans le temps du trouble.
Lorsqu’une prise en charge est nécessaire, elle peut être médicamenteuse et/ou psychiatrique. L’objectif est d’aider le patient à conserver ou à maintenir une vie sociale et professionnelle aussi normale que possible.
Les médicaments régulateurs de l’humeur sont les traitements les plus utilisés dans les troubles de l’humeur comme la bipolarité. Ils permettent d’atténuer les symptômes et de réduire les risques de récidive. Le lithium est le plus vieux médicament utilisé pour réguler l’humeur. A cause de son suivi contraignant (analyse sanguine régulière), il est maintenant moins prescrit. Depuis, d’autres classes médicamenteuses ont rejoint l’arsenal thérapeutique, comme les anti-épileptiques (valproate, carbamazépine, lamotrigine) et les antipsychotiques de 2ème génération (aripiprazole, olanzapine, quétiapine, risperidone, etc.).
Le choix du traitement peut être difficile parce que tous les médicaments comportent des effets indésirables parfois importants, des interactions médicamenteuses et une efficacité limitée selon les patients. Plusieurs essais sont souvent nécessaires avant de trouver le médicament qui est efficace et bien toléré.
Pour une efficacité optimale, les médicaments régulateurs de l’humeur doivent être pris pendant longtemps, parfois à vie. L’arrêt du traitement ne peut être amorcé que sous surveillance médicale stricte et lorsque l’humeur du patient est parfaitement stabilisée depuis 2 ans minimum.
Une prise en charge psychologique (psychothérapie) est recommandée en association avec le traitement médicamenteux. L’idée des séances de psychothérapie est de donner les clés au patient pour apprendre à gérer ses émotions et son stress, deux facteurs pouvant déclencher un épisode hypomaniaque ou dépressif. L’éducation à la maladie est également un point important à aborder lors des séances.
Lorsque l’hypomanie est liée à la prise d’un traitement, sa posologie est modifiée, voire le médicament substitué par un autre. En cas de consommation de produits toxiques soupçonné d’induire le trouble, le sevrage doit être envisagé.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Hypomanie. psychotherapie.ooreka.fr. Consulté le 17 mars 2022.
– L’hypomanie annonce-t-elle des troubles bipolaires ? troubles-bipolaires.com/. Consulté le 17 mars 2022.