La plasticité neuronale est un domaine de recherche très actif et très prometteur. Mieux comprendre comment les neurones se développent et évoluent est essentiel pour espérer pouvoir traiter certaines maladies neurodégénératives ou comprendre le développement de certains troubles mentaux. Récemment, des chercheurs ont fait une découverte surprenante. Ils ont mis en évidence des neurones, responsables de l’humeur, restant immatures tout au long de l’existence.
Les amygdales du cerveau
Dans le cerveau, se trouvent deux petites régions, appelées des amygdales. En forme d’amande, elles se situent tout près de l’hippocampe, dans la partie frontale du lobe temporal. Les amygdales jouent un rôle essentiel dans la capacité à ressentir des émotions, mais aussi à percevoir les émotions des autres. Plus précisément, elles sont déterminantes pour analyser toutes les situations potentiellement menaçantes.
À savoir ! Les amygdales du cerveau ne doivent surtout pas être confondues avec celles situées de chaque côté du larynx, au niveau de la gorge. Productrices de globules blancs, les amygdales nécessitent parfois une opération chirurgicale, chez les enfants présentant des infections ORL multiples.
Les neurones de l’amygdale se développent-ils tous à la même période de la vie ? Cette question a suscité l’intérêt d’une équipe de recherche, qui vient de publier des conclusions surprenantes dans la revue scientifique Nature Communications.
Des neurones immatures tout au long de la vie
En s’intéressant de près aux neurones des amygdales, les chercheurs ont découvert un développement particulier des neurones du noyau paralaminaire. Certains neurones de cette région restent en effet dans un état de développement prénatal, immature, tout au long de l’enfance. Puis, ils connaissent deux sorts différents :
- La plupart de ces neurones se spécialisent rapidement pendant l’adolescence, jouant certainement un rôle clé dans le développement émotionnel du cerveau ;
- Une minorité de ces neurones restent immatures, et ce tout au long de l’existence.
Si les neurones du noyau paralaminaire des amygdales perdent, comme tous les neurones, leur capacité de division dès la première année de vie, ils ne deviennent pas tous matures pendant l’enfance ou l’adolescence. Ainsi, des neurones immatures sont retrouvés chez les enfants, les adolescents et les adultes, même au-delà de l’âge de 77 ans.
Des émotions encore adaptables, même à la fin de la vie
De tels résultats ont permis aux chercheurs de conclure que des neurones excitateurs restent immatures dans les amygdales pendant des décennies. Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur les connaissances de la plasticité des réponses émotionnelles du cerveau au cours de la vie.
Ces neurones pourraient constituer la base d’une plasticité persistante au niveau de l’interface entre l’hippocampe et l’amygdale. Même à l’âge adulte, le contrôle des émotions ne serait pas figé, mais encore évolutif. De nouvelles études pourraient prochainement être menées pour comprendre l’influence de facteurs génétiques et environnementaux sur cette plasticité neuronale, impliquée dans notre humeur et dans nos émotions !
Estelle B., Docteur en Pharmacie