Conservation du sang de cordon, au cœur du débat

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Rédigé par Estelle B. et publié le 23 décembre 2016

bébé sang cordon ombilical

Une greffe de sang de cordon peut sauver la vie de nombreux patients. Pour la première fois, une famille française a été autorisée à conserver le sang du cordon ombilical de son enfant pour son propre usage. A cette occasion, Santé Sur le Net fait le point sur le don de sang de cordon en France.

Sang du cordon ombilical et intérêt thérapeutique

Le sang de cordon ou sang placentaire est le sang présent dans le cordon ombilical et le placenta au moment de l’accouchement. Il peut être prélevé à la naissance à des fins thérapeutiques. En effet, ce sang renferme des cellules souches hématopoïétiques, qui sont les cellules à l’origine de toutes les cellules sanguines :

  • Les globules rouges
  • Les globules blancs
  • Les plaquettes

A savoir ! Les cellules souches hématopoïétiques sont présentes dans le sang de cordon à la naissance, puis tout au long de la vie dans la moelle osseuse. Chaque année, environ 2 000 personnes ont besoin d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques.

La greffe de cellules souches hématopoïétiques, issues de la moelle osseuse ou du sang de cordon, permet chez un patient atteint d’une maladie grave du sang de régénérer du sang sain et donc de le guérir. Ce type de greffe représente un traitement capital dans la prise en charge des maladies du sang (leucémies, lymphomes, drépanocytoses, …). Ces greffes ne sont possibles qu’avec des dons de moelle osseuse ou de sang de cordon.

Pour greffer des cellules souches hématopoïétiques, le donneur et le receveur doivent être compatibles au niveau biologique. La compatibilité biologique est très rare dans la population générale, environ 1 sur 1 million entre deux personnes de familles différentes, mais plus importante au sein d’une même famille, 1 sur 4 dans une fratrie.

Point historique ! La première greffe de sang de cordon a eu lieu en 1988 chez un enfant. Depuis quelques années, ces greffes peuvent aussi être effectuées chez des adultes. Elles augmentent constamment depuis 2005, pour représenter 22% des greffes de cellules souches hématopoïétiques en 2013.

Pour augmenter les chances de trouver un donneur compatible, de nombreux pays travaillent avec des registres communs. Des patients français peuvent ainsi bénéficier de dons français ou étrangers, et inversement.

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Le don de sang de cordon en France

En France, le don de sang de cordon est réglementé par l’Agence de Biomédecine et répond à plusieurs critères éthiques :

  • Un don volontaire (consentement de la femme enceinte à partir du 4ème mois de grossesse) ;
  • Un don anonyme et gratuit ;
  • Un don sans risque et indolore pour l’enfant.

Pour garantir la sécurité des greffes, le prélèvement de sang de cordon est impossible en cas de contre-indications médicales au don (pathologies de la mère, du père ou de l’enfant, grossesses pathologiques, difficultés lors de l’accouchement, contexte social difficile, …).

Une fois prélevé, le sang de cordon est stocké dans des banques de sang placentaire agréées par l’Agence de Biomédecine au sein du Réseau Français de Sang Placentaire. Ce réseau est chargé de la conservation des dons de sang de cordon et de leur mise à disposition des patients du monde entier.

Dans certains pays (Royaume-Uni, Suisse, USA, …), des banques privées de sang placentaire conservent le sang de cordon pour les familles contre une rétribution annuelle. En France, ces banques sont interdites. En effet, à ce jour, aucune donnée scientifique ne permet d’envisager de pouvoir soigner un enfant avec ses propres cellules de sang de cordon prélevées à sa naissance.

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Une première en France

Le 21 novembre 2016, pour la première fois en France, un couple a obtenu du tribunal de Grasse l’autorisation de prélever et de confier le sang de cordon de son enfant à une banque privée. La décision est justifiée par le tribunal au regard des antécédents cancéreux familiaux, plusieurs cas de cancers du pancréas foudroyants du côté maternel et des cancers du foie côté paternel.

Cette ordonnance du tribunal va ainsi à l’encontre de la loi de bioéthique de juillet 2011 qui réglemente le don de sang de cordon en France. La seule dérogation prévue dans la loi de bioéthique stipule que le don pourrait « être dédié à l’enfant né ou aux frères ou sœurs de cet enfant en cas de nécessité thérapeutique avérée et dûment justifiée lors du prélèvement ». Or les données scientifiques actuelles ne permettent pas d’envisager de pouvoir traiter une pathologie (quelle qu’elle soit) grâce à des cellules de sang de cordon prélevées chez le patient lui-même à sa naissance. Jusque-là, la dérogation à la loi de bioéthique n’avait concerné que des couples ayant déjà des enfants malades dans le but d’utiliser le sang de cordon prélevé pour soigner ces enfants.

Cette première conservation du sang de cordon à des fins personnelles sera réalisée par une banque britannique. La question reste maintenant de savoir si cette décision fera jurisprudence

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources :

Agence de la Biomédecine. Site sur le don du sang. Dondusang.net. Consulté le 16 décembre 2016.

France TV Info. Santé. 12 décembre 2016.