Paranoïa


Rédigé par Charline D. et publié le 11 juillet 2023

paranoïa

La paranoïa est un trouble de la personnalité qui se retrouve dans plusieurs troubles psychiatriques majeurs. Ce trouble psychiatrique se caractérise par une méfiance et une suspicion excessive envers les autres et des idées de menace ou de persécution injustifiées.  La paranoïa peut prendre différentes formes selon son degré de sévérité et peut s’aggraver vers des formes psychiatriques complexes, comme le délire paranoïaque. Le traitement repose principalement sur une psychothérapie, basée sur des approches cognitivo-comportementales.

Définitions et symptômes de la paranoïa

La paranoïa, un trouble psychiatrique

Femme qui souffre de Paranoïa

La paranoïa est au départ plus un symptôme de trouble psychiatrique qu’un trouble psychiatrique en lui-même. Ce trouble de la personnalité se définit comme une méfiance excessive ou une suspicion anormale et des idées délirantes se concrétisant par :

  • Des menaces
  • Des délires de persécution ;
  • Une impression de trahison ;
  • Des complots réels ou imaginaires.

En termes psychanalytiques, la paranoïa correspond à une hypertrophie du Moi (Le Moi est une instance psychique, qui se différencie de celles du ça et du surmoi. Il est plus vaste que le préconscient-conscient).

La paranoïa se retrouve dans plusieurs troubles psychiatriques majeurs, tels que :

Selon les estimations, entre 0,5 et 2,5 % des personnes présenteraient des troubles de la personnalité en lien avec une paranoïa. La paranoïa apparaît généralement au début de l’âge adulte et peut s’aggraver au fil des années pour se transformer en délires paranoïaques après l’âge de 35 ans. D’une manière générale, les troubles paranoïaques tendent à s’accentuer avec l’âge. Les hommes sont globalement plus touchés que les femmes par les symptômes paranoïaques.

À savoir ! La paranoïa a fait l’objet de nombreux travaux de psychanalyse, les plus connus étant ceux menés par Freud et Lacan.

Les causes de la paranoïa ne sont pas connues à ce jour, mais plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer son origine, notamment :

  • Des biais cognitifs, qu’ils portent sur l’attention, l’interprétation, l’anxiété ou la mémoire ;
  • Une hypervigilance ;
  • Des expériences de négligence, de malveillance ou d’abus dans l’enfance ;
  • Des schémas de pensée précoce associant de la malveillance, de la méfiance, de l’échec ou de la honte ;
  • Une faible estime de soi qui confère un sentiment d’infériorité ;
  • Une forte sensibilité à l’opinion et aux actions des autres ;
  • Une peur du rejet et de l’humiliation ;
  • Des troubles affectifs inexpliqués ;
  • D’importants troubles du sommeil ;
  • Des troubles du raisonnement, par exemple l’incapacité à prendre en compte des faits avant de conclure sur une situation ou encore la difficulté à donner des explications alternatives à une situation.

Au-delà de retrouver des événements déclencheurs de la paranoïa, certains traits de personnalité à l’adolescence semblent constituer des facteurs de risque de développer des troubles paranoïaques à l’âge adulte, en particulier :

  • L’autoritarisme ;
  • La rigidité d’esprit ;
  • L’agressivité ;
  • La jalousie maladive.

Les symptômes de la paranoïa

Femme qui regarde discrètement par la fenêtre

La paranoïa peut se manifester de différentes manières, selon les personnes, selon les troubles psychiatriques associés et selon les situations :

  • Des réactions de défense, de la peur ;
  • Une susceptibilité exacerbée ;
  • Une rancune ;
  • Une volonté de contrôler l’environnement pour ne pas dépendre des autres ;
  • Un sentiment de supériorité associé à un autoritarisme ;
  • Une rigidité d’esprit ;
  • De la jalousie ;
  • De la colère ;
  • Des erreurs de jugement ;
  • Du mépris des autres ;
  • Une froideur.

La pensée paranoïaque de méfiance et de peur est totalement irrationnelle et sans rapport avec la situation vécue. La personne paranoïaque interprète chaque situation pour l’intégrer à sa propre logique de pensée. Il développe ainsi des certitudes et des croyances qui le confortent dans sa paranoïa. la personne paranoïaque, il ne tient pas compte des différents éléments et faits qui pourraient contredire son schéma de pensée, mais pour lui, ces éléments et faits n’existent tout simplement pas.

Si, sur le plan personnel et social, les personnes paranoïaques rencontrent souvent de grosses difficultés dans leurs relations aux autres, elles peuvent très bien s’intégrer professionnellement et mener un carrière professionnelle réussie. Avec l’entourage, les relations sont généralement conflictuelles, tendues et très difficiles. La confiance en l’autre est presque impossible, car la personne paranoïaque se sent presque constamment menacée, y compris par ses proches.

La paranoïa peut s’aggraver au fil des années, surtout si elle n’est pas prise en charge. Elle peut ainsi évoluer chez certains sujets vers vers une psychose paranoïaque. . Dans ce trouble délirant, les sujets ont perdu toute capacité de doute, sans pour autant souffrir d’une altération de leurs capacités intellectuelles. Plusieurs types de délire peuvent alors se rencontrer en fonction des situations vécues :

  • Des délires de revendication, encore appelés une sinistrose délirante ;
  • Des délires de jalousie (croyance d’être trompé) ;
  • Des délires érotomaniaques(croyance qu’une personne a développé des sentiments amoureux pour elle) ;
  • Des délires idéalistes (croyance acharnée pour une idéologie politique ou religieuse).

Paranoïa, diagnostic et traitement (h2)

Quel diagnostic pour les personnalités paranoïaques ?

Homme atteint de paranoïa chez un médecin

L’existence de symptômes paranoïaques qui altèrent les relations avec les proches et les relations sociales doit alerter l’entourage. En effet, le sujet lui-même se rend rarement compte de la paranoïa dont il souffre, étant totalement convaincu que ses peurs et méfiances sont justifiées.

Une consultation psychologique et psychiatrique est indispensable pour diagnostiquer la paranoïa, et décrire les troubles psychiatriques associés.

À savoir ! Auparavant, la paranoïa était considérée comme une psychose non dissociative comme la psychose hallucinatoire chronique ou la paraphrénie. Désormais, la paranoïa est intégrée à la schizophrénie, alors que le trouble délirant paranoïaque est compris dans les troubles délirants.

Le diagnostic psychiatrique de la paranoïa repose sur une expertise psychiatrique, qui doit obligatoirement inclure une analyse de la dangerosité chez le sujet paranoïaque. Cette analyse doit prendre en compte :

  • Des facteurs de risque généraux, comme :
    • Un âge inférieur à 30 ans ;
    • Le sexe masculin ;
    • Un statut marital de célibataire ;
    • Un faible niveau socio-économique ;
  • Des antécédents de violences subis ou perpétrés ;
  • L’abus de substances et les conduites addictives ;
  • Des facteurs environnementaux, comme des problèmes professionnels, des problèmes financiers ou de logement, des problèmes affectifs ;
  • Des facteurs liés à la maladie mentale en elle-même, tels que l’intensité du délire, des troubles du comportement, une agitation psychomotrice, des passages à l’acte ou encore un faible respect des traitements prescrits.

Quels traitements ?

La prise en charge de la paranoïa, comme son diagnostic, est souvent délicate, puisque le sujet n’est absolument pas demandeur d’une aide médicale ou psychologique. De son point de vue, ses convictions sont réelles et justifiées et il n’a donc pas besoin d’être soigné. Cependant, les patients paranoïaques peuvent parfois demander de l’aide, par exemple :

  • Face à un stress majeur ;
  • En cas de difficultés affectives ou relationnelles.

La prise en charge repose principalement sur une psychothérapie cognitivo-comportementale. L’objectif est de faire comprendre au patient que ses schémas de pensées sont erronés et que sa logique n’est pas adaptée au regard des situations vécues. La thérapie lui permet au fil des séances de revoir ses interprétations et de retrouver progressivement un sentiment de sécurité.

Parallèlement, des médicaments psychotropes peuvent être prescrits dans certaines situations et/ou à certains moments de la prise en charge :

  • Des médicaments neuroleptiques en cas de trouble délirant ;
  • Des médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques en cas d’anxiété ou de stress majeur associé.

À savoir ! Lorsque la paranoïa évolue vers un trouble délirant paranoïaque, une hospitalisation en service psychiatrique peut être nécessaire, de manière libre ou sous contrainte, pour prévenir tout risque de passage à l’acte

Enfin, en complément de la prise en charge psychothérapeutique de la paranoïa, des thérapies familiales ou de couple peuvent être intéressantes pour soutenir les proches et restaurer des relations aux autres plus sereines.

Estelle B., Docteur en Pharmacie Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– La paranoïa et les troubles associés. aqpamm.ca. Consulté le 11 juillet 2023
– La paranoïa, approche clinique et médico-légale : quelle actualité ? congresfrancaispsychiatrie.org. Consulté le 11 juillet 2023
– PARANOÏA. ramsaygds.fr. Consulté le 11 juillet 2023

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