Des patients hospitalisés à l’hôtel !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 avril 2017

Le concept des hôtels-patients est déjà largement répandu aux USA et dans le Nord de l’Europe. La France pourrait se lancer dans l’aventure prochainement, puisque les autorités de santé viennent de définir les critères d’éligibilité des futurs hôtels-patients. Une autre façon d’envisager le séjour à l’hôpital !

hotels patients

Un premier hôtel-patients en Suisse

Ce concept, né aux USA et dans le Nord de l’Europe, se propage progressivement. En Suisse, le premier hôtel-patients a ouvert ses portes en 2016 à Lausanne et accueille plusieurs catégories de patients :

  • Des patients autonomes dans leurs activités quotidiennes, mais nécessitants des soins ou des examens, dispensés ou organisés par l’hôtel-patients en lien avec l’hôpital ;
  • Des patients et leurs familles avant une intervention chirurgicale ;
  • Des patients ayant reçu des soins en hôpital de jour ;
  • Des proches de patients hospitalisés, pour qu’ils puissent les accompagner au plus près.

Situé à proximité immédiate du Centre Hospitalier Universitaire, du personnel soignant est présent 24heures/24 et 7jours/7 dans l’établissement. La sécurité des patients est assurée par un bracelet d’alarme à déclencher en cas d’urgence. Ces derniers restent d’ailleurs sous la responsabilité des équipes médicales hospitalières pendant toute la durée de leur séjour.

Les patients bénéficient à la fois de prestations hôtelières, dignes d’un hôtel 3 étoiles, et d’un suivi médical hospitalier. Cet hôtel est géré par une entreprise entièrement privée, qui collabore étroitement avec l’établissement hospitalier.

Quels sont les avantages d’un hôtel-patients ? Selon les spécialistes, ils sont nombreux, avec des bénéfices à la fois pour les patients et les équipes médicales :

  • La libération de lits dans les services hospitaliers, pour les réserver à des cas plus graves ;
  • Une amélioration de la qualité des courts séjours hospitaliers, ce qui réduit les conséquences sur la santé du patient, par exemple en termes d’autonomie, d’alimentation ou de risques d’infections nosocomiales (infections contractées à l’hôpital) ;
  • Une meilleure intégration de l’entourage dans la prise en charge médicale des patients ;
  • Une surveillance renforcée des patients après des soins ou une intervention ambulatoire.

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En France, l’idée naît à Paris dans les années 90

Dès les années 1990, l’Hôtel Dieu à Paris décide de transformer une aile inutilisée de l’hôpital en hôtel pour différents patients :

  • Les patients qui viennent de loin pour une intervention chirurgicale ;
  • Pour les enfants atteints de leucémies et leurs familles.

Cette aile devient alors une sorte de sas entre l’hôpital et le domicile, améliorant le confort du patient, assurant une continuité de son suivi, et permettant à l’hôpital de se concentrer sur les cas les plus graves.

La réussite d’une telle initiative fait rapidement des émules dans les établissements d’Ile de France et dans différentes agglomérations françaises. Ce type d’hébergement se retrouve ainsi sur plusieurs sites en France, sous des appellations diverses : hôtels pour patients, maisons d’accueil ou appartements hôteliers pour patients.

En 2014, une étude menée par l’Agence Régionale de Santé d’Ile de France a montré que 27 % des patients hospitalisés auraient pu bénéficier de ce type d’hébergement temporaire non médicalisé. La loi de financement de la Sécurité Sociale de 2015 prévoit alors une expérimentation à plus grande échelle et sur une durée de 3 ans.

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Des hôtels-patients partout en France

Pour lancer l’expérimentation, la Haute Autorité de Santé a récemment publié les critères d’éligibilité ou de sélection des patients, qui pourraient bénéficier d’un tel dispositif. Entrent ainsi en ligne de compte plusieurs facteurs :

  • Le parcours de soin du patient ;
  • Des critères médicaux (autonomie, risque contagieux, trouble mental), mais aussi sociaux ;
  • L’éloignement entre la résidence principale du patient et l’établissement hospitalier ;
  • Le consentement libre et éclairé du patient.

Cet hébergement temporaire non médicalisé, à proximité directe des établissements hospitaliers, pourrait être particulièrement intéressant dans les contextes, qui ne nécessitent pas systématiquement une hospitalisation, tels que :

  • La réalisation d’un examen médical en ambulatoire (la veille et le lendemain) ;
  • Une séance de chimiothérapie (le lendemain) ;
  • Une intervention chirurgicale en hôpital de jour (la veille et le lendemain) ;
  • Une fin de grossesse à risque, lorsque le domicile de la patiente est éloigné de la maternité ;
  • La veille d’une césarienne programmée.

A la différence de l’exemple suisse, la France a opté pour des hôtels-patients totalement dépourvus de soin ou de surveillance médicale, et sans présence de personnel soignant.

La durée du séjour ne serait en théorie pas limitée, mais adaptée aux besoins de chaque patient. Le coût de cet hébergement pourrait à terme être pris en charge par l’Assurance Maladie et/ou les complémentaires santés, s’il est justifié et prescrit médicalement. En revanche, il sera à la charge du patient, s’il le choisit par confort personnel.

Des hôtels-patients pourraient progressivement voir le jour un peu partout en France. L’occasion d’aborder différemment un court séjour à l’hôpital.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

« Hôtels patients » – La HAS a défini les critères d’éligibilité. Haute Autorité de Santé. 13 mars 2017.
Le premier hôtel des patients de Suisse. Centre Hospitalier Vaudois. Consulté le 23 mars 2017.
Première suisse à Lausanne : un hôtel des patients, comment ça marche ? Compétence H+ Hospital Forum. Juin 2014.
L’hôtel-patients : un sas pour l’hospitalisation. 66 millions d’impatients. Le 29 juin 2016.
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