Nomophobie


Rédigé par Charline D. et publié le 12 avril 2023

Personne avec nomophobie.

La nomophobie est peut-être bien le nouveau mal du siècle. Ce terme issu de l’expression anglo-saxonne « no mobil phobia » est le résultat d’une hyper connexion permanente de la nouvelle génération. La nomophobie fait référence à l’ensemble des angoisses que génère la privation d’un smartphone dont plus de 70% des français sont équipés. Cette affection est facilement identifiable. Le nomophobe consulte de manière compulsive son téléphone très fréquemment, par exemple simplement pour regarder l’heure ou scroller sans but sur un réseau social, et se sent désorienté lorsqu’il ne l’a pas à portée de main. L’autogestion de la nomophobie est possible en s’imposant quelques règles. Si besoin, un psychothérapeute peut intervenir.

Définition et symptômes de la nomophobie

Le mal des nouvelles générations

Le terme nomophobie est en réalité la contraction de « no mobil phobia » qui désigne donc la peur de ne pas avoir son téléphone avec soi.

Normalement, la peur est une émotion utile qui assure la protection de l’individu qui l’éprouve en le poussant à agir ou à fuir face à un danger. Chaque personne a des peurs, par exemple redouter de parler en public, être anxieux avant de prendre l’avion, etc. Dans la plupart des cas, chacun vit avec ses peurs et s’en accommode sans que celles-ci viennent impacter la qualité de vie.

Cependant lorsque la peur qui paralyse un individu en l’absence de réel danger prends des proportions exagérées ou impacte de manière importante sa vie (monopolise les pensées, influence les choix, etc.), alors la peur perd son utilité. Elle est pathologique. On parle de phobie.

La nomophobie est un tout nouveau type de phobie lié aux nouvelles technologies. Depuis 2008, cette dernière a évolué de 15%, et sa progression ne cesse de se poursuivre au fil des années. Les individus les plus dépendants de leur téléphone et plus généralement de la technologie (tablette, ordinateur, etc.) peuvent ressentir un réel manque en cas de privation de ces derniers. La nomophobie fait partie de la cyberdépendance.

Bien que la nomophobie concerne plus volontiers les jeunes, entre l’âge de 15 et 19 ans, toutes les générations peuvent être affectées.

À savoir ! Malgré son appellation, la nomophobie semble plutôt correspondre à une addiction qu’à une véritable phobie.

Personne attachée par un chargeur car a une nomophobie

Une connexion obsessionnelle

Les manifestations de la nomophobie incluent :

  • Le besoin de vérifier très fréquemment, à tout moment de la journée ou de la nuit, qu’aucun évènement (appel, SMS, mail, etc.) n’a été manqué;
  • Une hyperactivité sur les différents réseaux sociaux ;
  • Le fait de surfer sur internet de façon exagérée et sans but précis ;
  • Un sentiment de panique lorsque la batterie du téléphone n’est pas suffisamment chargée ou que la connexion internet est mauvaise;
  • L’installation d’une angoisse si le téléphone est éteint ou hors de portée.

La technologie, et plus particulièrement le téléphone est utilisé partout : au travail, à l’école, en famille, entre amis. Certains patients vont même jusqu’à l’utiliser dans les moments les plus intimes. Ainsi, à terme la nomophobie peut avoir des conséquences néfastes sur les relations sociales, professionnelle et/ou familiale. 

Nomophobie, diagnostic et traitement

Un autodiagnostic souvent suffisant

La prise de conscience des difficultés, manquements ou erreurs directement imputables à un usage excessif du téléphone est l’étape numéro une dans le diagnostic d’une nomophobie.

Le NMP-Q est un questionnaire composé d’une vingtaine de questions disponible sur internet et reconnu internationalement dans le diagnostic de cette récente affection. Son résultat permet aux patients d’avoir une première réponse concernant leur trouble afin de mettre en place les mesures qui s’imposent.

Le diagnostic de la nomophobie peut s’en tenir à un simple autodiagnostic qui permettra ensuite au patient de s’autocontrôler ou de s’autogérer vis-à-vis de l’utilisation de son téléphone.

Si besoin, le diagnostic peut être confirmé par un professionnel de santé habilité comme un psychologue ou un psychiatre.

panier à téléphones en raison d'une personne ayant une nomophobie

Gérer une nomophobie

La prise en charge de la nomophobie implique un sevrage volontaire.

Pour arriver à cela, il est indispensable que le patient prenne conscience de sa dépendance pour amorcer les actions qui s’imposent :

  • Installer des alertes en cas d’utilisation excessive du téléphone ;
  • Comptabiliser le temps passé sur le téléphone. Une fois la période prédéfinie dépassée, le téléphone peut par exemple être coupé. Des outils sont disponibles : ils portent le nom de contrôleurs ;
  • S’investir dans une activité sans téléphone, par exemple du jardinage, la musique, etc. ;
  • Se faire aider par un psychothérapeute en cas de besoin.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– La nomophobie. Institut Pi/Psy. pi-psy.org. Consulté le 22 février 2023.
– Nomophobie. La revue européenne des médias et du numérique. la-rem.eu. Consulté le 22 février 2023.