Syndrome du bébé secoué : repérer et signaler les cas de maltraitance

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Rédigé par Deborah L. et publié le 12 octobre 2017

Chaque année en France, on estime que plusieurs centaines d’enfants sont victimes du « syndrome du bébé secoué ». Mais ce chiffre est certainement sous-estimé en raison des nombreux diagnostics non posés et du peu de déclarations de cette forme de maltraitance. Dans ce contexte, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier de nouvelles recommandations visant à mieux repérer et signaler les cas de maltraitance.

médecin osculte un bébé qui pleure

Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué ?

Traumatisme crânien non accidentel, le syndrome du bébé secoué survient généralement lorsque l’adulte, exaspéré par les pleurs du bébé ou du jeune enfant, le secoue de façon violente.

À savoir ! Ce sont surtout les enfants de moins de 6 mois et 1 an qui sont les plus touchés par ce syndrome qui constitue une véritable forme de maltraitance.

Le syndrome du bébé secoué provoque des séquelles graves chez l’enfant même si sa tête ne reçoit aucun choc :

  1. Lésions cérébrales ;
  2. Lésions oculaires ;
  3. Lésions de la moelle épinière.

Les nourrissons sont en effet plus sensibles aux secousses dans la mesure où la musculature de leur cou est faible et que leur cerveau est encore en développement. En cas de secouement, le cerveau se heurte aux parois du crâne, ce qui entraîne des lésions.

Les conséquences de ces traumatismes peuvent être très graves pour l’enfant et inclure des séquelles neurologiques permanentes parfois fatales.

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Le rôle fondamental du médecin généraliste

Dans la majorité des cas, les épisodes de secouement sont répétés dans le temps et en l’absence de diagnostic précoce, le bébé risque d’être exposé à des lésions cérébrales de plus en plus graves. Face à ce danger mettant en péril la vie du nourrisson, le repérage précoce de ce syndrome est évidemment indispensable. C’est dans ce contexte que la HAS publie de nouvelles recommandations visant à mieux repérer et signaler les cas de maltraitance.

À savoir ! Ces nouvelles recommandations sont disponibles en cliquant ici

Se basant sur les nouvelles connaissances scientifiques relatives aux lésions cérébrales provoquées par ce syndrome, ces recommandations sont présentées par la HAS comme un véritable « mode d’emploi » de la conduite à tenir et insistent sur le rôle fondamental du médecin généraliste dans le diagnostic de ces situations souvent très complexes à identifier :

« La maltraitance des enfants, enjeu de santé publique majeur, reste un phénomène méconnu des professionnels de santé. La possibilité d’une maltraitance doit toujours être présente à l’esprit du médecin ».

C’est ainsi que les recommandations de la HAS apportent les précisions suivantes :

  1. Les critères diagnostiques du syndrome du bébé secoué ;
  2. Le bilan à effectuer en cas de suspicion de ce syndrome et en particulier la liste exhaustive des éléments nécessaires et suffisants du bilan d’hémostase.
  3. Les radiographies de squelette à réaliser ;
  4. Les modalités de l’IRM.

« Concrètement, le diagnostic de secouement est davantage documenté devant des symptômes neurologiques tels que certains types précis d’hématomes sous-duraux et d’hémorragies rétiniennes : une imagerie cérébrale (scanner en urgence puis IRM) et un examen du fond d’œil permettent de poser un diagnostic clair », précise la HAS.

Lorsque le médecin généraliste suspecte un cas de syndrome de bébé secoué, l’enfant doit être considéré comme un traumatisé crânien grave, et doit donc être hospitalisé en soins intensifs pédiatriques, avec avis neurochirurgical.

La HAS insiste enfin sur la mission de signalement du cas au procureur de la République : « Cet impératif de protection est rendu possible par la levée du secret médical qui met le médecin à l’abri de toute poursuite pénale pour violation de celui-ci. Le signalement n’est pas un acte de délation, c’est un acte de protection de l’enfant » insiste-t-elle.

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Mieux repérer les signes de maltraitance

La HAS actualise également sa fiche mémo visant à mieux repérer les signes de maltraitance infantile pour mieux y réagir. Elle reprend de façon synthétique les principales recommandations sur :

  1. La prévention de la mort inattendue du nourrisson ;
  2. Le syndrome du bébé secoué ;
  3. La maltraitance sexuelle intrafamiliale.

« Le phénomène transcendant toutes les catégories sociales, la possibilité d’une maltraitance doit donc toujours être présente à l’esprit du médecin qui doit y penser à chaque consultation. Au-delà de brûlures, de fractures ou d’ecchymoses caractéristiques, le professionnel doit aussi s’interroger face à des signes non spécifiques : modification du comportement habituel de l’enfant, attitudes des parents qui parlent à la place de l’enfant ou au contraire l’ignorent », conclut la HAS.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Syndrome de bébé secoué : des recos de la HAS pour améliorer le repérage et le signalement. Egora. Le 04 octobre 2017.
– Syndrome du bébé secoué. Ameli. Le 04 octobre 2017.