Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique étrange qui peut se produire entre une victime et son bourreau. Certains otages ou victimes peuvent développer pendant leur captivité une certaine empathie, voire sympathie, à l’égard de leur geôlier. En effet, l’exposition à un extrême danger, souvent associée à une forte promiscuité avec le ou les agresseurs, peut faire surgir chez la victime un mécanisme d’adaptation lui permettant de faire face à la menace. Le syndrome de Stockholm est une stratégie de défense qui permet à la victime de gérer le choc émotionnel causé par la violence de la situation. La prise en charge d’un syndrome de Stockholm repose sur un suivi psychologique intensif et le soutien familial, parfois pendant plusieurs années.
Qu’est-ce que le syndrome de Stockholm ?
Le syndrome de Stockholm se définit comme un lien d’empathie s’installant entre la victime d’une séquestration et son ravisseur. Ce syndrome peut se manifester pour une grande variété de délits :
- Crimes sexuels ;
- Attaques à main armée ;
- Prises d’otages ;
- Chantages de tous genres ;
- Violences à l’encontre des femmes.
À savoir ! Le syndrome se développe de manière inconsciente et involontaire. Il s’agit de l’instinct de survie.
Histoire du concept
Le concept de « syndrome de Stockholm » est apparu il y a une quarantaine d’années à l’occasion d’une prise d’otages à Stockholm en Suède. Fin août 1973, 6 malfaiteurs braquent une banque de la capitale suédoise et prennent en otage ses quatre employés pendant 6 jours. Après une longue attente très médiatisée, et à l’issue des négociations, tous les otages sont libérés sains et saufs. Chose étonnante, les otages ont par la suite refusé de témoigner contre leurs agresseurs. Certains sont allés les voir en prison, et l’une d’entre elle a même entretenu une relation amoureuse avec l’un des malfaiteurs. Depuis ce fait divers, de nombreuses manifestations de ce syndrome ont été identifiées.
Comment s’installe le syndrome de Stockholm ?
Le syndrome de Stockholm survient en cas de situation de stress psychologique extrême. Par exemple, en cas de prise d’otages.
La victime se retrouve d’abord dans un état de sidération rendant impossible toute prise de décision. Après le choc, une réorganisation psychologique s’opère. En effet, la victime s’adapte à la situation et trouve de nouveaux repères. La victime n’a plus aucune autonomie et dépend totalement de son bourreau pour satisfaire ses besoins. Finalement, c’est « grâce » à lui s’il peut manger, dormir, bouger, aller aux toilettes, etc. Lorsque l’agresseur n’abuse pas de la situation, sa victime le voit comme quelqu’un de bien. Certaines victimes peuvent ressentir un sentiment de gratitude envers leur agresseur, et adopter petit à petit la pensée et le code moral du bourreau.
Plus la situation s’éternise, plus cette nouvelle personnalité a de risque de s’implanter profondément dans l’individu, à tel point que certaines victimes se rangent parfois du côté de l’agresseur et s’opposent aux forces de l’ordre.
À savoir ! Le fait de vivre sans contact avec le monde extérieur peut également induire le syndrome. C’est particulièrement le cas dans les situations de violence familiale où la personne agressée prend fréquemment la défense de son agresseur.
Finalement, le syndrome de Stockholm serait un mécanisme d’adaptation permettant aux victimes de survivre. En effet, cet ajustement aurait pour objectif de diminuer l’anxiété engendrée par une menace subite de mort.
Le syndrome de Stockholm n’affecte cependant pas tous les individus vivant la même situation. Par ailleurs, seulement 3 à 4 jours de captivité suffisent pour qu’il se manifeste. Il semblerait qu’il apparaisse lorsque les facteurs suivants sont présents :
- Le ou les agresseurs menacent la vie de la victime. L’agresseur est perçu par celle-ci comme capable de passer à l’acte ;
- La victime ne peut pas s’échapper et dépend de son agresseur ;
- La victime n’a aucun contact avec l’extérieur ;
- L’agresseur est vu comme bienveillant.
À savoir ! Le phénomène inverse du syndrome de Stockholm existe, on parle du syndrome de Lima, au cours duquel c’est l’agresseur qui éprouve de l’empathie pour sa victime.
Quels sont les symptômes du syndrome de Stockholm ?
Un syndrome de Stockholm est caractérisé par la présence de divers éléments :
- La présence d’un lien d’attachement et d’empathie (voir d’amour) entre la victime et l’agresseur. Ce lien peut être conscient ou inconscient. L’agresseur peut être vu par sa victime comme en souffrance, sincère et bienveillant.
- Un sentiment d’impuissance exacerbé qui engendre une mise de côté de soi afin de survivre ;
- Une dépendance totale qui engendre la perte d’autonomie de la victime. L’agresseur s’arrange pour être le seul à pouvoir répondre au besoin de sa victime pour obtenir sa soumission ;
- Une hostilité envers les forces de l’ordre de la part de la victime. Cette dernière à tendance à minimiser les faits pour ne pas trahir l’agresseur ;
- Une diminution voire suppression des contacts avec l’extérieur.
Comment est-il diagnostiqué ?
L’identification d’un syndrome de Stockholm repose sur la présence de 3 signes associés chez la victime :
- Un sentiment de compréhension, de sympathie voire d’amitié à l’égard de son agresseur ;
- Aucune plainte d’agression, de violence ou de maltraitance ;
- Aucune volonté d’opposition à l’agresseur.
La prise en charge du syndrome de Stockholm
La prise en charge du syndrome de Stockholm est psychologique. Elle repose sur un suivi psychologique ou psychiatrique très régulier.
Le travail de reconstruction psychologique des victimes est très long et éprouvant. Parfois, le traumatisme est si important que la personnalité de la victime est profondément affectée.
Le temps nécessaire à la reconstruction et au déconditionnement est variable selon la durée la période de violence et son contexte. Plusieurs étapes sont nécessaires à la guérison :
- Une première phase de rupture totale du lien agresseur-victime. L’objectif est que la victime puisse se libérer de l’emprise.
- Une phase de prise de conscience pour que le patient puisse reconnaître le caractère toxique de la relation. Certains thérapeutes montrent au patient des photos de l’agresseur, visite avec eux le lieu de l’agression ou les font participer à une reconstitution. Petit à petit le patient ressent de moins en moins d’admiration pour son agresseur.
- Une phase dite thérapeutique avec un suivi médico-social lorsque le patient réalise les faits. A noter que l’écriture thérapeutique est un excellent moyen d’extérioriser les souffrances et de prendre de la distance vis à vis du traumatisme.
Publié le 2 mai 2018 par Charline D., Pharmacien. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie le 31 mai 2022.
– Le syndrome de Stockholm et l’évaluation des apprentissages. Jacques BELLEAU. cdc.qc.ca. Consulté le 31 mai 2022.