Naissances prématurées : en chute libre pendant le confinement ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 2 août 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la quasi-totalité des actualités s’y rapportant sont négatives ou anxiogènes : nombre de décès, taux de contaminations, séquelles à long-terme, crainte d’une seconde vague… Et si l’épidémie de Covid-19 avait eu malgré tout un impact sanitaire positif ?  C’est ce que suggèrent des médecins irlandais et danois. Ils soutiennent l’hypothèse selon laquelle le confinement imposé par l’épidémie de SARS-CoV-2 aurait fait chuter le nombre de naissances prématurées.

Petit bébé prématuré qui dort

Les naissances prématurées en chute : Un constat intrigant

Qu’on se le dise, les actualités liées à l’épidémie de Covid-19 sont souvent loin d’être réjouissantes. Et si nos oreilles se sont habituées à entendre des informations anxiogènes, certaines nouvelles sont parfois aussi surprenantes que porteuses d’espoir. Pour preuve, voici le récit d’un phénomène qui n’a pas fini d’intriguer la communauté scientifique.

Le célèbre journal The New York Times a récemment rapporté que des médecins avaient constaté une baisse conséquente des naissances prématurées pendant la période de confinement liée à l’épidémie de coronavirus. Parmi eux figure un médecin irlandais, le docteur Roy Philip qui était en congés au moment où l’Irlande a démarré son confinement. De retour au travail au sein du service néonatologie de l’University Maternity Hospital Limerick, il s’interroge sur l’absence de commande de compléments à base de lait maternel prescrits aux grands prématurés. Et son équipe de lui répondre qu’aucun bébé prématuré n’est né pendant le mois de mars !

Fortement intrigué, le médecin entame alors avec ses confrères une enquête. Elle vise à comparer le nombre de naissances avant terme ayant lieu chaque année au sein de leur hôpital entre les mois de janvier et avril. Pour cela, ils étudient le poids des bébés.

À savoir ! Le poids des bébés constitue un indice révélateur de prématurité. On parle de poids « très bas » s’il est inférieur à 1,5 kg et « extrêmement bas » s’il est inférieur à 1 kg.

Et les résultats sont saisissants ! « Au cours des vingt dernières années, les bébés de moins de 1,5 kg ont représenté environ 8 naissances vivantes sur 1 000 à l’hôpital ». Cette année, le chiffre est divisé par quatre. Les tout petits nourrissons, ceux de moins de 1 kg, représentent généralement 3 pour 1 000 naissances. En ce début d’année 2020, il n’y en a eu aucun. Du jamais vu depuis deux décennies », explique le médecin irlandais.

En parallèle, au Danemark, d’autres scientifiques ont observé le même phénomène. Avec une chute de 90% du nombre de bébés nés avant 28 semaines (prématurité extrême) pendant le confinement. Ces analyses irlandaises et danoises étant le fruit d’investigations locales, elles n’ont pas encore fait l’objet de publications validées. Mais des observations similaires dans d’autres pays pourraient pousser les scientifiques à approfondir leurs recherches.

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Vers une meilleure connaissance des causes de la prématurité ?

Plusieurs villes à travers le monde ont en effet constaté le même phénomène (Nashville, Calgary, Melbourne ou encore Rotterdam) et certains médecins comme le docteur américain Stephen Patrick, partagent même avec des confrères leurs témoignages sur le réseau social Twitter.

Si pour l’heure il semble difficile d’apporter des explications franches à ce phénomène, certains médecins mettent en avant les possibles raisons suivantes :

  • La moindre exposition des femmes enceintes aux infections pendant la période de confinement.
  • La moindre exposition des femmes enceintes à la pollution pendant la période de confinement.
  • Moins de stress et moins de fatigue due aux trajets quotidiens vers le travail.

Si certaines causes de naissances prématurées sont indépendantes des conditions de vie et de travail des femmes, la chute spectaculaire observée par ces études danoise et irlandaise semble indiquer de façon claire le rôle majeur de ces facteurs dans la prématurité.

Prochaine étape pour les équipes de scientifiques danois et irlandais ? Associer leurs compétences pour approfondir leurs recherches sur le sujet : « Il semblerait qu’il ait fallu attendre une attaque virale pour nous aider à nous mettre sur la bonne voie », a déclaré l’un des scientifiques. Expérience planétaire inédite, le confinement n’a pas terminé de nous surprendre…

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Le confinement a-t-il fait chuter le nombre de naissances prématurées ?. LA DÉPÊCHE. Consulté le 23 juillet 2020.
– Covid-19 : chute surprise des naissances prématurées. LE MONDE. Consulté le 23 juillet 2020.
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