Ordonnances des seniors : la sobriété médicamenteuse est de mise !

Actualités Santé des séniors

Rédigé par Deborah L. et publié le 12 juillet 2024

On entend beaucoup parler de « sobriété » en ce moment, et le domaine de la santé n’échappe pas au phénomène. Sachant que la moitié des patients de plus de 65 ans prend plus de cinq médicaments par jour, les entreprises du médicament ont entrepris de faire campagne pour favoriser « la sobriété médicamenteuse » chez les seniors. L’objectif ? Promouvoir le bon usage des médicaments tout en limitant les interactions médicamenteuses et les dépenses de l’Assurance Maladie. On fait le point.

sobriété médicamenteuse

Personnes âgées et polymédication

Saviez-vous que les interactions médicamenteuses seraient à l’origine de plus de 200 000 hospitalisations et d’une dizaine de milliers de décès prématurés chaque année en France ? C’est dire l’importance de veiller au bon usage des médicaments en les consommant de façon appropriée, aux dosages indiqués et sans dépasser la durée prescrite.

Car dans le cas contraire, les médicaments peuvent avoir des effets délétères sur la santé. Si l’ensemble de la population peut être concerné, ce risque augmente chez les personnes âgées, particulièrement celles souffrant de plusieurs pathologies. On estime d’ailleurs que la moitié des patients de plus de 65 ans prend plus de cinq médicaments par jour. Or, au-delà de cinq médicaments, le risque de survenue d’un évènement indésirable augmente de manière significative.

Par ailleurs, avec l’âge, le fonctionnement des organes digestifs ainsi que l’élimination des principes actifs par les reins et le foie sont plus lents, ce qui entraîne une sensibilité accrue aux effets secondaires des médicaments ainsi que de potentielles conséquences sur l’efficacité́ des traitements. D’où l’importance de faire réévaluer régulièrement les traitements en cours par son médecin traitant qui pourra réduire certaines doses voire arrêter certains médicaments s’il juge qu’ils ne sont plus nécessaires.

À savoir ! Aucun traitement médicamenteux ne doit être arrêté sans un avis médical !

Du bon usage des médicaments

On ne rappellera jamais assez que les médicaments ne sont pas des produits anodins et qu’il est indispensable de veiller à leur bon usage, ce qui implique de :

    • Respecter la posologie et les conditions de prise prescrites (nombre de cachets, nombre de prises, horaires prises, durée du traitement).
  • Informer son médecin de tous les traitements en cours.
  • Ne jamais interrompre, suspendre ou espacer un traitement en cours sans avis médical.
  • Signaler à son médecin tout événement pouvant modifier l’efficacité ou la tolérance d’un traitement (comme une hospitalisation, une infection etc).
  • Avertir son médecin, pharmacien ou infirmier/ère en cas de suspicion d’effets indésirables liés au traitement.
  • Faire un bilan régulier des traitements en cours avec son médecin traitant.
  • Conserver ses médicaments dans leur boîte d’origine avec leur notice.
  • Si un médicament de spécialité est remplacé par un médicament générique, le faire inscrire sur la boîte du générique.
  • Demander conseil à son pharmacien lors de l’achat d’un médicament sans ordonnance.
  • Solliciter son médecin ou pharmacien pour toute question relative à la prise d’un médicament ou en cas de symptômes inhabituels.

Une campagne de sensibilisation

Selon le LEEM, l’organisation professionnelle des entreprises du médicament, « nos médicaments ne sont réellement efficaces que lorsqu’ils sont utilisés correctement ». Depuis le 4 juin dernier, les entreprises du médicament ont donc entrepris de faire campagne pour favoriser « la sobriété médicamenteuse ». Cette année, elles s’engagent ainsi auprès des professionnels de santé et du grand-public pour les sensibiliser aux enjeux de la polymédication et promouvoir le bon usage des médicaments chez les seniors. Au programme, des actions de sensibilisation des professionnels de santé et une campagne de communication grand public. L’objectif affiché ? Optimiser les prescriptions en réduisant le nombre de traitements sur les ordonnances des personnes âgées.

Par ailleurs, réduire la surmédication peut également s’avérer profitable pour l’environnement et les dépenses publiques. La campagne du LEEM pourrait ainsi permettre à l’Assurance Maladie d’économiser jusqu’à 300 millions € en année pleine.

Fortes de cette première campagne sur le bon usage des médicaments, les entreprises du médicament prévoient déjà de mener d’autres actions en 2025 sur le thème de la lutte contre l’antibiorésistance et le gaspillage.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Sobriété médicamenteuse, les entreprises renforcent leurs actions pour le bon usage des médicaments. www.leem.org. Consulté le 3 juillet 2024.
– Medicamieux. www.leem.org. Consulté le 3 juillet 2024.