La survenue d’un décès dans une fratrie est un évènement tragique, qui marque souvent à jamais les frères et sœurs survivants. Mais cet évènement peut-il aller jusqu’à impacter la mortalité des enfants concernés ? Une récente étude semble l’indiquer et souligne l’importance de la prévention.
Décès et mortalité au sein de la fratrie
Le décès d’un frère ou d’une sœur est une tragédie pour les parents, mais aussi pour le reste de la fratrie. Si les conséquences psychologiques et sociales de ce type d’évènement ont fait l’objet de nombreuses études, l’impact sur la santé de la fratrie reste peu exploré. Des chercheurs danois viennent de se pencher sur ce sujet délicat et révèlent des résultats inattendus.
Leur étude a porté sur 55 818 personnes ayant perdu un frère ou une sœur au cours de l’enfance, parmi une population de 2 060 354 Danois et 2 944 675 Suédois, suivis entre 1973 et 2008. Par rapport à celles n’ayant pas vécu un tel drame, ces personnes endeuillées présentent un risque de mortalité accru de 71 % (toutes causes de mortalité confondues). Cette augmentation est retrouvée quel que soit l’âge des enfants au moment du décès et quelle que soit la cause du décès. En revanche, le risque de mourir de la même maladie ou de la même cause est le plus élevé.
Les enfants ayant perdu un frère ou une sœur auraient donc un risque accru de mortalité à court et à long terme. Néanmoins, le risque s’avère particulièrement important dans certaines situations :
- Durant la première année qui suit le décès dans la fratrie ;
- Chez les enfants de même sexe ;
- Chez les enfants d’âge proche.
Face à de tels résultats, quelles seraient les dispositions à mettre en place pour préserver ses enfants ?
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Miser sur la prévention pour réduire les risques
L’étude menée nécessite des recherches complémentaires, en particulier pour déterminer l’influence relative de l’environnement familial ou social des fratries sur l’élévation de la mortalité, en cas de décès d’un frère ou d’une sœur.
Cependant, les résultats obtenus doivent d’ores et déjà alerter les professionnels de santé et les autorités sanitaires sur la nécessité de préserver la santé des enfants survivants à de tels drames. Les professionnels doivent prendre conscience de la vulnérabilité de ces enfants, juste après le décès comme à long terme.
Les auteurs de l’étude suggèrent ainsi de mettre en place une surveillance médicale renforcée des fratries endeuillées, mais aussi un appui social pour mieux prendre en charge le deuil et ses conséquences sur la santé. Les enfants devant être ciblés en priorité sont les enfants du même sexe et/ou du même âge que l’enfant décédé. De telles mesures de prévention pourraient limiter les répercussions du décès sur la mortalité du reste de la fratrie.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie